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Nr.1161

An Frau Gourd

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 15 Octobre 1862.

Madame et chère fille en N.-S.,

Je suis en regrets de ne pas vous avoir répondu de suite; excusez-moi en Notre-Seigneur.

1· Oui, dans les occasions où le puis-je? le dois-je? vous laissent dans l'incertitude, consultez alors la grâce ou la raison du moment; ce sera pour vous la lumière. La convenance est une bonne raison en certains cas.

2· Dans la pauvreté, lorsqu'il s'agit des autres ou de la convenance d'état, inclinez-vous vers le don ou la charité, quand vous le pouvez d'ailleurs. Voilà le grand principe.

Mais, quand il s'agit de magnificence ou d'extraordinaire de luxe, la sobriété est bonne.

Vous avez bien fait pour les deux livres, ainsi que vos messes à la Salette: c'est le complément du Pèlerinage. Oui, achetez la Vie du commandant Marceau et quelques livres à faire du bien: c'est de la charité.

Vous pouvez remplacer les deux surplis. Si vous avez aidé le jeune abbé, vous avez bien fait.

Je n'en suis pas pour l'annuité de Vaise.

Priez en silence pour la guérison de l'âme, mais ne revenez pas à le presser. Le coup est porté; on sentira ce que l'on doit à Dieu. Attendez donc les moments de la divine Providence.

C'est bien que ce jeune homme se marie.

Ayez soin de votre santé, non à vous en rendre esclave, mais à l'ordinaire.

Comptez sur la douce et aimable bonté de Dieu et la protection toute-puissante de la Très Sainte Vierge pour la conversion et le salut de cette chère âme. Une âme pour laquelle on prie et on souffre tant ne peut périr.

En général, chère fille, quand vous avez une décision prompte soit sur la pauvreté ou sur quelque chose qui demanderait permission ou conseil - si la chose presse - agissez selon vos lumières du moment, selon l'esprit d'obéissance ou celui de la charité, et allez en avant.

Aimons bien Notre-Seigneur, chère fille, car il est si peu aimé, il y a si peu d'âmes qui soient tout à Lui! Hélas! tandis que l'on fait tout pour le monde faux et vain, pour des passions honteuses et avilissantes, pour des créatures de rien, on ne fait rien pour le Bon Dieu. Oh! que Notre-Seigneur est humilié en face du démon qui règne sur la terre!

Je vous bénis, chère fille. Donnez-nous de vos nouvelles; elles nous sont toujours bien chères en Notre-Seigneur.

En Lui, tout à vous.

EYMARD.


Nr.1162

An Fräul. Stéphanie Gourd

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 16 Octobre 1862.

Mlle Stéphanie.

Chère fille en N.-S.,

J'attendais toujours des nouvelles de votre lettre perdue. J'ai fait des réclamations. Que cela ne vous empêche pas d'écrire avec toute simplicité; ce n'est qu'un accident que le démon a pu provoquer pour vous ôter votre simplicité et votre liberté.

Ce que vous me disiez dans votre dernière lettre que j'ai relue est si vieux que je n'ose y répondre, excepté sur trois choses:

1· Pour vos prières vocales, etc., à l'ordinaire du temps, il faut les faire. Cependant, quand vous n'avez pas fait votre lecture, dit l'office à l'heure de votre coucher, il faut les laisser.

2· Pour ces petites mortifications du visage, etc..., c'est bien; mais il ne faut pas que cela devienne une violence. Il est bien vrai que le laisser-aller en cela va toujours en augmentant et qu'il faut y mettre un terme.

3· Pour les choses de M. le Curé, vous faites bien

(une ligne effacée)

il y a là double charité.

Dans ce qui regarde les souscriptions de l'église, vous devez l'exemple. Faites tout au monde pour garder le Très Saint Sacrement; dans le doute de vos raisons, elles sont très bonnes pour posséder.

J'ai été bien heureux de votre voyage de la Salette; c'est un engagement indirect. Soyez persuadée que la grâce travaille à l'intérieur. Continuez vos prières, vos bonnes oeuvres à cette intention.

Allez toujours au Bon Dieu avec simplicité et amour. C'est le plus court chemin.

Je vous bénis, bonne fille en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD.

Mlle Gourd.


Nr.1163

An P. Leroyer

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 22 Octobre 1862.

Bien cher Père,

Je viens vous remercier d'abord de votre lettre et de vos notes sur votre maison, et vous mettre un peu au courant de l'ordinaire.

Rien de nouveau pour Angers.

J'ai vu Mr Hamitte, Mr Tardy, chefs de division du culte; le dossier est chez le Ministre, qui, arrivé depuis peu des vacances, n'a pu s'en occuper; on pense que peut-être il n'y aura pas de difficultés. La seconde lettre de Monseigneur au Ministre a produit un bon effet, m'a dit Mr Tardy.

