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Nr.1061

An P. de Cuers

La Pierre-qui-Vire, 8 Octobre 1861.

Bien cher Père,

Je suis chez les Bénédictins de la Pierre-qui-Vire, bien édifié de leur vie; je désirais depuis longtemps les voir de près.

Dieu m'a fait tout providentiellement cette grâce. Le P. Supérieur que j'avais vu à Rome, et avec lequel j'avais lié amitié, est venu prier de leur donner quelques jours de retraite à leur communauté: c'est ce que je fais, M. l'abbé Dhé me remplaçant pour quelques jours à Paris.

J'ai rencontré ici le P. Maître des Novices de la Grande Chartreuse; il m'a donné des renseignements très précis sur le sujet que vous avez: or, c'est un sujet à renvoyer de suite; il a fait des voeux chez les Jésuites; il en avait fait depuis quelques jours quand il est sorti lui-même de la Chartreuse, malgré ses voeux. Il a été avec le célèbre Rosmini, je crois que c'est ce nommé qui s'égara un instant dans la Doctrine. J'avais écrit à la Chartreuse, la Providence m'a encore mieux servi.

J'ai reçu aussi des renseignements de ce jeune abbé de Verdun, qui a été à Marseille et qui se présente à Paris: ils sont meilleurs.

C'est la fatigue qui l'a fait sortir. Cependant il faudra l'examiner de près.

Je pars d'ici mercredi et retournerai à Paris, où j'espère trouver une lettre de vous.

Je suis en Notre-Seigneur, bien cher Père,

Tout à vous.

EYMARD, S. S.


Nr.1062

An Herrn Amadeus Chanuet

Paris 17 octobre 1861

Cher Monsieur Amédée,

Ce sera une grande consolation pour moi d'aller bénir et baptiser le 1er fruit mille fois béni déjà de votre sainte union, et aussi de vous faire ma première visite. Le double lien qui nous unit en produit un 3e permanent, c'est un lien eucharistique aux pieds du T.S.Sacrement. Là vous y êtes tous les jours des premiers, ainsi que votre digne et pieuse épouse, votre aimable mère, tous les vôtres.

Tout à vous.

Eymard

Je serai bien heureux de trouver toute la bonne et

si aimable famille de Couchies à qui S.V.P. respectueux et affectueux hommages.


Nr.1063

An Frau Chanuet

Paris 17 octobre 1861

Bonne Mère,

Je me mets tout à votre disposition, mais à condition que vous me recevrez comme un membre de la famille. Si cela vous fait plaisir d'inviter Mr.Devay, ce sera très bien: mon coeur seul va vers vous seule.

Je n'ai que le temps de me dire, bonne mère, tout vôtre.

Eymard.


Nr.1064

An Gräfin v. Andigné

Paris, 17 Octobre 1861.

Madame bien chère en N.-S.,

Que notre bon et tendre Seigneur vous comble de ses bénédictions et remplisse votre pauvre coeur de son ardent et puissant amour!

Je comprends que votre coeur soupire et gémisse en cette triste vallée de misères, et que votre âme habite d'autres lieux que ceux du corps; quand on connaît le Ciel et le Dieu du Tabernacle, il n'y a plus d'autre bonheur, d'autre consolation sur la terre. Et vous savez combien vous en êtes aimée de ce bon Maître! Aussi devez-vous être fière et divinement noble! c'est la noblesse de l'amour divin, celle-là est éternelle.

Soyez comme l'enfant qui sent, aime et remercie. Dieu pense pour vous.

Soyez comme cette colombe pure et blanche de l'arche, qui ne se repose que dans l'arche sainte et n'a d'autre chant, d'autre soupir que le chant et le soupir de l'amour.

Ne vous regardez pas au miroir de l'amour-propre, vous vous feriez peur; ni au miroir des créatures, vous auriez peur; ni dans la balance du mérite, votre pauvreté l'inclinerait; ni dans les fausses lumières des paroles humaines; mais regardez-vous dans le Coeur si bon de Jésus! à travers sa bonté si maternelle, si tendre! alors vous n'aurez plus peur.

Evitez de compter ce que vous donnez à ce bon Maître, de mesurer ce qui vous manque. Jetez-vous comme une paille, comme un morceau de fer rouillé dans ce foyer incandescent. Oh! comme vous y serez vite purifiée, vite retrempée, vite embrasée, vite feu! Allons! allons! le plus beau sacrifice à Jésus, c'est le moi; le plus bel hommage, c'est le coeur; la plus belle couronne, c'est celle de la fleur du matin qui s'ouvre au soleil levant et se ferme au soleil couchant.

Adieu, Madame et chère âme en Notre-Seigneur. Je vous bénis et vous donne tout entière à ce grand Roi.


Nr.1065

An Frau Tholin

Paris, 24 Octobre 1861.

