Jumelage Sarzana - Villefranche de Rouergue

4-5-6-7-8-9-10-11-12 Avril 1997


À 4 heures 15 du matin nous nous sommes retrouvés à Sarzana, devant notre lycée, prêts pour le départ et pour un voyage qui s’annonçait très très long. Nous avions tous un peu sommeil, mais il y avait de même beaucoup d’euphorie à l’idée d’aller une semaine en France sans nos parents.

À l’arrivée du car à deux étages beaucoup de monde, après avoir trouvé une place commode (ce qui n’était pas difficile, car il y avait 70 places pour 30 personnes), s’est endormi, pour se réveiller seulement après beaucoup de kilomètres. Moi, j’ai réussi a résister tout le voyage sans dormir; j’ai parlé, joué aux cartes, écouté de la musique, et surtout j’ai regardé le paysage. À midi, nous nous sommes arrêtés dans un centre commercial, où j’ai parlé pour la première fois en français, j’ai payé pour la première fois en francs et j’ai mangé pour la première fois des specialités alimentaires typiquement françaises (un Big Mac et un Coca-Cola). Puis, le voyage a continué en passant par un térritoire désertique, desolé et très suggestif.

À 18 heures environ nous sommes arrivés à Villefranche de Rouergue. Nous avons été accueillis par nos amis français. Mon correspondant était Fréderic "Amibe" P. Je crois qu’il était très heureux de me voir, même s’il ne le montrait pas. Nous sommes allés soudain à l’école, où on avait preparé un petit buffet. Puis je suis allé chez lui à pied, car il habite dans un HLM peu loin du lycée. Comme ses parents sont separés, il vit une semaine avec son père et l’une de ses soeurs et une semaine avec sa mère et l’autre soeur. Ce jour là, il était chez sa mère. Il m’a montré ma chambre, j’ai pris une douche, j’ai dîné (une méga-salade, des fromages, du saucisson…) et je suis allé me coucher. "T’es fatigué?" "Oui, un peu".


"T’as bien dormi?" "Oui, et toi?" "Moi aussi". En effet, ce n’était pas trop vrai, car j’avais été reveillé par le sympatique chat de madame Pinto, qui a sauté sur mon coussin à 6 heures moins vingt. Après l’avoir maudit plusieurs fois (en français, en italien, en sarzanais…) j’ai recommencé à dormir jusqu’à 7 heures moins le quart. J’ai dejeuné avec une tasse de lait au chocolat, six biscuits et un jus de fruits. Ensuite nous sommes allés tous ensemble à Rocamadour. C’était le premier de nos voyages dans le territoire autour de Villefranche.

Rocamadour est un petit pays accroché de quelque façon sur un mont en surplomb sur la vallée de l’Alzou. Au Moyen-Age c’était un lieu de pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, frequenté par de nombreux saints, rois et princes; on dit qu’il y a aussi l’épée de Roland. Le village, qui se déroule le long du chemin que les pèlerins empruntaient, était conçu pour accueillir des milliers de personnes; depuis cette époque le village n’a pratiquement plus changé, en conservant tout le charme de ces siècles. Après avoir visité la cité et le sanctuaire, nous avons mangé ce que nous avaient donné nos correspondants. Moi, j’étais avec Luca, Filippo, Andrea et Ernesto, le chauffeur du car. J’avais deux sandwiches (qui, selon moi, avaient été conçus pour la publicité d’une colle pour dentier), un Mars (que j’ai donné à Enrico), des jus de fruits et une pomme.