Rien non plus pour la chapelle de Paris demandée; nous sommes allés à la découverte, il n'y a rien, sinon que l'on pense ouvrir une petite rue en face du portail de la chapelle; donc on veut la conserver.

Je pense que vous avez ou des nouvelles du Père Peilin, ou sa personne; je lui en veux de nous avoir laissé si longtemps sans nouvelles. J'ai su qu'il était mieux.

Nous avons deux frères de plus: un minoré, et le jeune militaire que le Père de Cuers a vu.

Mr l'abbé Auger m'écrit que son père est à l'extrémité, et qu'il n'a pu venir encore.

Il fait froid comme en hiver, vent froid, pluie continuelle. Je suis heureux de sentir le Père de Cuers sous votre bon soleil; nous voilà en hiver.

J'ai vu votre chère soeur et son excellent mari, Mr Lemay. Joseph aurait bien voulu vous aller voir à Marseille, votre filleule vous est si affectionnée: ils attendent bien la fondation.

J'ai appris avec peine que Monseigneur d'Angers n'était pas bien portant. Que Dieu le conserve!

Adieu, cher Père, mes amitiés au cher Père de Cuers et à tous les frères.

Tous ici vous envoient leur tendre souvenir.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - J'ai fait demander le fameux cierge par le Père Supérieur du Séminaire français à Rome que j'ai vu à Paris.


Nr.1164

An Fräul. v. Revel

Paris 28 octobre 1862

Mademoiselle,

Je voulais vous répondre de suite, puis j'ai laissé passer ce petit moment. Me voilà encore en retard.

Merci de votre bonne et chère lettre; la vieille amitié est comme un fleuve qui coule toujours à pleins bords, aussi il n'y a que celle-là de stable; elle survit aux tempêtes et au temps qui efface tant de choses.

La maladie, bonne fille, est une messagère du Ciel qui vient frapper à notre porte comme un avant coureur, il faut bien la recevoir, car elle a le secret de Dieu.

Oui, au Ciel, elle a droit au trône de Jésus crucifié, recevez-la bien quand elle vient, mais ne la désirez pas. - Je vous souhaite une bonne santé! Car hélas! quand vous ne serez plus à Lyon, si toutefois je vous survis, car ma vie va vite, un jour est un mois ici, si, dis-je, Lyon ne vous a plus, je n'y aurai plus de Béthanie - ce bon souvenir, ce vieux temps, plus de voyages, mais le bon Dieu et ses amis.

Je vous bénis, ma soeur, pensez à moi devant Dieu - votre souvenir est au pied de l'autel ma pensée d'affection; puis de temps en temps de vos chères lettres.

Tout vôtre en N.S.


Nr.1165

An Gräfin v. Andigné

Paris, 28 Octobre 1862.

Que Notre-Seigneur vous garde et vous soit paix et joie en son divin amour! J'ai été très occupé ce temps-ci; j'ai donné à nos Religieux la retraite, puis à ces Dames. Me voilà un peu libre, je viens vous en donner les prémices.

Vous souffrez et vous souffrirez, c'est le bon chemin; vous priez, c'est marcher et voler. Vous aimez Notre-Seigneur et vous êtes toute à lui, il est tout vôtre; quoi de plus doux et de plus aimable? Vous devez, au contraire, bien vous réjouir et être heureuse aux pieds du divin Maître qui est à vous en son divin Sacrement d'amour. Vous avez le Paradis et vous n'êtes pas heureuse!

Je sais bien vos misères: vous êtes pauvre en vertus, pauvre en mérites, pauvre en bonnes oeuvres, tout cela est vrai; mais vous êtes riche en miséricorde, en pauvreté spirituelle; au moins, vous devez tout à Notre-Seigneur et vous lui en donnez tout l'honneur. Sachez souffrir purement pour son amour et vous passer de mille petits riens pour sa plus grande gloire. Il ne vous demande, ce bon Maître, qu'une chose: c'est d'avoir confiance en sa bonté et de vous abandonner à sa Providence d'amour. Faites-le bien, soyez sa pauvre qui vit au jour le jour.

Rien de nouveau pour Angers; Mr le Ministre a demandé de longs détails à Monseigneur. Nous attendons l'heure de Dieu, c'est la bonne.

Je vous préviendrai si je vais à Angers.

Adieu en Notre-Seigneur, je vous vois toujours en Lui et je vous bénis toujours. Ecrivez-nous.


Nr.1166

An Frau Jordan

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 9 Novembre 1862.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Vous avez donc été malade et bien souffrante! Si vous n'aviez pas été si loin, je serais allé vous guérir, si je l'avais pu; je ne suis allé que jusqu'à votre porte de Lyon; là on m'a dit, lundi matin, que vous étiez bien et que vous arriveriez dans 10 à 15 jours.