MADAME ET BIEN CHERE SOEUR EN N.-S.,

Vous avez dû recevoir vos Christs indulgenciés, je l'ai fait de suite.

Si le bon Maître me donne le temps et la force, j'irai bien volontiers vers vos bonnes amies de Tarare; j'ai trouvé là de bien belles âmes et qui ont faim de Jésus. Mais pour faire quelque chose de solide, il faudrait une retraite d'une semaine; trois jours n'en valent pas la peine. A peine si l'on peut échauffer le fer, et il faudrait le rougir pour le rendre puissant et incendiaire.

Aussi j'aimerais bien mieux attendre à plus tard s'il le faut; d'ailleurs je ne le puis en ce moment; je viens de prêcher une grande retraite qui m'a un peu fatigué.

Si je devais aller à Marseille avant la fin de l'année, je vous l'écrirai, bonne dame, afin de savoir où vous prendre.

Je bénis Dieu de savoir que le Père Germain est retourné à Saint-Chamond; vos enfants et surtout Georges y trouvera tout ce dont il a besoin.

Un enfant ne devient raisonnable qu'après sa philosophie; là il mûrit ses idées, son jugement; il commence à voir.

Le bon Maître semble, en effet, vous demander le sacrifice de Toulouse; le coeur y serait bien, mais le corps non, et votre hiver a pour fin de climat d'Hyères. Donc il faudra reprendre le chemin de ce Midi où le ciel est si beau, la mer si grande: c'est la mer qui vient du Carmel et de Jérusalem.

Ayez soin, chère soeur, de votre intérieur; ne laissez pas le feu divin s'amoindrir; entretenez-en avec soin le foyer par l'union à Dieu, l'offrande habituelle de tout ce qui se présente, et surtout de vos petits sacrifices quotidiens; la petite goutte répétée souvent remplit la coupe, fait un ruisseau, un fleuve. Faites bois de tout, bois de feu; tout profite, dit le saint Apôtre, à ceux qui aiment Dieu. Oh! c'est bien pour sa plus grande gloire que Jésus vous tient sous clef, toujours souffrante: ce quelque chose c'est le règne intérieur de son amour. Amen!

Adieu, bonne dame.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, Sup.


Nr.1066

An P. de Cuers

J. H. S.

Paris, 4 Novembre 1861.

Bien cher Père,

Votre bonne lettre m'est arrivée après le départ de la mienne. Voilà toute la cause du retard:

Vos médailles vous arriveront à temps; pour placer les vôtres ici à Paris, ce n'est pas encore possible, puisque l'Agrégation n'est pas encore formée.

Je verrai si à Tarare, où il y a un assez bon nombre d'agrégés, il serait possible de les placer, ce que l'espère.

Il me semble que le côté écrit de la médaille est bien nu; j'y aimerais le monogramme que nous avons pris au commencement JHS; celui qui est sur les petites hosties du Bon Pasteur me paraît très bien, il a au milieu un Christ, vous le connaissez d'ailleurs.

J'avais pensé à une autre idée, la voici: représenter la T. Ste Vierge tenant l'Enfant Jésus et le présentant au monde, et l'Enfant Jésus tenant dans une main le calice, et de l'autre, une hostie; on trouve cette idée jolie, et donnant la pensée de Marie comme N. D. du T. S. Sacrement; examinez les deux idées et dites-moi les vôtres.

L'idée des moules à pain d'autel est si naturelle, qu'elle nous appartient de droit, et quand nous aurons de l'argent, nous achèterons une campagne, avec le champ du Seigneur pour y semer nous-mêmes et y cultiver le Froment des Elus, le moudre et le réduire à sa forme du Sacrement.

J'ai vu plusieurs modèles d'ostensoir; ce que l'on appelle objet d'art, n'est pas à grand effet: c'est joli de près, c'est une miniature; il faut un ostensoir à effet de loin, des rayons larges et serrés, les ornements devraient être autour de la Sainte Hostie: là tout ce que l'on voudra.

Un orfèvre, M. Touquet, en a un qui est port, par un Ange, qui d'une main montre la Sainte Hostie et de l'autre commande de se mettre à genoux: il y a là une idée.

Je n'aime pas les ostensoirs gothiques, c'est trop clocher. Si vous venez à Paris, nous verrons ensemble, mais tout ce que j'ai vu ne me plaît pas.

Je ne connais point d'orfèvre à Lyon, vous pourriez voir le neveu de M. Favier, près de Saint Jean (la cathédrale), il avait dans le temps de jolis modèles.

Les encensoirs les plus simples sont les plus jolis, M. Touquet en a de quinze à soixante francs. Mais ceux de soixante sont beaux.

Pour un orgue à un jeu, c'est deux cents; à deux jeux trois cents; il y en a à cent francs, mais c'est trop peu de chose: il faudrait celui de deux cents au moins; pour le transport, ce sera de quinze à vingt francs, compris la caisse.

