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Nr.0701

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 6 Octobre 1857.

Vous me demandez, chère fille, quelques détails sur nos épreuves: les voici; le démon a tourné la tête à deux de nos prêtres pendant mon absence: ils ont mal parlé de l'Oeuvre au dehors; ils ont agi auprès de leur Evêque pour s'en aller, et on n'a pas ménagé l'Oeuvre. A mon arrivée, un frère qu'ils avaient amené est parti. Deux affaires tendant à nous procurer une maison ont manqué en mon absence.

Un de nos prêtre à écrit au Cardinal de Paris lui demandant un poste, chose que m'a fait une grande peine. Le P. de Cuers est resté fidèle et dévoué; c'est un saint.

J'apprends tous les jours des choses incroyables.

Au milieu de tout cela, mon coeur ne perd pas confiance.

Le P. Hermann est venu ici pendant mon absence, on lui a tourné la tête, et il nous écrit des choses incroyables.

Dieu seul, bonne fille, voilà la véritable pierre fondamentale et éternelle. J'espère que la main de Dieu nous soutiendra, nous prions beaucoup. Mon âme reste calme; il me semble que Dieu va faire quelque chose.

Si le P. Ch. vient, je serai bien dédommagé de tout.

Ne vous attristez pas pour nous; après la tempête viendra le calme; puis tant que je vois Jésus sur son trône, le reste est peu de chose.

Vous voilà donc une deuxième fois sur le calvaire; eh bien! Dieu le veut.

Soyez grande et libre avec le P. Jacquet; je pense qu'avec la règle écrite les difficultés seront moindres.

J'attends des nouvelles de la grande affaire du P. C.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

EYD.


Nr.0702

An Frau v. Grandville

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.

Paris, 6 Octobre 1857.

MADAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

J'ai reçu à Allevard votre lettre, et j'avais résolu de vous écrire de la montagne bénie de Notre-Dame de la Salette, j'avais même commencé; impossible de finir, j'ai été absorbé par les pèlerins et les bons confrères.

Depuis mon arrivée ici je ne l'ai pu; des croix m'attendaient: elles n'ont pas encore fleuri, mais je les reçois comme venant du coeur de Notre-Seigneur: - ce sont des déceptions, des abandonnements de l'oeuvre eucharistique de la part de deux prêtres sur lesquels j'aimais à compter; ils sont encore ici, mais leur parti est pris. Que Dieu en soit béni et glorifié.

L'oeuvre marche tout de même, l'exposition n'a pas souffert. Tant que Jésus sera sur son trône de grâce et d'amour, j'espère et j'ai confiance. Les épreuves sont légères quand on a Jésus.

Je vous envoie enfin mes procès-verbaux, pas pour longtemps, un mois; ils ne m'appartiennent pas, on ne voulait pas me les confier, on ne sait pas qu'ils vont si loin, on me les aurait refusés; mais je ne puis rien vous refuser, chère fille.

Je suis heureux de la bonne nouvelle de votre adoration. Oui, oui, mettez le feu eucharistique partout, et Dieu en embrasera votre âme.

De grâce, ne laissez pas la sainte Communion; toute votre force est là.

Je n'entre pas dans les détails de votre première lettre, ce serait venir trop tard, vous m'écrirez de nouveau sur votre état actuel.

Mes bien religieux hommages à Mademoiselle votre soeur.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, Sup.


Nr.0703

An Herrn Leo Dupont

2. A la suite du certificat de sa guérison, attribuée

aux prières faites en l'honneur de la Ste Face de N.S., le Père écrit:

"Que la grâce de Dieu et son saint amour fassent palpiter mon coeur et le consument pour sa gloire: voilà tout ce que je désire!"

7 octobre 1857


Nr.0704

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.

Paris, 9 Octobre 1857.

Je viens de recevoir, chère fille, la lettre du P. Champion par laquelle il me demande l'entrée; je lui ai répondu que je le recevais de bon coeur dans l'une et l'autre hypothèse, ne voyant pas pourquoi je serais plus sévère envers lui qu'envers un prêtre libre, puisqu'il serait libre de ses voeux.