Ensuite nous sommes allés au gouffre de Padirac. Pour permettre d’y descendre, on a creusé un puits latéral, dans lequel il y a des escaliers et (heureusement) un ascenseur. La visite du gouffre (qui est possible depuis 1898) se déroule à pied et en bateau. Arrivés à l’intérieur (à 130 mètres sous terre) on est soudain étonné par la magnifique Salle de la Fontaine, formée par de nombreux "bassins" qui ont été crées par l’eau en des millions d’années, qui ressemblent à une immense fontaine. Puis on continue la visite en montant sur un des bateaux qui parcourent toujours les 500 mètres du fleuve souterain pour transporter les touristes. En bateau on passe aussi par le Lac de la Pluie, où il pleut toujours. Après avoir mis mon pied sur le ciment (ce qui est toujours rassurant) on continue la visite le long de la rivière, toujours sous terre (si je pensais à la quantité de terre que j’avais sur ma tête, j’avais un peu mal à la tête…), à travers d’énormes rochers. La chose la plus rémarquable est une immense colonne stalagmitique de 40 mètres de haut et 6 mètres de diamètre, le pilier du Pas du Crocodile. Plus loin, une cascade de calcaire haute 6 mètres deverse lentement l’eau dans le Lac des Grands Gours. Ici la visite se termine.

Après nous être habitués à la lumière du soleil, nous sommes retournés à la maison. Frédéric m’a montré les jeux vidéo qu’il possède (pour la Playstation et pour le Saturn), et j’ai joué jusqu’à l’heure du dîner et après avoir dîné. À 11 heures nous sommes allés à la discothèque La Nuit. Nous nous sommes beaucoup amusés, j’ai "dansé" (entre guillemets) et parlé avec mes copains français et italiens. Je suis allé me coucher à 5 heures du matin. "T’es fatigué?" "Oui, je suis très fatigué".


"T’as bien dormi?" "Oui, j’ai bien dormi". Et c’était vrai, en effet cette nuit j’avais fermé avec soin la porte de ma chambre, donc le chat n’a pu m’attaquer. Toutefois, je me suis levé très tôt, à 8 heures et demie. Frédéric dormait encore. J’ai pu manger, prendre une douche etc. avec beaucoup de calme. Puis, quand il s’est reveillé, il m’a allumé la Playstation et j’ai joué jusqu’à l’heure du répas. Pendant ce temps, il n’a cessé un instant de téléphoner. Les mots que je comprenais de ce qu’il disait me faisaient prévoir quelque chose de terrible. En effet, il est venu m’annoncer qu’il cherchait des raquettes pour jouer au tennis avec moi. Heureusement (pour moi, pour lui, pour les raquettes, pour le filet, pour les spectateurs et pour le Sport en général) il n’en a pas trouvé, et j’ai pu continuer à rester confortablement assis devant l’écran de sa télévision avec les doigts sur un joypad. Le répas était bon mais pas trop élaboré, car sa mère travaillait toute la semaine et sa soeur n’avait pas bien envie de cuisiner, toutefois j’ai mangé volontiers tout ce qu’il y avait (on ne peut pas prétendre de manger comme chez nous à 1000 km de distance), souvent sans comprendre avec précision ce que c’était.

Dans l’après-midi il m’a mis de nouveau devant sa Playstation et j’y ai joué jusqu’ à 4 heures environ (en effet, à cause de la permanence trop prolongée devant la télé, je ne comprenais plus bien quelle heure il était). Nous sommes allés donc au bord du fleuve, où il y avait déjà beaucoup de mes copains. Nous avons parlé de nos aventures françaises et nous avons fait une promenade dans la ville. Puis, je suis retourné avec Frédéric chez lui. Pendant ces voyages nous ne parlions pas beaucoup, et surtout nos arguments n’étaient pas si originaux. "Tu t’es amusé aujourd’hui?" "Le temps a été beau." "C’était beau ce qu’on a vu, n’est-ce pas?" etc. Le soir, je n’ai pas voulu jouer à la Playstation, j’ai vu un peu de télé et je suis allé me coucher. "T’es fatigué?" "Oui".


"T’as bien dormi?" "Oui, merci". Pour lundi, le programme disait: "Excursion à Albi, avec visite guidée du musée Toulouse-Lautrec et de la cathédrale". En effet, nous sommes allés à Albi.

Albi est la capitale artistique et historique du Tarn, et c’est surement l’une des villes les plus belles de France. Le musée Toulouse-Lautrec se trouve dans le palais de la Berbie, qui était une imposante forteresse construite au XIII siècle par des évêques et transformée ensuite en palais. Dans le musée on peut suivre l’évolution de l’art du peintre, à partir des premiers dessins d’enfance jusqu’aux dernières oeuvres. Et nous l’avons fait avec un remarquable guide.