Son Eminence de Chambéry a été très aimable, mais il n'a été question de rien; j'ignorais toute avance.

Lyon devrait passer avant Chambéry.

Pour votre dernière lettre. - Nous prierons pour Mr Bossy, je suis content qu'il conserve cette affection pour la maison.

Je pense bien vous donner un de nos ordinands, mais plus tard; la théologie morale n'est pas finie, ils ont encore bien des choses à apprendre avant de confesser: ils sont si neufs! ce serait les exposer de les lancer à présent; pensez qu'il n'y a pas longtemps qu'ils s'instruisent.

Pour les jeunes gens, si nous en recevons un maintenant, c'est tout ce que nous pouvons recevoir, la place nous manque; j'aime mieux garder les deux chambres qui nous restent pour deux prêtres. Quant à ces enfants de la Pierre-qui-Vire, je crains que la retraite eucharistique, que je leur ai donnée, soit cause de leur sortie, et cependant ils ne m'en avaient rien dit; et s'ils m'en avaient parlé, je les aurais détournés de cette pensée, par délicatesse au moins.

Je suis d'avis que les maisons particulières, qui recrutent des sujets sur les lieux, commencent par leur faire faire un bon postulat sur les lieux mêmes; et quand leur vocation sera bien connue et bien éprouvée, alors ils finiront par le noviciat qui les formera et reformera.

Le moins bien des maisons sur le noviciat, est toujours un très grand bien pour eux; puis il importe que l'on n'envoie ici que des sujets déjà éprouvés, à cause des dépenses et tristes effets.

Tout le monde se fait une grande joie de vous revoir; mais de grâce, couvrez-vous bien, et dans la nuit, prenez les premières chauffées; nous vous ferons l'aumône du surplus.

Nous sommes en pleine retraite, elle paraît bien aller.

Priez bien. A vous tous in osculo sancto.

EYMARD.


Nr.1067

An P. de Cuers

L. J. E.

Paris, 6 Novembre 1861.

Bien cher Père,

C'est moi qui réponds à votre lettre au frère Carrié. Je ne suis et n'ai été que souffrant d'une grosse fluxion qui m'a fait enfler la joue, et par la suite donné une névralgie, des maux de tête, absence de sommeil. Je vais mieux, quoique sans sortir, étant encore un peu défiguré; l'occasion en est venue d'une mauvaise dent, que je ferai arracher quand je le pourrai.

J'accepte volontiers vos 500 honoraires de messes; cependant pour ne pas trop vous dégarnir, prélevez-en pour vous ce que vous pensez devoir vous être utile.

Nous ne recevons point d'honoraires de messes de Paris, sinon un ou deux par semaine; les pauvres gens n'ont pas de quoi en donner: ce sont là nos connaissances ordinaires.

Nous avons pris pour auteur de morale la théologie de Saint Liguori, mise en ordre par le P. Smith rédemptoriste. C'est plus méthodique que les autres compendium.

L'hiver commence, nous commençons aussi à allumer le feu de la salle.

Adieu, bien cher Père, ménagez-vous un peu, et surtout la tête, car elle entraîne tout le reste, quand elle est malade.

Mes bien affectueuses amitiés à tous les Pères et frères.

Tout à vous.

EYMARD S. S. S.

P. S. - J'oubliais de vous dire que nous avons enfin reçu la bibliothèque du P. Clavel, elle a de bons ouvrages en général sur l'Ecriture Sainte et les sciences ecclésiastiques, c'est une jolie fleur de plus du Bon Dieu.


Nr.1068

An Marianne Eymard

L.J.E.

Paris, 10 Novembre 1861.

BIEN CHERES SOEURS,

Je suis tout confus de vous avoir laissées si longtemps attendre une réponse de moi. Je deviens paresseux, il paraît bien; ce n'est pas que j'y pense tous les matins dans l'ordonnance de ma journée, mais, mais, il y a tant d'imprévu, d'affaires, de gens qui arrivent, que j'arrive au soir sans avoir pu faire ce que j'avais réglé.

Paris n'est pas une ville, c'est un monde, un royaume; on n'a pas le temps de respirer, surtout maintenant que nous commençons à être connus.

Je vais bien, et de temps en temps j'apprends que vous allez bien aussi, ce dont je remercie bien le Bon Dieu, car je n'ai plus que vous sur la terre; à notre âge, on ne fait plus d'amis, on revient vers son passé.

Vous avez bien vos ennuis, je vois cela par votre lettre, ces locations sont bien désagréables.

En effet, cela m'est une grande tristesse de penser qu'un café sera dans la maison paternelle; je vous assure que cela serait dans le cas de m'arrêter d'aller vous voir, ou au moins de séjourner à La Mure. Je vous en prie, ne le faites pas, et mettez dans vos conventions que cela ne sera pas sous peine de résiliation du bail de votre part; pensez donc à tout le mal qui se fait ou se lit dans un café! J'aimerais mieux fermer la maison.