En descendant du chemin de fer vous avez eu ma première visite.

Cela vous étonne? Je suis parti de Paris le dimanche 2 pour Lyon, pour aller assister une personne mourante; je l'ai trouvée morte; j'ai au moins bien prié pour elle, et dit la sainte Messe de ses funérailles. C'était une sainte âme tierçaire et de mes vieilles pénitences, Mlle Billard de Saint-Louis.

Voyez, cependant, que je ne suis pas oublieux des miens! Pour vous, bonne dame, il faut devenir un peu plus sainte encore; la vie, ah! la vie du temps est si belle! si précieuse! si éternelle!

C'est pour ces quelques jours de vie que le Ciel est à notre service et la Très Sainte Trinité travaille avec nous et en nous. Ah! si un damné ou une âme du Purgatoire avait à sa disposition un de nos jours!

Il faut donc, bonne fille, bien nous sacrifier, bien glorifier Dieu en nos souffrances et en nos sacrifices de tous les jours.

J'ai vu hier vos chères nièces, je les ai reçues comme venant de vous; ainsi je vous rends un peu en elles ce que je vous dois. Elles vous aiment bien, elles vont faire leurs bonnes provisions, elles sont bonnes. Si votre bonne et chère Mathilde est près de vous, remerciez-la pour moi de sa lettre. J'ai bien prié pour votre guérison, et je dirai les 20 messes qu'elle m'a envoyées.

Puis, quand elle aura le temps, elle m'écrira une longue lettre de son âme.

Adieu, bonne dame, vous savez combien je vous suis uni en notre bon Maître en qui je suis

Tout vôtre.

EYMARD, S.

Mon vicaire de La Mure me prie de faire nommer son frère, Mr Charvet, commis de première classe dans les contributions indirectes, chef de service dans les bureaux de l'arrondissement de Saint-Marcellin, dont le chef actuel attend son avancement.

Voyez si vous pouvez quelque chose; il est bien.


Nr.1167

An Frau v. Grandville

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 9 Novembre 1862.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Je suis un peu inquiet d'être sans nouvelles de vous. Je devrais croire que tout va bien, car la fièvre fait parler ou la croix; eh bien! jouissez bien.

Comme le Bon Dieu est bon! il remplace tout le monde, il survit à tout, il est toujours le bon Père! Ainsi, soyez bien à lui, et dans ce saint abandon qui fait de l'âme l'aveugle de Dieu, la pauvre et heureuse mendiante. Ah! si nous connaissions bien Notre-Seigneur, comme nous serions vivants et forts! Allez bien vous jeter souvent à ses pieds d'amour, avec les saintes femmes de la Résurrection; allez vous plonger plus souvent encore dans le foyer divin de son Eucharistie, et il vous nourrira.

Il faudra arriver à ce point que Jésus vous suffise. - Oh! heureuse direction que celle de Jésus! Mais il faut se renfermer en son Coeur divin, pour y être moulé, imprégné de son esprit, et ciselé par ses mains divines.

Rien de nouveau pour Angers. Dieu a ses moments.

Je vous envoie une carte qu'on m'a envoyée, afin qu'elle vous redise toujours: confiance aveugle, douceur en la vertu, simplicité en l'amour.

Je vous bénis en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD, S.


Nr.1168

An P. Leroyer

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 9 Novembre 1862.

Bien cher Père,

Il y a plusieurs jours que je voulais vous écrire; j'ai fait un petit voyage à Lyon pour voir une de nos bienfaitrices à l'extrémité et que j'ai trouvée morte. Je la recommande à vos memento.

J'ai vu à Lyon le Père Peilin, il désire bien retourner; on lui a conseillé l'essai de remèdes très énergiques, je l'y ai autorisé pour une huitaine de jours; il devait m'écrire aujourd'hui s'il allait mieux, mais je n'espère rien ou pas grand chose de ce côté-là.

Un excellent médecin de Paris m'a dit qu'il n'y avait que l'opération.

On m'assure d'un autre côté que cette infirmité peut le rendre incapable de prêcher; comment alors vous renvoyer un serviteur qui ne peut vous aider activement! Vous avez tant besoin de secours, il serait bien temps qu'on vous donnât un homme sérieux! Or voici ma détermination: j'ai proposé au P. Champion d'aller à Marseille pour quelque temps; il partira d'ici pour vous dans huit ou dix jours, il m'a demandé ce temps pour achever un travail de liturgie pour l'imprimerie de Mr Le Clere; cela fait, il partira de suite, il va avec plaisir vers vous, il vous sera, dans votre Supériorité, d'un grand secours, je vous engage à lui confier les novices, afin qu'il y commence les exercices du noviciat et leur fasse des conférences spirituelles: ce sera donc un maître des novices. La Divine Providence semble se déclarer pour ce parti: ici nous n'avons plus de place, nous sommes dix-sept; du reste jusqu'à ce que l'on ait un noviciat séparé, on ne peut faire autrement.