En 1883 Henri de Toulouse-Lautrec s’installe à Paris, à Montmartre, où il peint des portraits et des scènes de café-concert, de cabaret où de maison close. L’un des exemples les plus connus de cette période est Au Salon de la rue des Moulins. Mais son talent se rétrouve aussi à travers les fonds de lithographies, et surtout à travers l’ensemble des 31 affiches qui font de Toulouse-Lautrec le créateur de l’affiche moderne, bien qu’il était déforme et qu’il avait eu une vie très irrequiète.

Après la visite du musée, nous sommes allés manger sur un pré au bord du Tarn. J’avais deux sandwiches, un Mars (que j’ai donné à Enrico), des jus de fruits et une pomme. Le temps était splendide, beaucoup de monde en a profité pour prendre des photos, tandis que Nicolò, Filippo, Luca, Lorenzo et (naturellement) Marco ont cherché pour une heure d’imiter les Take That, en offrant un merveilleux spectacle gratuit à tous les Albigeois qui passaient. Puisqu’il était l’heure de visiter la basilique de Sainte-Cécile, on n’a pu perfectionner le ballet. Mais ça en valait la peine.

La basilique de Sainte-Cécile est un chef-d’oeuvre du gothique méridional. Elle a été édifiée de 1282 à 1580. C’est une vraie cathédrale-forteresse, qui était une arme très puissant dans le système défensif de la ville. À l’extérieur on admire la porte Dominique de Florence, un clocher-donjon de 78 mètres de haut terminé après la consécration de la cathédrale et le baldaquin de la porte d’entrée. L’intérieur marque une rupture très nette avec l’aspect massif de l’extérieur. Ici il y a une gigantesque peinture murale du Jugement dernier, realisée peut-être par des artistes flamands. De l’autre coté on voit le jubé, realisé par des artistes français en style gothique flamboyant, et la clôture du choeur. Les fresques de la voûte forment l’ensemble de peinture italienne le plus vaste et le plus ancien de France. Dans la cathédrale il y a aussi un grand orgue classique français. Ce jour là, à Albi il y avait la foire, et après la visite de la basilique nous sommes allés la voir, mais je n’ai rien acheté.

Le soir, après avoir dîné, j’ai donné mes cadeaux aux parents de Frédéric (je l’avais toujours oublié), puis nous nous sommes donnés rendez-vous au Cotton Pub. C’était un étroit antre souterain où quelqu’un avait mis des tables, des chaises et des baby-foot, et les jeunes de Villefranche y allaient en croyant que c’était un pub. Nous avons parlé entre nous et joué jusqu’ à onze heures et demie. Puis, chacun est retourné chez soi. "T’es fatigué?" "Oui, je suis un peu fatigué".


7 heures mois le quart. "T’as bien dormi?" "Oui, merci". À 8 heures nous étions devant le lycée de Villefranche. Ce jour là nous devions voir comment l’école fonctionne en France, en fréquentant les mêmes cours que les élèves français et en mangeant à la cantine. Pendant la matinée, j’ai suivi les cours de chimie et de biologie avec Enrico et Laura. Dans le cours de chimie, qui a duré deux heures, nous avons mesuré le dosage des sucres dans un jus de fruits pour bébé. Je ne comprends pas beaucoup la chimie, je ne comprends bas beaucoup le français, donc je comprends très peu la chimie en français. En outre, je n’étais pas abitué à faire ce type d’expériences, puisque en Italie on étudie de façon différente. Ici ce sont les élèves qui changent de classe, donc il est possible d’avoir beaucoup de laboratoires fournis d’appareillages modernes pour tous les élèves, et non seulement pour le professeur. Quand le cours de chimie a terminé, nous sommes allés dans le laboratoire de biologie. Celui-ci était composé par deux salles. Dans l’une il y avait beaucoup de bancs avec les appareils pour les expériences. Dans l’autre il y avait trois ordinateurs joints à des sondes, que nous avons utilisés pour faire des expériences sur les enzymes agents de la catalyse.