Si l'on vous contrarie, vous avez la justice pour vous.

Je ne sais pas quand j'irai à Marseille, mais quand cela sera, je tâcherai bien d'économiser deux jours pour aller vous dire un petit bonjour, fût-ce même en hiver. Ce n'est pas pour le pays que j'irai, mais pour vous.

Dites à ce brave jeune Bianchi que j'examinerai son affaire quand j'irai à La Mure.

Voici l'hiver, ayez soin de vous et prenez garde aux chauds et froids, tenez-vous les pieds bien chauds. - Nos maisons vont bien et le Bon Dieu les bénit; nous sommes dix-huit.

Je vous bénis, chères soeurs.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD.

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

La Mure d'Isère.


Nr.1069

An P. de Cuers

L. J. E.

Paris, 12 Novembre 1861.

Bien cher Père,

J'ai reçu les cinq cents francs; ils seront distribués selon vos intentions.

Vous êtes bien bon de vous intéresser ainsi à ma mauvaise dent; elle est guérie à peu près, quoique non extraite. Il y avait longtemps que je sentais venir cette tempête, puis les froids sont venus, ils m'ont surpris, le mal est devenu tout à coup violent; je me suis servi mal de la créosote, qui m'a brûlé et fait venir des humeurs aux lèvres et provoqué l'enflure, qui venait déjà d'une inflammation aux gencives, puis la privation du sommeil si nécessaire à ma misère, puis la fièvre.

Mais en brave, je n'ai jamais laissé la Sainte Messe, et me voilà à mon courant; seulement tout en souffrait, surtout les lettres: voilà une chose finie.

Bonne nouvelle! Un bon prêtre, M. Auger, de Chartres, 54 ans, pieux, droit, simple, généreux, expérimenté sur la vie de communauté, mais par-dessus tout homme du Saint Sacrement, est ici; il a déjà fait sa retraite; il repart pour aller chercher sa malle (il est pauvre, donc bonne vocation, il aurait pu être très riche) il fera son entrée définitive le jour de la Pentecôte, 21. Remerciez-en Dieu, je crois que c'est le maître des novices que je demande au Bon Dieu depuis si longtemps; car je sens que j'en ai besoin, je vais bien le former d'abord..... Nous avons eu bien des petites croix, le frère portier a failli mourir de vomissements de sang, comme le frère Eugène, ce brave sergent-major; tous deux vont mieux, nous attendons le frère Eugène vers le 20; il a dû aller chez lui pour soigner sa maladie jugée alors très grave. Le voilà guéri, grâces à Dieu! mais j'en ai bien souffert.

La maison marche, nous allons augmenter nos adorations de nuit, nous pourrons jusqu'à deux heures après minuit.

L'Anglais marche bien; c'est un homme sérieux et solide; ce sera une bonne vocation; enfin le Bon Dieu a pitié de notre faiblesse!

Mes vives amitiés à tous, Pères et frères, je désirerais bien vous voir mais il faut que je mettre en train ces novices; je suis de plus professeur. Je ne sais pas où le temps passe: il y a de ces visites inattendues qui volent le temps; nous commençons à être connus; beaucoup viennent demander des renseignements: ce sera une semence. Puis, il y a tant de malheureux en ce moment!

Adieu, bien cher Père, tenez bon au poste, comme à bord autrefois, mais l'oeil plus haut que le mât, et le coeur brave contre les tempêtes du diable et du monde.

Tout vôtre en N. S.

EYMARD.

J'ai demandé à Monseigneur l'Evêque le dimissoire du frère Carrié pour la Noël.


Nr.1070

An Fräul. Stéphanie Gourd

L.J.C.E.

Paris, 19 Novembre 1861.

Me voici tout à vous, chère fille; c'est bien temps. Je lis toujours avec beaucoup d'intérêt vos lettres. Vous faites bien de m'écrire toutes les pensées, tous les états du moment; l'âme se dévoile ainsi peu à peu ainsi que la grâce.

Il y a un grand principe universel, éternel, qu'il faut toujours avoir devant les yeux et devant Dieu: c'est d'être toute et toujours à Dieu; savoir être toute à Dieu comme fin, toute à la volonté actuelle de Dieu comme moyen.

Mais être à Jésus comme la vierge de son coeur, la servante de son Sacrement, l'apôtre de son amour.

Mais être à Jésus dans la liberté des moyens, mais dans l'unité de fin.

Vous aimer dans votre état présent, comme dans le meilleur, puisque c'est le seul que sa divine volonté veuille de vous en ce moment.