Dites à ce bon Père de demander un certificat au P. Favre afin qu'il puisse avoir des pouvoirs et que cela lui serve de celebret; son honneur le demande. Quelle grâce pour nous! Je n'en reviens pas. Vive la croix quand Dieu l'adoucit ainsi! Qu'il vienne au plus tôt, car il doit trop souffrir................................................................. (12 lignes effacées). Priez bien pour le P. C. Que le bon Dieu le soutienne et nous le donne, ou plutôt à son divin Fils. Je vais bien. Je viens de recevoir une lettre de Mme G. J'irai voir le petit, mais s'il tient à s'en aller, il faudra le laisser aller: Dieu arrangera tout. Ecrivez-moi dès que vous saurez quelque chose.

Tout à vous.

EYMARD.

P. S. - Ce serait un beau trio, si le P. Br. venait un jour!


Nr.0705

An P. Champion

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie

Paris, 9 octobre 1857

Bien cher Père Champion

Je viens répondre à votre lettre du 2 ct., elle m'a bien ému, car depuis que je suis à Paris, je n'avais point de vos nouvelles. Je vois par votre lettre que vous désirer quitter le ministère apostolique pour venir partager notre vie eucharistique. - Je désire de tout mon coeur que Dieu vous appelle à cette belle vie; et que vous veniez partager nos peines et nos joies.

Vous me demandez 1· si je vous recevrai avec l'autorisation du T.R.P.Favre. - Oui, cher Père, de tout mon coeur - car parmi les prêtres qui sont autour de moi, je n'y trouve pas encore des hommes de vie religieuse. (La suite manque)


Nr.0706

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.

Paris, 18 Octobre 1857.

N'est-ce-pas, chère fille, que Notre-Seigneur est bon et bien bon? J'étais loin de m'attendre à tout cela; mais ce bon Maître m'y préparait intérieurement, que de choses! Mai Dieu en soit béni, tout sera une grâce.

Combien je remercie Notre-Seigneur de m'avoir envoyé le bon P. Ch.! La chambre de celui qui est parti n'était pas encore toute prête que le bon Père arriva; cette arrivée mêlée au départ de la veille m'a fait une surprise que j'ai payée par une bonne migraine de trois jours. Mais que ne souffrirait-on pas pour établir la règne eucharistique de Jésus!

Je suis allé chez les Père Maristes de Paris, espérant y voir le P. Favre; je n'ai vu que le P. Terraillon provincial, et qui savait tout, et à qui on avait déjà écrit que le P. Ch. sortait comme désobéissant; et on ne fait plus mention de sa demande [d'] il y a un an, de ses services. C'est ainsi que les hommes les payent; cette épreuve en fera que fortifier le Père dans sa nouvelle grâce; il nous édifie, il nous rend tout joyeux.

L'autre prêtre va partir un de ces jours; voilà que sa soeur est devenue idiote et comme un enfant depuis trois jours; quel commerce! Il paraît que c'est la peine de s'en aller qui lui a fait cette révolution.

Allons! bonne fille, si vous partagez trop vivement nos peines, il faut aussi en partager les grâces; réjouissez-vous en la grâce de Notre-Seigneur qui assurément triomphera du démon.

Nous en voulons point de la chappe.... remerciez-la pour nous; nous ne nous servons que du blanc.

Adieu.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.


Nr.0707

An Frau v. Grandville

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie.

Paris, 18 Octobre 1857.

MADAME,

Je regrette de ne vous avoir fixé qu'un mois pour copier ces manuscrits; craignant que cela vous fatigue, je vous donne deux mois, et plus s'il le faut, plutôt que de vous rendre malade.