À onze heures nous sommes allés à l’hôtel de ville où nous avons trouvé le maire (c’est logique) qui nous a donné la bienvenue dans la ville de Villefranche. Il y avait aussi des journalistes, qui nous ont fait des photos pour l’article sur le jumelage, publié sur le journal local le jour après. Le maire nous a aussi offert un buffet avec des biscuits et des boissons. Nous l’avons très apprecié, et en effet on a dû en reporter plusieurs fois.

Quand nous sommes sortis de la mairie nous sommes retournés au lycée pour déjeuner à la cantine. On m’a dit que les choses que nous avons mangées c’étaient pâté croûte, cassoulet et carottes rapées; j’ai reconnu seulement la salade, le pain et le yaourt. Ce n’était pas "nouvelle cuisine", mais j’avais faim.

Puis, je suis allé avec trois italiens dans la salle de récreation (il y a aussi les salles de récreation, en France) pour jouer à briscola. Et puis je suis allé rejoindre mes copains, qui étaient en train d’aider les français à réaliser des tableaux sur Sarzana. À quatre heures moi, Enrico et Luca, nous sommes allés acheter des timbres pour nos cartes postales (il y avait un splendide distributeur automatique qui pesait les paquets et donnait les timbres correspondants au poids). Enfin, je suis rétourné chez Frédéric. Il voulait me faire jouer à la Playstation, mais j’ai refusé (je n’en pouvais plus), je me suis étendu sur le lit (après en avoir chassé le chat) et j’ai lu une revue italienne d’ordinateurs que j’avais portée pour ces occasions. Après le repas du soir je suis allé chez Thomas (le correspondant de Enrico) pour voir le match de foot Inter - Monaco. Moi, j’étais parmi trois français, alors que les autres italiens étaient de l’autre coté de la salle. Donc, je n’ai pu manifester toute ma joie pour la victoire (3 à 0) remportée par l’équipe italienne, au contraire j’ai du faire semblant d’avoir de la peine. À la fin du match, nous sommes sortis dans l’obscurité de la campagne française (en effet on voyait très bien la comète Hale-Bopp, car il n’y avait point de lumière) pour attendre qu’on vienne nous chercher. "T’es fatigué?" "Oui, je suis un peu fatigué".


Cette journée était entièrement dediée à la visite de la ville de Toulouse. Pour y arriver de Villefranche il fallait deux heures et demie de voyage. Le car nous a laissés Place Wilson, de laquelle nous avons commencé le tour de la ville.

Toulouse, appelée aussi la Ville Rose pour la couleur de ses palais, est la quatrième ville de France (après Paris, Marseille et Lyon) et la capitale de la région Midi-Pyrénées. C’est une métropole économique et industrielle, vouée aux sciences et à la récherche. Son symbole est le Pont Neuf, qui traverse la Garonne sur une longueur de 233 mètres, et qui unit les deux régions Languedoc et Guascogne.

Le premier monument que nous avons visité est la basilique de Saint-Sernin. C’est la plus grande église romane d’Occident, édifiée dans la deuxième moitié du XI siècle sur l’emplacement d’une ancienne basilique; elle conserve la sepulture de Saint Saturnin. On peut y remarquer la tour, les chapiteaux, la table d’autel et le tympan du XII siècle. Nous avons visité ensuite l’Eglise du Taur, example du gothique méridional, avec son impressionnant clocher-mur, et le couvent des jacobins. Ce couvent a été fondé au XIV siècle par les domenicains, qui étaient descendus à Toulouse pour combattre contre le catarisme. C’est en style gothique, et répresente un des plus prestigieux exemples de l’architecture conventuelle méridionale. Il comprend une vaste église, divisée par une rongée de sept colonnes supportant des voûtes soutenues par beaucoup de nervures, dont l’assemblage est comparable à un palmier, un cloître avec une série de gracieuses arcatures en style gothique, un réfectoire aujourd’hui entièrement rénové et un clocher de 45 mètres de haut. Nous avons vu aussi le couvent des Augustins, remarquable ensemble monastique du XIV siècle composé par une église, un cloître et une salle capitulaire.