Tout mon désir est de bien fonder la maison de Marseille, car elle a assez souffert.

Ne changez rien de vos anciennes pratiques sur de simples observations sans m'en prévenir, car il faut viser à l'uniformité partout, et si ce que vous faites est mieux, il faut le garder et à nous de le prendre: d'ailleurs, quand il s'agit de prendre une nouvelle mesure, il faut bien réfléchir, pour ne pas reculer.

C'est assurément un grand vide que le P. Champion va laisser ici; heureusement le P. Chanuet s'y met avec ses novices, et chacun se dévoue autant qu'il le peut.

Je vais donc rappeler ici le P. Peilin et le guérir avant tout.

Rien de nouveau pour Angers, j'attends toujours, ma visite au ministère n'a rien hâté! Que faire? prier, attendre le moment de Dieu.

Nous ne recevons rien non plus de la Ville pour l'échange de maison; à la Ville, on emprunte l'argent, pour pouvoir en donner.

Je pense vous laisser encore le P. de Cuers, vous n'êtes pas trop de trois, et même si le P. Peilin avait été guéri, je vous l'aurais donné, pour faire ainsi une bonne maison professe.

Rien autre de nouveau, sinon que le froid humide commence.

Le f. Auze est-il de retour?

Amitiés eucharistiques à tous.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - Je reçois à l'instant votre lettre, merci; la mienne, je l'espère, vous fera plaisir. Oh! oui, tristes corses! comme les crétois de St Paul. Je ne puis vous envoyer le fr. Simon encore, je voudrais le faire ordonner; le P. Champion est professeur ici, il le sera très bien là-bas.

Je souffre de sentir le P. de Cuers souffrant, il le serait bien plus à Paris où il y aurait le froid et l'immobilité de la vie, car ici on étudie plus que l'on ne se dépense.


Nr.1169

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 9 Novembre 1862.

Bien cher Père,

Je viens d'écrire un petit mot au P. Leroyer. Je vais vous envoyer le P. Champion, ne pouvant vous envoyer le P. Peilin de quelque temps au moins, voulant le faire opérer à Paris, car autrement il serait plus tard incapable. J'ai vu son mal à Lyon où j'ai été voir une bienfaisante mourante; on conseille de le faire opérer, me disant que tout remède externe est inutile, je vais le faire: nous avons plus de moyens à Paris qu'ailleurs (Lyon). Le P. Champion vous sera là-bas utile, et cela lui fera aussi du bien, car la maison de Marseille est plus une qu'ici, ayant moins de mélange et de distractions, c'est une maison professe.

Comme il vous aime beaucoup et le P. Leroyer, il y va avec plaisir; il y aura l'emploi de maître des novices, car c'est à quoi il faut viser le plus.

Dans cet état de choses, pour le bien de la maison de Marseille et de chacun, il importe, cher Père, que vous y restiez encore afin d'être là l'intermédiaire, et que l'on continue ce qui s'y fait et comme cela se fait; avant de changer une pratique, il faut bien examiner.

Quoique j'aurais du plaisir pour moi à vous avoir ici, je sens que votre présence est plus utile à Marseille; ici, nous n'avons rien de nouveau, et vous ne pouvez nous être utile que par le service ordinaire; il y a bien de plus là-bas. D'ailleurs aucune nouvelle pour Angers, ni de l'Hôtel de Ville de Paris, tout est mort; ce n'est pas notre faute, car nous avons assez fait.

Je vous enverrai votre mandat de retraite par le P. Champion. J'avais conservé cette petite somme pour le commencement de la fondation d'Angers. Une autre pensée m'encourage à envoyer le P. Champion à Marseille, c'est que dans le cas de la fondation d'Angers, pour être fidèle à la loi de la vérité, nous devrons envoyer pour quelques mois au moins le P. Leroyer, puisque son nom a été donné au Ministre, sauf à le remplacer après la première heure; dans ce cas, le P. Champion ferait l'intermédiaire à Marseille, c'est, je crois, la voie naturelle du moment.

Mr de Leudeville est entré comme novice depuis quelques jours, sa santé semble se fortifier, il est d'ailleurs homme de règle et de dévouement, nous le verrons à l'épreuve.

Il commence à faire ce froid humide de Paris. Dieu en soit béni! C'est le sacrifice du moment.

En Notre-Seigneur, cher Père, tout vôtre.

EYMARD.

Au R. Père de Cuers.


Nr.1170

An Bischof Angebault

Paris, 16 Novembre 1862.

Monseigneur,

Je suis tout heureux de la bonne nouvelle de la permission de Mr le Ministre pour la fondation d'Angers.