Je vous remercie bien des bonnes choses que vous m'avez envoyées, je les ai lues et bien goûtées, et, chose admirable! je venais de relire les pages que vous m'avez envoyées sur la réparation lorsque une dame de vos amies me fait demander au parloir. A sa conversation je reconnais ou l'auteur ou la confidente de cette belle pensée, et je ne pus m'empêcher de lui dire que je connaissais l'oeuvre, qu'on m'avait écrit à ce sujet; je nommai Nantes et votre nom fut nommé de suite par cette dame.

Nous ne vous verrons donc pas cet hiver! Ainsi va la vie, on se rencontre et l'on passe, mais Jésus demeure: c'est le centre divin de tous les coeurs qui l'aiment et se vouent à sa gloire.

Je suis tout heureux de vous savoir tout occupée de l'oeuvre de l'adoration. Allez toujours de l'avant: l'Eucharistie exaspère l'enfer et les passions humaines, mais elle triomphe toujours, pourvu qu'il y ait un bras pour porter cette torche d'amour et mettre le feu divin sur son passage. Continuez à vous fortifier du Pain des forts, vous êtes trop faible pour vivre de votre fond et de votre piété.

Priez ce bon Maître de vous rendre telle qu'Il le veut, mais ne vous effrayez pas d'être ce que vous êtes.

Je ne sais si je vous ai parlé d'un charmant livre: L'amante, amante de Dieu. Il faut le propager, il est excellent.

Croyez-moi toujours, en Jésus-Hostie,

Tout à vous.

EYMARD, Sup.


Nr.0708

AU CARDINAL MORLOT. Archevêque de Paris

Paris 23 octobre 1857

Monseigneur,

J'ai oublié de mettre avec les pièces que j'ai eu l'honneur de présenter à Votre Eminence, celle qui est la plus consolante pour nous. Au mois de novembre 1856, j'avais reçu de Mgr de Tripoli une feuille de pouvoirs qui nous donnait la permission pour trois jours d'Exposition par semaine, suivie de la Bénédiction du T.S. Sacrement; cette feuille bien précieuse pour nous s'est égarée parmi les papiers de Monsieur Surat à qui je la confiai au mois de décembre dernier. Notre nombre ayant augmenté, Monseigneur de Tripoli (qui nous avait été donné pour Supérieur par Mgr l'Archevêque) nous donna ensuite celle que je remets à Son Eminence, afin qu'elle juge tout ce qui nous concerne, avec connaissance de cause.

Je suis heureux d'être, avec la plus profonde vénération et un entier abandon, Monseigneur, de Votre Eminence

l'humble Fils en N.S.

Eymard Sup.

Paris, 28 octobre 1857.


Nr.0709

An Fräul. Fanny Matagrin

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 29 Octobre 1857.

Mademoiselle et chère fille en N.-S.,

Je viens d'apprendre que vous êtes dans une grande tristesse; que votre bon et cher père est bien souffrant. De suite je vous ai recommandés tous deux à Notre-Seigneur, car je comprends combien cette croix est lourde et pénible. Soyez forte, chère fille, soyez grande sur la croix, avec Notre-Seigneur; c'est le moment de baiser sa main adorable dans ses desseins, dans les épreuves comme dans les consolations.

Quel bonheur pour votre pauvre père de vous avoir autour de lui! de recevoir de vous les secours spirituels et corporels! Oh oui, vous serez bénie et deux fois couronnée, parce que vous avez sauvé et soigné votre père! Pensez à son âme, à son paradis. Je sais que vous l'avez fait; mais si Dieu voulait à lui cette belle âme, ornez-la, aimez-la pour la gloire de Dieu. Nous commençons aujourd'hui une neuvaine pour la guérison si c'est pour le bien de son âme; et pour vous, chère fille, afin que Dieu vous soutienne et vous console en ces jours de peine et de douleurs. Que ne suis-je près de vous! j'irais vous aider à porter cette croix. Au moins, nous prierons beaucoup.

Laissez-moi, en finissant, vous remercier encore de tout ce que vous avez fait pour Notre-Seigneur. C'est un souvenir toujours vivant pour moi.

Je suis en N.-S.

Tout à vous.

EYMARD.