Après toutes ces églises, nous avons vu l’Hôtel de Bernuy, du XVI siècle, qui a été la demeure d’un négociant en pastel, Jean Bernuy. La période de 1500 à 1700 est l’âge d’or de la ville de Toulouse: beaucoup de commerçants enrichis ont construi de somptueux hôtels pour montrer à tous leur puissance et leur richesse, et l’Hôtel de Bernuy est un d’entre eux.

Nous avons vu aussi le Capitole. Ce palais, terminé dans sa forme actuelle en 1759, a une longue façade (128 mètres de long) ornée de huit colonnes en marbre rouge, qui representent les huit "Capitouls" composant la municipalité. À l’intérieur, au premier étage, il y a une longue galerie dans laquelle sont placés les bustes des Toulousains illustres et les meilleures oeuvres des peintres de la ville.

Et c’était l’heure d’aller manger. Place du Capitole il y avait un Mc Donald, et naturellement, bien que j’avais un sandwich et un Mars (que j’ai donné à Enrico), j’y suis allé. Dans l’après-midi nous avons pu continuer librement la visite de la ville, et j’en ai profité pour acheter le souvenir pour ma famille: une boîte de Nescafé de 200 grammes (en Italie il y en a seulement de 50 et 100 grammes). Puis, j’ai visité un vrai chef-d’oeuvre de la ville. Il s’appélait Fnac. C’était un immense magasin de disques, livres et ordinateurs, l’un de ces lieux où on pourrait rester une entière semaine sans n’avoir vu et essayé qu’ une petite partie des choses merveilleuses qu’il y a dedans. Il y avait une quantité de disques absurde, des mètres d’étagères pleines d’ordinateurs, des tonnes de livres, les premiers Digital Video Disc que j’ai vus… Il y avait tant de choses à acheter, que je n’ai rien acheté.

Mais il fallait rentrer à Villefranche.

Mon correspondant a tellement aimé Toulouse qu’il y a laissé ses clés. Donc, nous avons téléphoné d’une cabine à un garçon (que je n’ai jamais compris si c’était son frère ou le fiancé de sa soeur) pour qu’il vienne nous chercher. J’ai retrouvé mes copains qui étaient en train d’aller dîner. Nous sommes allés dans un local térrible, sur une rue très trafiquée, noir, extrêmement sale, qui semblait idéal pour la première partie de la publicité d’un détersif (avant que le détersif arrive). Moi, j’ai pris un sandwich avec le moins de choses possibles à l’intérieur, alors que les français ont mangé des iper-sandwiches avec des legumes et des frites (froides et molles) à l’intérieur, sur lesquels on voyait un incroyable mélange de sauces étranges. Puis, nous nous sommes rétrouvés au tristement célèbre Cotton Pub, où on avait organisé une soirée Karaoké. Ici, les Villefrancheois ont pu vivre l’immense émotion d’écouter une fameuse chanteuse italienne (Laura M.) qui chantait les meilleurs morceaux de son répertoire. Pour célebrer cet événement extraordinnaire on a écrit aussi un article sur le journal. À onze heures, il fallait rentrer à la maison. Mais j’avais oublié que c’était mercredi, donc mon correspondant devait passer la semaine chez son père. En effet le garçon mystérieux est venu nous chercher; il avait déjà porté ma valise dans la maison du père de Frédéric, et il nous a conduit dans une maison un peu loin du centre de Villefranche. Ce soir là, je n’ai pas vu d’autres personnes dans la maison, donc j’ai pensé que tout le monde dormait déjà. Et je suis allé me coucher moi aussi. "T’es fatigué?" "Oui".


"T’as bien dormi?" "Oui, merci". Ce matin j’ai pu voir un peu mieux la maison du père de Frédéric. Elle était à quelques kilomètres du centre de la ville, c’était une maison à deux étages, avec un petit jardin devant. L’ami de Frédéric est venu nous chercher pour nous amener au lycée. Ce matin on devait continuer les tableaux sur Sarzana. Nous sommes allés dans le CDI, qui est une grande salle où les étudiants peuvent étudier et faire des recherches en consultant livres, journaux, revues… Ensuite, nous avons visité le centre historique de la ville. Le guide a commencé à nous en parler autour d’un bassin en pierre qui, au Moyen-Age, était le seul point d’eau de la ville.