Il a fallu tout le courage et tout le dévouement de votre piété, Monseigneur, pour triompher de tant d'obstacles.

Tout notre désir, maintenant, est de répondre à ce que Votre Grandeur attend de nous, pour la réalisation de cette belle pensée qui nous a poussés à Angers, de préférence à toute autre ville.

J'envoie d'abord le P. de Cuers près de vous, Monseigneur, pour prendre votre premier mot d'ordre et préparer de suite la chapelle et la maison. Quand tout sera prêt, j'enverrai le P. Leroyer faire l'ouverture de l'adoration; il est si heureux, ce bon Père, de voir se réaliser cet ardent désir de son coeur en son cher pays!

Je donne au P. de Cuers une copie de la feuille de pouvoirs que nous ont signée Son Eminence Mgr Morlot et Mgr de Mazenod de Marseille, afin que Votre Grandeur daigne nous donner la sienne et qu'ainsi nous devenions vos enfants.

J'espère bientôt, Monseigneur, avoir moi-même le bonheur d'aller remercier Votre Grandeur de l'intérêt si paternel qu'elle daigne nous porter. C'est surtout aux pieds de notre bon Maître que nous lui prouverons notre reconnaissance.

C'est dans les sentiments de la plus profonde vénération et gratitude que j'ose me dire en Notre-Seigneur, de Votre Grandeur,

Monseigneur,

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

EYMARD, Sup. Soc. S.S.


Nr.1171

An Fräul. Stéphanie Gourd

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 16 Novembre 1862.

Je viens, chère fille, répondre aux divers détails de votre direction; l'ordre que vous avez suivi est bien.

Peu d'activité. C'est par l'ordre des choses et des devoirs que vous arriverez à faire beaucoup de choses sans vous embarrasser.

Pensée moins souvent habituelle à l'esprit de sacrifice. C'est vrai, tout dépend de là; il faut en faire le bouquet de votre amour divin.

Silence: parler par charité, c'est bien; par délassement d'esprit, ce n'est pas mal, lorsque la loi de la charité est gardée.

Estime du prochain, sévérité à voir ses défauts. J'ai trouvé cet article vrai en divers points; votre sévérité est naturelle et tient de votre caractère, le peu d'estime personnelle que vous en attendez en est une preuve. Que faire? - Rien de direct, excepté dans les mouvements violents de la tentation contre lui; alors il faut se prendre par force en quelque sorte, et briser par la douceur, ou par le silence, ou par la charité, le mouvement qui nous porte contre le prochain. Hors ce cas, allez votre petit chemin, vous donnant cette règle : Je ferai ce que je ferais si je n'avais pas de tentation. Ah! bonne fille, si nous voyions un peu plus le bon plaisir de Dieu en ce pauvre prochain, cela irait mieux!

Modestie des yeux. Excellente pensée; mais il faut une modestie simple, regarder sans voir, comme dit saint François de Sales.

Impatiente intérieurement. On corrige ce défaut en ne voulant que ce que Dieu veut et comme il le veut.

8· Adoration par les quatre pensées..., c'est la meilleure de toutes les méthodes. Quand vous avez fini, recommencez jusqu'à ce qu'enfin vous sachiez y rester plus longtemps.

9· Aspirez au saint repos du recueillement aux pieds de votre bon Maître: le silence de l'amour est l'amour parfait.

Pauvre fille, vous êtes encore sur la terre de misère; il ne faut pas vous étonner d'être misérable. Il faut toujours vous relever et aller à la porte de la divine Bonté.

J'en viens maintenant, chère fille, à votre première lettre.

Sur la sainte Réserve: j'espère bien que vous la garderez.

Mr le Curé peut parfaitement, s'il le veut, faire valoir que la chapelle est publique, entourée d'un bon noyau de fidèles éloignés de l'église, gardée par vous et autres.

Ce n'est donc pas une faveur toute personnelle. Vous donnez assez pour être bienfaitrice. Cependant, il me semble qu'il serait prudent de dire à Mr le Curé de faire à Monseigneur la demande pour conserver la sainte Réserve; que vous espérez ramener P. à sa première souscription; que s'il venait à apprendre que l'on va ôter la sainte Réserve à cause de sa réduction, tout serait perdu; que l'on donnera plus tard, mais qu'il est prudent, de ce côté-là, de ne pas demander de suite.

Je crois cette raison forte.

Adieu, chère file; que Notre-Seigneur vous bénisse, vous et votre chère mère et votre bon père. Vos âmes me sont bien chères. Plutôt que de vous faire du mal

(une ligne effacée)

de tous, même si on y tient fortement.

..... est à Lyon pour une quinzaine de jours; elle avait besoin d'y aller. Si vous allez à Lyon, voyez cette chère mère.

Tout à vous e N.-S.

EYMARD.