Soyez à Jésus, comme les Anges au Ciel, dans la jubilation de son service, dans la joie de son service, dans la simplicité du don sans retour sur vous, du moins rarement. La flamme qui sort du foyer ne revient pas vers lui, elle monte toujours parce qu'une autre flamme la pousse; elle n'a ni le temps du retour, ni le mouvement: soyez ainsi, bonne fille.

Vous pourriez bien être un peu plus exacte à vos petites pratiques pieuses, quand le temps vous reste.

Il y a quelque chose de plus à faire dans vos adorations: c'est le mouvement de la flamme vers Jésus; c'est un peu plus d'imagination sur la sainte Humanité quand vous êtes toute dissipée et distraite, cela vous recueillera merveilleusement.

Oui, en cas ordinaire, la confession de quinze jours suffit. Cependant, s'il y avait une grande fête dans l'intervalle, vous pourriez devancer le temps pour être plus pure à la fête.

1· Sur les défauts qui vous portent à la critique, à voir le mal, à trop parler des autres, suivez, ma fille, cette tendance de près et puis tâchez d'en bien voir les motifs naturels et surnaturels; puis vous me les direz. Il y a là quelque chose à surveiller; mais avec la maman pleine liberté.

2· Pour le corps et les choses qui y touchent, oui, oui, c'est là le petit coin où la nature se cache, où le démon se glisse. Il y a là toute une grâce de choix d'avoir vu cela, et surtout de le comprendre.

Pour les mortifications extérieures, n'en faites pas quand le Bon Dieu vous en donne. Quand vous n'avez rien, imposez-vous une pénitence pour les fautes commises sur le prochain ou sur la paresse à renvoyer vos exercices de piété, à les mettre au dernier rang.

Ouvrez de grands yeux sur la paresse spirituelle et sur l'indépendance de l'âme, de l'esprit.

Bon courage, cela va mieux. Il y a bon vent. Je vous bénis.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.


Nr.1071

An P. de Cuers

A. R. T.

Paris, 28 Novembre 1861.

Bien cher Père,

Je viens vous donner de nos nouvelles; tout le monde va bien, le fr. Eugène est rentré et s'est mis à l'oeuvre; un jeune scolastique est venu et marche de pair avec le jeune petit Ratons, qui annonce de très eucharistiques dispositions.

Mr l'abbé Auger, de Chartres, n'est pas encore entré, il en finit avec ses affaires temporelles. J'ai reçu le dimissoire du fr. Carrié; les trois diacres se préparent tant qu'ils peuvent. Vous avez promis de venir à l'ordination du fr. Carrié, il faudra tenir parole: cela nous sera à tous une grande joie de vous revoir, et surtout à moi; il me semble qu'il y a un siècle que je ne vous ai vu. Cependant je serais désolé, si le froid, le voyage devaient vous faire du mal.

Pour bien enrayer le noviciat et les novices, j'ai résolu de leur faire une retraite de huit jours à commencer Dimanche soir à 5 heures, pour la finir le 8; nous avons neuf novices; le fr. Peilin, diacre, fera ses trois voeux; les frères Henri Billon et Eugène, le sergent-major, et le fr. René, portier, feront le voeu d'obéissance.

Je recommande bien cette retraite à vos memento et aux prières de toute la communauté: c'est l'espérance de la Société.

L'oeuvre des Premières Communions marche et s'étend; lundi passé, baptême d'une anglaise protestante; aujourd'hui baptême d'une dame juive, Rodrigues Henriquez, espagnole d'origine. Dimanche, mariage d'un ex-militaire marié civilement depuis 1852; dans huit jours Première Communion d'une mère de six enfants; militaire de vingt ans qui se prépare: voilà mon lot. Celui du fr. Carrié est encore plus beau; aussi Deo gratias.

L'adoration nocturne gagne, nous pouvons aller jusqu'à deux heures: ainsi six heures par six heures.

(La dame juive nous a fait don d'un beau ciboire, forme de Troys).

Puis voilà l'ordination du 21, puis les visites du Jour de l'An...

Cependant il faut que je finisse mon Manuel, pour cela il faudra m'emprisonner ou me cacher huit jours.

Ah oui! il faut que les soldats royaux du T. S. Sacrement soient sans habitude, sans conditions, sans vues, et s'il est possible, sans défauts extérieurs du moins.

Aussi, j'ai dit à Mr l'abbé Dhé que quand il rentrera, il faudra laisser sa tabatière à la porte: outre que ce n'est pas bien convenable devant le T. S. Sacrement, c'est si mal propre et si odorant.

Diriez-vous, cher Père, que j'en suis venu au point que j'ai toutes les peines du monde pour supporter le voisinage d'un priseur! Et cependant j'ai eu vingt-quatre ans ce défaut.

Adieu, bon Père, affections à tout en Notre-Seigneur.

Tout vôtre.

EYMARD.


Nr.1072

An P. de Cuers

L. J. C.

Paris, 9 Décembre 1861.