Mademoiselle Matagrin, Tarare.


Nr.0710

An Fräul. Antonia Bost

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie!

Paris, 29 Octobre 1857.

CHERE MADEMOISELLE,

Merci, grand merci de m'avoir donné de vos nouvelles et des nouvelles de Mlle Matagrin. Je vous prie de lui remettre cette lettre.

Vous souffrez toujours, pauvre fille! Je le comprends: un coeur qui aime et qui a toujours aimé ne peut que souffrir pour se consoler.

Mais pourquoi tant de larmes sur une sainte mère? Je les bénis sans doute, parce qu'elles sont si pures, mais elles vous font du mal; elles abrègent vos jours; elles resserrent votre coeur.

Ne pleurez plus, car votre bonne mère est au Ciel, elle se réjouit en Dieu, elle vous attend, vous voit, vous aime, vous bénit.

On ne pleure pas sur les élus, ou bien un peu seulement, comme Jésus sur Lazare son ami, Marie sur Jésus.

Oh! comme vous devez, chère fille, comprendre que Dieu seul est la vie, et la vie de l'amour comme son bonheur! Aimez bien ce Bon Dieu qui aussi vous prépare un beau trône, une belle et virginale couronne, qui vous aime en Dieu, infiniment et éternellement.

Je prie bien pour vous, pour tous les vôtres. Faites-le un peu pour moi.

Vous savez avec quel dévouement je vous suis, chère fille, tout uni en N.-S.

EYMARD, S. S.


Nr.0711

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 29 Octobre 1857.

Bien chère fille,

Je ne puis vous dire les sentiments divers qui se sont succédé dans mon âme en lisant votre lettre; mais vous voulez donc faire comme le bon Dieu qui donne toujours sans s'épuiser jamais! Mais est-il possible que vous ayez toujours de quoi donner! Comment vais-je solder tout ce grand compte? Vraiment je voudrais me fâcher un peu. Voici l'hiver; il vous faut faire des provisions; vous êtes souffrante, et voilà que vous nous donnez tout ce que vous avez. J'en pleurerais de tristesse, moi qui serais si heureux de vous partager, non mes petites croix, mais notre bourse et notre pain; c'est trop fort, j'en ai le coeur gros... (5 lignes effacées) ...

Le bon P. Champion va bien, très bien, il est heureux et content. Le voilà dans son centre. Notre-Seigneur se le réservait depuis longtemps; quel bonheur pour moi d'avoir un aide si bon et un tendre frère!

La joie est rentrée dans la maison avec le bon Père, rien ne coûte, il est si dévoué d'ailleurs.

Nous avons bien souffert de ces quatre départs; mais le bon Dieu nous console; hier un bon frère nous est arrivé de Marseille pour être sacristain. C'était un emploi qui souffrait.

Me voilà un peu plus à moi depuis hier; je vais écrire aux personnes avec qui je suis si en retard. Son Eminence m'a demandé nos Constitutions, et il a fallu y travailler beaucoup.

J'ai admiré le bon souvenir du vénérable Curé d'Ars, et cela m'a bien réjoui.

Assurément nous aimerions bien Lyon: notre coeur y est; mais vous savez, chère fille, que Mo<se et Aaron ne changeaient l'arche de place que lorsque la colonne du désert s'élevait et marchait devant eux. Notre Roi, c'est Jésus; nous irons où il ira, et resterons où il restera.

Je ne vais pas mal, assez bien même. Priez toujours pour nous, faites... le démon s'agite plus que jamais. Il paraît qu'on nous a desservi auprès du Cardinal. Il croyait, ce bon Archevêque, que nous étions à Paris sans permission, et sans l'approbation de Monseigneur Sibour.

Je lui ai donné toutes nos pièces. Il en arrivera ce que Dieu voudra, et ce que Dieu veut est toujours le meilleur.

A la première occasion je vous enverrai un onguent excellent pour votre pauvre soeur Mariette, cela la guérira.

Mes affectueux souvenirs à toutes vos soeurs.