P.-S. - Je rouvre ma lettre pour vous redire: Vendez vos souliers plutôt que de perdre Celui qui est Tout.


Nr.1172

An Frau Mathilde Giraud-Jordan

Adveniat Regnum tuum!

Paris, 16 Novembre 1862.

MADAME MATHILDE,

Je viens, chère fille, répondre à votre lettre toute transparente de vérité et de bons désirs.

D'abord je m'unis bien à vos prières pour vous obtenir un enfant de bénédiction, et je l'espère de la divine bonté. Comme ce sera un saint, Dieu le fait longtemps demander. Votre promesse d'élever un pauvre en reconnaissance doit avoir touché le Coeur de Dieu.

Vous avez bien fait de faire cette revue de trois ans, puisqu'elle vous a mise dans la paix. C'est bon de temps en temps de revenir sur ses confessions ordinaires, car une faute vénielle sans contrition n'est pas pardonnée.

Vous aimiez bien votre chère mère, vous l'aimerez encore davantage maintenant que le Bon Dieu vous l'a rendue. Oui, qu'il vous la conserve et à moi aussi, car elle m'est bien chère en Notre-Seigneur. De toutes les bonnes âmes que j'ai dirigées, elle est certainement celle qui m'est la plus sympathique en Notre-Seigneur.

Vous avez beaucoup reçu, chère fille; rendez beaucoup au bon Maître. Economisez votre temps libre, car les exigences du monde sont telles que si l'on n'y prend garde, on n'a pas un moment pour penser à son âme et à Dieu.

Pendant que vous êtes jeune il faut conserver l'instruction si solide et si variée que vous avez reçue. Il faut même être un peu au courant des ouvrages principaux de l'époque, qui sont du ressort de votre domaine. Il y a certaines revues bien faites qui mettent au courant à peu de frais.

Avec le Bon Dieu tâchez d'être simple et affectueuse, pour lui et en lui. Vos distractions viennent, je pense, de ce que vous êtes trop dans les choses ou dans vos misères. On ne sent pas le vent dans une maison bien fermée. Une âme qui sait demeurer en Jésus n'éprouve pas la fureur des tempêtes.

Tâchez d'arriver à cette bienheureuse demeure, bonne fille. Jésus a dit: "Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là opère de grands fruits."

Comment demeurer en Jésus?

Par l'amour de son adorable et toujours aimable Volonté.

Par la contemplation de son infinie bonté, se déversant sans cesse sur nous.

Oh! qu'on est heureux quand on vit dans cette atmosphère divine! Il est vrai, il faut être généreusement mortifié pour vivre de cette vie intérieure en Jésus, mais l'amour le fera sans douleur. Le monde est un Calvaire qui crucifie les bons et les mauvais. Que de sacrifices d'abnégation à faire à chaque instant! Faites-les bien pour le Bon Dieu.

Mais soyez toujours gracieuse dans le devoir, généreuse dans la vertu, pieuse dans l'amour, et vous serez comme le Bon Dieu vous veut.

Je vous bénis, chère fille.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1173

An P. de Cuers

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 19 Novembre 1862.

Bien cher Père,

Adorons les desseins de Dieu! Assurément le lieu de l'exposition est fixé là-haut; espérons que ce sera un jour le Tertre!

J'ai vu ce soir Mr le Maire, la fin de la visite a été meilleure que le commencement: on a commencé par dire que c'était impossible, puis difficile, enfin on a été bienveillant.

Mr le Maire a dit qu'il s'en occupait à son arrivée à Angers.

Il a été plus loin, il a parlé d'un grand terrain de la ville, qui va être à vendre, c'est la caserne en face de l'hôtel d'Ambray, celui en question de la rue Lyonnaise, à côté ou près de l'église en face.

Il m'a dit qu'on allait y percer une rue cet hiver et que là, il y aurait un beau terrain.

Pour le Tertre, il m'a répété ce que vous me dites; il m'a semblé que peut-être on pourrait facilement obtenir que le Tertre fût distrait du lot et vendu à part.

Il est convenu que vous le verrez à son arrivée pour causer de cela. La convention avec la ville de la part de l'Administration des Hospices n'a encore aucune valeur; si l'administration le veut, Mr le Maire, je le crois, n'y mettra pas d'obstacle; car ce Tertre ne leur sert de rien dans leur plan, ou du moins de peu de chose.

Voyez cette caserne, s'il y a l'ancienne église du couvent; cherchez encore ailleurs. Je souffre de vous sentir seul là-bas; vaut-il mieux revenir avant l'arrivée de Mr le Maire? c'est à vous de le voir.

J'ai en main 30 à 40 mille francs, à emprunter, si l'on en a besoin pour l'achat de quelque chose, et ainsi on payerait comptant.

Le P. Champion est parti content comme un enfant.

Donnez-nous, cher Père, de vos nouvelles de temps en temps, cela nous consolera de votre absence.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.