Bien cher Père,

C'est un sacrifice pour tous de ne pas vous voir ici à Paris; tout le monde s'en ferait une fête, car après tout on vous aime comme un Père, un frère, un tendre ami. Mais ce ne sera, je l'espère, que différé.

Vous me demandez d'aller vers vous; assurément je désire bien vous voir tous, causer avec vous en particulier sur bien des choses, le monde arrive et il faut bien baser, mais commencer; si nous ne pouvons vivre de traditions, il faut bien s'asseoir sur les vrais principes, puis y tenir comme à l'ancre de salut, à la condition de la vie.

J'irai donc vous voir pour l'Epiphanie, j'arriverai le samedi soir, 4 Janvier, s'il plaît à Dieu, mais ne faites rien pour mon arrivée. Laissez-moi le plaisir de vous arriver (incognito).

Je vous porterai toutes vos commissions, donnez-moi la note de ce que vous désirez, je n'oublierai pas les deux rames de papier timbré.

Notre retraite é été bien édifiante: tout le monde l'a suivie, elle a été clôturée dimanche soir par la consécration à la T. Ste Vierge.

La matin, à 9 heures, profession solennelle, le fr. Peilin a fait ses voeux, les frères Eugène, Henri Billon, René le portier, ont fait leur voeu d'obéissance. Une retraite fait du bien; il faudra que je vous en fasse une de quelques jours, mais en famille.

Mr l'abbé Auger, de Chartres, a mille difficultés pour venir; priez pour lui, il est très nuageux et a tout refusé; mais voilà une petite dette de 1600 fr. qui surgit, et l'arrête pour le moment.

J'écris au Supérieur de la Pierre-qui-Vire; j'espère que tout va s'arranger; votre riche jeune homme avait trop de bien, aussi ceux-là ne viennent pas pour le Maître. La classe riche est toujours la classe la plus lâche et la plus avare, Vae vobis divitibus! Aussi, ne faut-il guère compter sur celui qui tient des deux mains.

Adieu, bon Père, affections bien vives à tous.

Tout vôtre en N.-S.

EYMARD,

S. S. S.


Nr.1073

An Frau v. Grandville

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 10 Décembre 1861.

MADAME,

Qu'il y a donc longtemps que je n'ai reçu de vos nouvelles!

Ce silence me reproche et m'inquiète; vous devez être souffrante.

Je n'ai pas eu un moment pour aller travailler à mon petit manuel.

Le nombre des adorateurs augmente, et je suis chargé de tous et de chacun.

Je dois aller à Marseille au commencement de janvier; j'y resterai en tout un petit mois, puis je reviendrai à Paris. Je serais heureux si vous veniez passer les fêtes de Noël avec nous.

J'ai enfin la retraite dernière que j'ai donnée; faut-il vous l'envoyer? Je n'ai pas eu le temps de la relire. Bien entendu que vous ne la copierez pas vous-même; il y a de quoi vous mettre au lit.

Dans l'attente de vos nouvelles,

Je suis en N.-S.,

Madame et chère soeur,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.1074

An den Bruder von P. de Cuers

L. J. C.

Paris, rue fg St Jacques 68, 10 Décembre 1861

Monsieur

Il y a bien long temps que je désire faire votre connaissance. Toute votre famille m'est trop chère et estimable pour ne pas désirer à connaître celui qui en porte si dignement le nom de chef de famille et les vertus; votre cher frère a été si heureux l'an passé d'aller vous voir!

J'ai pensé vous faire plaisir de vous envoyer la photographie de votre bon et saint frère.

Pour l'avoir j'ai été obligé de poser avec lui, vous connaissez sa modestie et surtout son humilité.

J'aurais voulu faire effacer la mienne, mais la choses a été impossible, vous me regardez comme un fidèle ami à côté de votre cher frère.

Si vous veniez à Paris, je compte que vous descendrez chez votre frère ici, car c'est une même famille.

Daignez me croire en N. S.

Monsieur

Tout vôtre

Eymard

P. S. Au commencement de janvier je dois aller faire une visite à votre cher frère, je me chargerai de toutes vos commissions.


Nr.1075

An Frau Gourd

Adveniat Regnum tuum.

Paris, 11 Décembre 1861.

Chère soeur en N.-S.,

1· Si Mr le Curé vous demande grâce, accordez avec la condition d'en référer à qui de droit. C'est juste et convenable.

2· Vous avez bien fait de faire aumône à ce pauvre voyageur: la nécessité n'a pas de loi.

3· Vous pouviez et pouvez continuer les abonnements pieux de l'adoration.

4· Laissez votre adoration quand l'heure ordinaire de votre coucher est arrivée et que vous ne l'avez pas faite ou par impossibilité ou pour n'avoir pas su trouver votre temps. Dites en pénitence, dans ce cas, cinq Pater et cinq Ave en amende honorable avec les adorateurs.