Villefranche de Rouergue a été fondée par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, en 1252. C’était une ville très moderne, bâtie selon un schéma regulier, avec quatres rues charretières autour d’une grande place (c’est à dire une bastide). Cette configuration favorisait le commerce de la ville, qui en 1256, grâce au privilège de tenir foires et marchés, devient un important centre commercial. Son âge d’or commence au XV siècle: ses oeuvrages d’argent et ses drapes sont connus jusqu’en Allemagne. Puis, le roi Charles V le dote du chef-lieu de la Sénéchaussée du Rouergue et de la Trésorerie principale; de 1779 à 1789 elle est la capitale de la province de l’Haute-Guyenne, à laquelle est attribuée une assemblée déliberante et une commission exécutive. En 1860, la construction du chemin de fer ouvre à la ville de nouvelles perspectives économiques et favorise le developpement de la prodution agricole. Mais la voie de communication la plus importante pour la ville était le Pont des Consuls, qui a été construit pendant 20 ans pour améliorer les communications et augmenter les commerces. La continuation de ce pont est la Rue de la République, la rue principale de Villefranche, celle du commerce, entourée de maisons très anciennes qui ont été construites par des bourgeois. Toutes les maisons sont separées par 50 cm, pour permettre à la pluie de tomber sur la rue.

Nous avons visité la Collégiale Notre-Dame. Au debut Villefranche n’avait pas d’églises, et la population devait fréquenter les chapelles des couvents voisins. Mais la population augmentait très vite et il fallait construire une grande église. Les travaux, commencés en 1260, furent interrompus par la guerre des Cent Ans et l’occupation du Rouergue par les Anglais. En 1419 des exceptions fiscales et des contributions particulières donnés par le roi Charles VIII permettent de continuer la construction de l’église et du clocher. En 1444 y est installé un chapitre collégiale de 26 chanoines, et le 24 juin 1519 l’évêque de Rodez consacre l’église. L’édifice, situé dans la place Notre-Dame, est un exemple des églises de Languedoc. Il a une seule nef entourée de chapelles. La largeur, pour la loi du carré, égale la hauteur. L’extérieur est simple, avec des solides contreforts qui, à l’intérieur, séparent aussi les chapelles. Dans le choeur il y a un chef-d’oeuvre du XV siècle: les stalles d’André Sulpie, où l’on a rétrouvé un bestiaire de monstres et des scènes de vie quotidienne.

Nous avons vu aussi la chapelle des Penitents Noirs, construite par la Confrérie des Penitents Noirs de Saint-Croix. Ces moines étaient habillés d’un sac en toile noire retenu par une ceinture de lin blanc à laquelle pendait le rosaire. Un exemple de cet habillement était aussi à l’intérieur de la chapelle même. L’édifice a une plante à croix grècque; l’intérieur, en style baroque, est peint et sculpté.

À Villefranche il y avait le marché, et nous sommes allés le voir, mais nous avions beaucoup d’envie de manger, donc nous sommes allés au lycée pour manger quelque chose. Cette fois je n’ai pas eu le courage de demander comment s’appelait ce que je mangeais, je l’ai mangé.