Nr.1174

An Gräfin v. Andigné

Présentation de la Sainte Vierge, 1862.

A vous la première nouvelle! tout est réglé pour Angers. Dans une quinzaine de jours, nous irons préparer l'installation provisoire de l'exposition; les Carmélites, rue Lyonnaise, nous prêtent leur église et nous cèdent l'usage de la maison de l'Aumônier où nous pouvons installer quatre à cinq adorateurs.

J'envoie le Père de Cuers pour préparer le choeur de l'église en le faisant peindre à la légère, etc. Quand tout sera prêt, j'irai à Angers pour le jour de l'Exposition et je vous en donnerai avis d'avance.

Si vous pouviez y venir, veuillez me l'écrire, car j'en serais triste de ne pas vous voir au lever de ce Soleil d'amour et de grâce.

Etes-vous remise? Viendrez-vous bientôt à Paris? Pensez-vous à Mr le Curé de Sainte-Clotilde pour notre sermon? Priez-vous pour nous?

Notre-Seigneur est-il content de sa servante? Va-t-elle à lui en la douce confiance d'un enfant et en l'abandon simple et aveugle à tout ce que veut son amour? Est-on content de Dieu? Que de questions! mais qui toutes me sont chères.

Je vous bénis en Notre-Seigneur et suis à ses pieds

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1175

An X

(novembre 1862)

1· Le but de la retraite sera de vous mettre dans N.S. - il a dit: "Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit.- Si vous demeurerez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez tout ce que vous voudrez et tout vous sera accordé".

Or qu'est-ce que demeurer en Jésus? Quel est le chemin qui conduit à cette divine demeure.- Par où faut-il entrer? Quelles conditions pour y demeurer?

3 grandes vérités à examiner pendant la Retraite.

1· Ce n'est pas demeurer en Jésus - que de demeurer dans le travail de son service, un serviteur bien dévoué et fidèle demeure aux choses de son Maître, dans les choses de son Maître, plus que dans son Maître.

- Ce n'est pas demeurer dans Jésus - que de demeurer dans ce qui peut procurer sa gloire: le soldat pour combattre pour le Roi, ne demeure pas chez lui.

Ce n'est pas demeurer dans Jésus que de travailler à sa propre perfection par la loi, la vertu.

En tous ces états, l'âme demeure en elle-même, - est toujours fiévreuse, - exposée à tous les vents.

Demeurer en Jésus, c'est se quitter soi-même, se dépouiller du propre - se donner comme on donne du bois au feu - un coeur à l'amour royal - une vie pour une vie.

C'est la vie de l'épouse.- Une épouse quitte son nom, ses parents, sa maison natale, ses amies, son pays - ses plaisirs personnels et va demeurer chez son époux divin, pour vivre avec lui, de lui, pour lui.

Alors elle pense en Jésus

elle parle la parole de Jésus

elle fait les actions de Jésus

elle prie la prière de Jésus

elle souffre la souffrance de Jésus

elle ne rêve qu'à ce qui peut lui plaire

elle n'aime que ce que Jésus aime

elle ne veut que ce qui lui plaît

elle est fondue en Jésus.

2· Le chemin qui conduit à cette demeure de Jésus,

c' est l'amour qui donne tout, - et veut tout

souffrir.

3· La porte qui nous introduit dans la demeure de Jésus

- c'est le saint recueillement.

4· La condition pour y demeurer, c'est la T. Ste Eucharistie. Jésus a dit: "Celui qui mange mon corps et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui".

Que Jésus, bonne fille, soit donc la voie, la vérité et la vie de votre Retraite.

Eymard Sup.

(Nota: L'original est chez les Servantes).


Nr.1176

An Herrn Rosemberg

Paris 2 décembre 1862

Adveniat Regnum Tuum

Bien cher ami,

Depuis hier je fais des combinaisons stériles pour pouvoir aller vers vous à Tours, impossible de m'en tirer. Pendant ce temps j'ai l'ordination, la retraite des trois novices qui doivent faire leur profession le jour de la Noël, c'est pour moi un grand sacrifice. J'aime Tours, vous le savez, j'aime le bon Père Dupont, et votre famille est la mienne. Puis j'aurais été si heureux de donner une petite retraite à ces bonnes Dames adoratrices, mais impossible, excusez-moi auprès de Mademoiselle de Savenière.

Je pense aller à Angers pour faire l'exposition le jour de la S.Jean 27 décembre, j'espère bien vous voir et le Père Dupont en revenant.

Croyez-moi toujours en N.S.

Cher ami du coeur,

Tout vôtre

Eymard Sup.


Nr.1177

Au Frère JEAN, scolastique Capucin.