5· Faites vos adorations en voyage quand vous êtes en route.

6· Allez, bonne fille, à Notre-Seigneur comme votre pauvreté vous met devant lui. Laissez votre pauvre esprit et mettez votre coeur à ses pieds.

Je vous bénis et suis, en N.-S.,

Tout à vous.

EYMARD.


Nr.1076

An Frau Chanuet

Paris 12 décembre 1861

Bonne Mère,

C'est samedi soir que nos ordinands vont entrer en retraite; et c'est le samedi 21 à 8 heures que commencera la cérémonie à St Sulpice.

Ainsi nous vous attendons avec joie et bonheur. Vous êtes la mère.

Si vous venez deux ou trois, veuillez me le dire, afin que je fasse disposer les appartements.

Si, par malheur, vous veniez seule, Melle Guillot a une cellule à votre disposition.

Vous serez grande et noble, Bonne Mère, le jour de l'ordination, on pourra dire de vous ce que l'on a dit de la mère heureuse de Jésus.

Oui, vous êtes heureuse d'être la mère d'un prêtre de Jésus! d'un religieux du T.S.Sacrement, le 1er ministre du Grand Roi, le Père Sacramentel de Jésus, et qui réunira en sa personne la puissance du Père, du Fils , du St.Esprit et de Marie.

Et moi, suis-je heureux d'avoir ce lien de parenté spirituelle avec vous, d'avoir pour fils votre fils!

Que le Bon Dieu est grand et bon! Aussi nous ne saurions jamais assez le bénir, l'aimer, le servir, le faire bénir de toutes les créatures.

Que Dieu répande ses cordiales bénédictions sur cette petite fille que j'ai baptisée, sur ses pieux et aimables père et mère que j'ai mariés, sur vous tous que j'aime beaucoup en N.S. , en que je suis, Bonne Mère,

Tout vôtre,

Eymard, Sup.SS

Madame Chanuet mère

à Lantignié par Beaujeu (Rhône)

(adresse rectifiée) Madame Chanuet mère,

rue Ste Hélène 18, Lyon


Nr.1077

An Fräul. Zenaide v. St. Bonnet

Paris 12 décembre 1861

Adveniat Regnum Tuum

Mademoiselle,

Je suis content de votre lettre.-

Le bon Dieu vous a donné la preuve sensible de la vérité et de la sainteté de votre voie, dans laquelle je désire bien que vous marchiez toujours.

C'est la bonne - elle vous donne la paix et la paix ne vient que de Dieu. - Dieu ne la donne qu'à l'âme qui est dans l'ordre de sa grâce et dans la fidélité à sa volonté.

C'est l'unique pour vous, du moins pour le moment - elle vous laisse votre liberté intérieure.

S. Paul a dit: là où est l'esprit de Dieu, là est la liberté. La liberté spirituelle c'est l'âme dans sa puissance d'amour. Soyez toujours libre dans vos affections comme dans vos actions.

Tournez toujours sur le pivot divin de la divine volonté du moment. - N'allez pas au devant des vents du Ciel, attendez-les, et quand ils arrivent, larguez vos voiles aux vents favorables, c'est-à-dire, soyez toujours prête à faire la volonté de Dieu du moment, et prête à tout laisser quand Dieu le veut.

J'ai compris la liberté de vos affections et la prudence de votre coeur. Soyez toujours ainsi.

Allumez bien le feu de l'amour divin, le matin, en votre coeur, afin qu'il s'y conserve tout le jour. - Que votre méditation fasse ce travail, cherche le bois, allume le feu - puis, de temps en temps, dans le jour, ranimez-le par quelques bonnes affections simples, tirées de vos occupations, sacrifices ou joies de l'âme.

Je vous donnerai mes méditations, mais attendez encore un peu. Je dois aller à Marseille pour le 6 janvier, je passerai à Lyon vers le 3 - je ne sais si j'aurai le temps d'aller vous voir en descendant, car je ne pense que dire la Ste Messe à Aynay, - puis repartir - mais ce sera à mon retour vers la fin du mois.

Voici mon adresse à Marseille: (7 rue Nau)

Je vous bénis, bonne fille, en N.S. Tout à vous.

Eymard


Nr.1078

A Madame Tesnière

Paris 14 décembre 1861

Adveniat Regnum Tuum

Bonne Dame Tesnière,

Depuis votre départ, plus de nouvelles directes de vous, et cependant Mme Irlande vous a écrit, et vous avez promis de donner de vos nouvelles, j'en ai reçu plusieurs fois, mais si je savais gronder, je le ferais un peu pour vous.

Mais comme je vous savais en pays connu et au milieu de mes bonnes connaissances, j'étais en paix de ce côté-là.

Chicery n'est pas à Paris, mais Paris a bien des misères en ce moment, tout va si mal, on n'entend que plaintes et peines. Vous avez là-bas la paix, la campagne, ayez-y le Bon Dieu tout près, et surtout tout bon. Il faut arriver à être soumise au service de ce Bon Maître, car vous avez tant souffert!