Dans l’après-midi il y avait au programme la visite de Rodez, le chef-lieu de l’Aveyron. Nous avons vu l’amphitéatre, un centre sportif et culturel très moderne, avec 1500 places, et la cathédrale. Nous n’avions pas de guide, mais l’église était belle quand même. L’édifice, en grès rose, présente une grande sobrieté à l’intérieur, avec de nombreuses chapelles, alors que l’extérieur est richement decoré. Puis, nous avons eu deux heures de temps libre, et moi, je suis allé faire un tour dans la ville en cherchant une casquette de la Nike que je n’ai pas trouvé. À dix-sept heures environ nous sommes partis de Rodez. Arrivé à Villefranche, j’étais déjà prêt à jouer avec la Playstation, que Frédéric avait porté chez son père avec le Saturn, la télévision et tous ses jeux vidéo. Mais il m’a dit qu’il devait aller se couper les cheveux. Je pouvais aller avec lui où bien aller faire un tour à Villefranche. J’ai choisi la deuxième possibilité, je suis allé jusqu’ à la gare (où arrivent 16 trains par jour), puis j’ai trouvé dans un bar deux copines et je suis resté avec elles. À sept heures nous nous sommes retrouvés Place Notre Dame où le père de Frédéric est venu nous chercher. Ce soir, nous devions aller manger chez sa grand mère. Elle habitait dans une maison sur un col près de Villefranche, d’où on voyait un panorama très beau de la ville au coucher du soleil. Elle était très sympatique, nous avon parlé des différences entre la France et l’Italie (elle préférait l’Italie, probablement parce qu’elle était française), et j’ai mangé un bifteck terriblement bon, du saucisson, du fromage, du paté, des fraises et beaucoup d’autres choses. Quand nous étions en train de terminer, le garçon mystérieux est arrivé et il a mangé quelque chose avec nous. Puis il m’a emmené faire un tour avec sa voiture. Moi, j’étais devant, à côté de lui; derrière, il y avait Frédéric et un chien qui m’a léché la tête pendant tout le voyage. Nous sommes allés dans le centre de la ville, puis nous avons fait une promenade avec le chien à l’aérodrome, dans les prés. Enfin nous sommes allés au Calvaire, une petite eglise en ruine sur un mont, avec une grande croix illuminée que j’avais toujours vue au centre du ciel sans que j’avais jamais compris où elle se trouvait. Il y avait une splendide vue nocturne de Villefranche, avec les lumières des rues qui se refletaient dans le fleuve et l’eglise de Notre Dame éclairée. Nous sommes rentrés par une rue qui était très étroite et surtout qui n’était pas asphaltée. "T’es fatigué?" "Oui, je suis très fatigué".


"T’as bien dormi?" "Oui, merci". Le vendredi, le programme était d’aller à Conques et à Décazeville.

À Conques, un guide un peu trop éloquent nous a parlé de l’histoire de la ville et des monuments qu’elle contient. Cette petite ville, joyau du patrimoine européen, a été fondée au Moyen-Age sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. C’est une oeuvre capitale de l’art roman, qui parvient ici à son apogée. Vers la fin du VIII siècle l’eremite Dodin choisit ce site en forme de coquille pour se retirer dans la solitude (et en effet on peut le comprendre, c’est un lieu merveilleux). On peut y admirer une église abbatiale de style roman (XI – XII siècles) avec 250 chapiteaux sculptés, un groupe de sculptures représentant l’Annonciation, des grilles en fer forgé et des peintures murales. Sur la façade occidentale il y a un splendide tympan avec 124 personnages (et on nous les a expliqués tous, donc je ne m’en souviens aucun) sur le sujet du Jugement Dernier. À l’intérieur on est un peu étonnés par des vitraux modernes, de Pierre Soulages, qui changent de couleur selon l’intensité de la lumière, mais en effet ils produisent une lumière très belle. En sortant de l’église, nous sommes allés dans le cloître, realisé tout autour d’un bassin en serpentine, et ensuite nous avons vu le trésor de Sainte Foy. C’est un merveilleux trésor d’orfèvrerie médiévale, d’une richesse inestimable. La meilleure pièce du trésor est la majesté de Sainte Foy, chef-d’oeuvre d’orfèvrerie de l’époque, l’unique majesté réliquaire de l’Occident médiéval qui soit ancore parfaitement conservée. D’autres pièces du trésor sont le "A" de Charlemagne (qui l’avait donné à l’abbaye de Conques pour lui témoigner sa préference) et le reliquaire de Pépin (une merveille d’orfèvrerie et la plus vieille pièce du trésor).