Adveniat Regnum Tuum

Paris 15 décembre 1862

Bien cher et aimé frère Jean,

Que notre bon Maître vous rende tous vos bons souhaits pour nous! J'ai été heureux de recevoir de vos chères nouvelles, et surtout d'apprendre que samedi vous aurez la tonsure et les Ordres mineurs; c'était là toujours l'objet de mes voeux pour vous, car un Prêtre et un bon Prêtre rend tant de gloire à Dieu! et avec le coeur du Père Séraphique St François vous serez un excellent Prêtre du Seigneur.

Oh! oui! cher et bon frère, nous prierons bien pour vous, la douce amitié qui vous unit m'en fait un aimable devoir.-

Nous faisons en ce moment une petite fondation d'expiation à Angers - sur le lieu même où l'impie Bérenger osa prêcher contre la divinité de l'Eucharistie, - l'Exposition aura lieu le jour de S. Jean - votre bon patron religieux. - Je la recommande à vos bonnes prières.

Le bon Dieu nous bénit par les croix, c'est la bonne bénédiction!

Adieu, bien cher frère Jean, que Dieu aussi achève ce qu'il a si bien fait en vous.

Tout vôtre en N. S.

Eymard Sup.

au Fr. Jean

à Bayonne Déc. 1862

Pyrénées Orientales (sic)


Nr.1178

An Fräul. v. Revel

Paris 15 décembre 1862

Mademoiselle,

J'ai reçu les honoraires de la neuvaine pour votre cher défunt. Inutile de dire à votre amitié que je m'en charge moi-même. Merci donc.

Je n'ai pas eu le temps d'être triste de votre indisposition; je ne l'ai sue que lorsque vous étiez mieux. Je voulais vous écrire, mais j'ai eu le malheur de renvoyer au lendemain et me voici bien loin. Mais vous savez bien que nos sentiments sont invariables et toujours plus dévoués.

Vous êtes dans ma vie un Béthanie, je dirais presque ma famille. Que le bon Dieu vous garde et vous bénisse. Cependant obéissez au médecin, et de temps en temps, quand il n'est pas trop imprudent de sortir, allez voler le bon Dieu; mais la sainte communion de la volonté divine doit être de tous les instants. Oui, reposez-vous entre les mains de Dieu, sur le sein maternel de la divine Providence, vivez du jour au jour, et vous serez son enfant bénie. Merci encore une fois de votre lettre, vous savez combien j'y tiens.


Nr.1179

An Frau Jordan

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 15 Décembre 1862.

MADAME ET CHERE SOEUR EN N.-S.,

Merci de votre lettre, des nouvelles que vous me donnez de tous, de votre chère Mathilde et de vos bonnes nièces. Vous voyez que je paie mes dettes; ce malheureux filet est là, à venir, et je ne sais plus l'adresse, je l'ai perdue; ainsi il me la faudra, avec un petit mot; j'ai les échantillons par là. Ah! vous avez bien raison, il ne faut guère se fier à moi; je fais aussi comme cela avec le Bon Dieu: j'ai bien besoin de sa miséricorde.

Je ne pense pas aller à Lyon au mois de janvier comme à l'ordinaire en partant pour Marseille.

Le 27 décembre, jour de saint Jean, je vais à Angers exposer pour la première fois notre bon Seigneur et Roi sur un trône nouveau à la place où l'impie Béranger au XIIe siècle prêcha ses hérésies contre le Très Saint Sacrement. Je pense y rester une quinzaine de jours (rue Lyonnaise, chez les Carmélites).

Je pense et penserai à vos protégés; mais si je suis sûr aux pieds de notre bon Maître, je ne le suis pas auprès des hommes, malgré leurs promesses. Hélas! que c'est triste de voir les antichambres des grands remplies et le Palais du Grand Roi désert! Vous n'êtes plus de ce monde-là, bonne dame, et vous êtes bien heureuse; moi, j'y suis au milieu et cela me fait mieux voir combien le Bon Dieu est bon.

Quand j'irai à Marseille, je tâcherai bien de vous dire un petit bonjour. En attendant, rendez-le-moi aux pieds de Notre-Seigneur.

Je vous laisse, je vais prêcher sur notre bon Maître dans un instant.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD, S.


Nr.1180

An Fräul. Thomas

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 15 Décembre 1862.

MADEMOISELLE,

Merci de votre lettre d'arrivée, je l'attendais. Je remercie le bon Maître de vous soutenir au milieu de tous ces cris de la nature et de la vie. C'est bon ! au moins vous pouvez dire à Notre-Seigneur: Je vous aime plus que tout cela.

Votre coeur est resté au pied de ce bon et divin Sacrement d'amour, votre esprit sera à vos affaires et votre vie à Dieu, et tout ira bien.

Je vous bénis, bonne demoiselle; donnez-nous de vos nouvelles, elles nous sont chères en Notre-Seigneur.

Tout à vous

EYMARD.


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