Tirez bon profit de vos souffrances, puisque le Bon Dieu vous les envoie. Soyez une petite religieuse dans votre cellule.

Je pense que votre cher fils va bien, j'en ai de bonnes nouvelles, il y a quelques jours, de M. L'Aumônier qui est venu me voir à Paris, M.Deuth, il va bien et on en est bien content.

Adieu, Bonne Dame, croyez-moi toujours en N.S.

Votre respectueux et dévoué serv.

Eymard S.S.S.


Nr.1079

An P. de Cuers

Paris, 17 Décembre 1861.

Bon Père,

Arrivez au nom de Dieu, sous la protection de la T. Ste Vierge, en la compagnie de St Jean.

Votre lettre, que je reçois à l'instant, nous comble de joie.

Seulement prenez les secondes, et couvrez-vous bien, surtout les pieds.

Je vous bénis de tout mon coeur et vous attends de même.

EYMARD, S. S.

P. S. - J'envoie ma lettre à la gare, avec l'espérance de la voir partir ce soir.


Nr.1080

A Monsieur de Benque, Présid. Adoration Noct. Paris

L.J.C.

Paris 18 décembre 1861

Cher Monsieur de Benque,

Nous prions bien à vos intentions, et l'oeuvre en a besoin.

Je suis étonné que M. Le Rebours n'obtienne pas, il est si bien auprès de Son Eminence; mais le démon est là contre; la pauvre nature humaine a peur, vous réussirez parce que l'honneur de Dieu y est engagé.

Le bon P.de Cuers me fait espérer sa visite pour samedi matin jour de l'ordination de 3 prêtres pour la Société; veuillez prier un peu pour eux; s'il arrive, je vous en donnerai de suite avis, afin que vous veniez à 12 ou à 6 heures du soir, partager notre fraternel repas.

Tout à vous en N.S.

Eymard SS


Nr.1081

An Marg. Guillot

Adveniat Regnum tuum.

Angers, 31 Décembre 1861.

Bien chère fille,

Que Notre-Seigneur vous bénisse en cette nouvelle année, et vous donne à vous et à toutes vos soeurs cette grâce d'amour qui est la vie, la vertu et le bonheur d'une vraie Servante du T. S. Sacrement. Oh! oui, chères filles, aimez le Roi et l'Epoux eucharistique: voilà toute votre loi, l'amour eucharistique, toute votre vertu et toute votre sainteté. L'amour véritable s'oublie, se dévoue, s'immole perpétuellement, non par intérêt ni par violence, mais avec joie et le seul bonheur de plaire.

Pour aimer royalement Notre-Seigneur, il faut mourir totalement à soi et en soi-même, car l'amour, c'est la mort, puis la vie. L'amour n'a ni jour ni heure limités; l'amour c'est l'éternité, toujours croissante en dons toujours nouveaux, en affection. Que votre coeur soit toujours dans son centre!

Je n'ai pas besoin de vous dire combien vous m'êtes présentes souvent, vous, soeur Benoîte et toutes vos soeurs, et combien je vous désire tout ce que le bon Maître veut vous donner et ce [qu'il veut] que vous soyez. Vous êtes ma chère famille.

Je suis bienheureux dans ce Bethléem. Le divin Roi a déjà trois jours; il grandira, je l'espère, et nous toujours à ses pieds.

L'ouverture de lundi par Monseigneur a été magnifique; beaucoup d'ecclésiastiques et de fidèles, un autel très beau; mais quand il a fallu aller au réfectoire, la divine Providence devait y pourvoir. J'avais fait faire le déjeuner de quinze personnes étrangères dehors, tout s'est assez bien passé, mais tout était d'emprunt, c'est bon.

Rien n'est beau comme une fondation faite par des hommes. A tout instant on rit, en disant: nous n'avons pas ceci, ni cela, pas même des épingles. Je sors de temps en temps, et je reviens chargé comme ces pauvres femmes de village revenant de la ville. Mais le bon Dieu est si bon! Nous sommes chez les Carmélites, qui nous donneraient toute leur maison; vous comprenez bien que la discrétion veut que nous n'ayons besoin de rien.

Encore une fois bonne année à vous, chère fille, mais meilleure que toutes; à soeur Benoîte, afin qu'elle glorifie bien Notre-Seigneur par ses souffrances; à toutes vos soeurs, que je donne tous les matins à Notre-Seigneur au saint Sacrifice.

Je vous bénis de cette beaucoup de Notre-Seigneur qu'il m'a donnée dans sa divine miséricorde.

En Lui, tout à vous.

EYMARD.

P. S.- Quand vous verrez M., remerciez-la de sa bonne lettre; je comprends son regret: Dieu l'a voulu.


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