Après avoir vu ce trésor, nous sommes allés à l’hôtel de ville, où le maire nous a parlé du Centre Européen d’Art et de la Civilisation Médievale qui a été bâti à Conques et nous a donné de délicieux bonbons nommés conquises. Nous avons dîné devant le car avec les sandwiches que nos correspondants nous avaient donné. J’ai donné mon Mars à Enrico.

Dans l’après-midi nous sommes allés à Décazeville, une ville célèbre pour l’exploitation du charbon à ciel ouvert. Nous avons marché autour d’une mine sous un soleil saharien (et je ne savais pas pourquoi le charbon ne prenait pas feu), nous sommes passés entre d’impressionnants Caterpillars et nous sommes allés au musée de la mine d’Aubin, l’un des plus complets sur le monde de la mine. Il y avait un cheminement souterain réconstitué par d’anciens mineurs, à la fin duquel on pouvait assister à l’explosion du grisou (naturellement c’était une simulation, et on le voyait). Nous avons vu aussi un vieux film sur la conditions des mineurs.

Au rétour nous avons été réçus au lycée par le proviseur et par les professeurs, puis je suis rétourné à la maison de Frédéric. Nous avons passé la dernière soirée tous ensemble, dans un restaurant. Moi, j’étais vraiment très fatigué, donc je ne suis pas allé en discothèque avec mes copains et Frédéric; son ami m’a ammené à la maison, et je suis allé soudain me coucher. "T’es fatigué?" "Oui, je suis vraiment très fatigué".


"T’as bien dormi?" "Oui". Comme ce matin il fallait prendre toutes mes choses et préparer la valise, Frédéric ne m’a pas reveillé à sept heures moins le quart, comme d’abitude, mais à sept heures vingt. Quand je me suis levé, j’ai trouvé Filippo qui jouait avec la Playstation de Frédéric. Il était tard, donc il a fallu que j’entasse mes vêtements dans la valise avec une certaine force. Heureusement, je n’ai pas cassé le Nescafé. Frédéric m’a donné quelques sandwiches, deux Mars (que j’ai donnés à Enrico), quelque chose à boire pour le voyage, deux boîtes de pâté et trois saucissons exagérément bons. Nous nous sommes salués, tous pleuraient, je suis monté sur le car et nous sommes partis. Seulement après le départ je me suis rendu compte que j’étais en train de rentrer à Sarzana, où j’ai toujours été et où je serais toujours, et que j’étais en train de quitter une ville française où je ne reviendrai peut-être jamais plus et toutes ces choses. J’ai regardé pour la dernière fois ce panorama, puis le car est parti. Pendant le voyage beaucoup de monde s’est endormi, mais moi, j’ai resisté.

Après deux heures de voyage nous sommes arrivés à Carcassonne. Nous avons fait un tour dans la ville, nous avons mangé une crêpe avec la Nutella (made in Italy) et nous avons acheté une épée médiévale en plastique avec laquelle entreprendre un combat entre nous. Et nous sommes rentrés dans le car. À la frontière, à 18 heures, nous avons changé de chauffeur: l’autre, qui s’appelait Dante, a conduit assez bien, après qu’il a appris la fonction de la friction.

Nous avons passé le péage de Sarzana, nous sommes arrivés devant le lycée et chacun est rentré chez soi. "Sei stanco?" "Sì, un po’".

L’expérience du jumelage a étée vraiment fantastique. Je n’ai eu aucun problème, mon correspondant était un peu taciturne, mais c’était un bon garçon; ses parents et tous les autres garçons étaient très sympatiques. J’ai pu connaître des jeunes de mon âge qui vivent à 1000 kilomètres de moi avec mes mêmes intérêts, pensées, problèmes, désirs, espoirs, goûts. Leurs structures sont peut-être meilleures (les écoles, mais aussi les musées, les autoroutes…), mais nous avons d’autres qualités. La région est vraiment belle, plus riche d’intérêts que je ne croyais, pleine d’oeuvres d’art et de merveilles de la nature. Et surtout je me suis extraordinairement amusé. Enfin, ce ne sera pas une chose si originale, mais je pense que ce voyage restera une expérience inoubliable.

Fin

Alessandro Gilardi


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