Tout à vous.

EYMARD.

P. S. - J'ai écrit un petit mot à Madame Delpuche.

Je décachète ma lettre pour vous dire que je viens de voir... il est installé... il est content et heureux...

Si la caisse n'était pas encore partie, j'aurais bien désir, que vous eussiez la bonté de nous envoyer un ornement violet, simple, galons de soie, de 50 fr. environ. Ayez soin que le voile du calice soit large et carré, sans doublure et tout soie.

Si... nous fait faire un calice, il faudrait suggérer qu'on prît la forme du moyen-âge basse et large.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

17 Rue du Juge de Paix, Fourvière.

Lyon.


Nr.0712

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 1er Novembre 1857.

J'ai tout reçu, chère fille, ce que votre charité nous a envoyé; les confitures sont arrivées à bon port, et elles sont excellentes.

Le bon P. de Cuers, sacristain, était dans la jubilation de recevoir quelque chose pour sa sacristie devenue un peu vide par les enlèvements.

L'ornement est bien joli, merci... (6 lignes effacées).......................................................... ...........................................................................................................................................................................................................

Le P. Champion a été heureux de sa croix et de tout votre bon souvenir. Il a le coeur bien humble; écrivez-lui quelques mots de temps en temps.

Acceptez la charge de Rectrice puisque tout s'en mêle, mais pour tenir le timon du navire, et non pour être toujours à la manoeuvre.

Remerciez bien pour moi le bon Père Gaudioz; je lui écrirai plus tard.

Oui, oui, nous dirons de suite des messes pour vos morts: ils sont nôtres aussi; ils passeront les premiers.

Le P. Champion, depuis hier, a tous les pouvoirs de l'Archevêché, et le voilà bien en règle.

Je n'ai que le temps de vous bénir.

Tout à vous en Jésus-Christ.

EYMARD.


Nr.0713

An Frau Gourd

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 7 Novembre 1857.

Enfin, chère fille en Notre-Seigneur, me voici un peu à vous. J'ai été comme quelqu'un qui a été exposé à la grêle sans abri, ne pensant qu'à la recevoir et n'ayant le temps pour autre chose, disons mieux, le courage.

Ces petites tempêtes sont passées en partie; deux prêtres, la soeur d'un de ces messieurs, un frère sont partis. Ce qui me causait de la tristesse, c'était de voir que peut-être il faudrait suspendre notre Exposition, faute de sujets. Mais Notre-Seigneur a eu pitié de nous.

Quelques heures après le départ du premier prêtre, le P. Champion est arrivé; et, quelques jours après, un frère; de sorte que nous restons six comme avant. Voyez que le Bon Dieu est bon! Oui, notre Oeuvre eucharistique vient de Dieu, nous avons tant de miracles de providence que nous serions bien ingrats et bien aveugles de ne pas le voir et remercier sa divine bonté.

Que Dieu vous rende ce que vous lui avez prêté en notre pauvre personne. Vous vous dépouillez trop pour Jésus; soyez moins prodigue envers nous. J'ai vu l'aîné des fils D., il est bien ce jeune homme, et me paraît très intelligent. Je lui ai proposé de le placer chez un maître cordonnier en ville, bon chrétien, et où il pourrait se perfectionner dans son état. Il a accepté avec grand plaisir. J'attends bientôt une réponse; ce sera encore là, chère fille, une grâce de plus de la divine Providence. Je ne lui ai pas remis votre lettre, je pensais que c'était inutile.

Pour cette pauvre fille qui vous demande à louer une chambre et à aller à ses journées, vous avez bien fait de l'en détourner; il vaudrait mieux la laisser aller chez son père, parce qu'on n'aurait pas la responsabilité de ses chutes très probables dans ce genre de vie.

Il me semble avoir entendu parler de cette demoiselle Besson, mais j'aimerais bien mieux la voir là qu'ailleurs. Ordinairement, ces maisons sont bien famées, autrement elle n'auraient pas la confiance.

Cependant, si elle vous demande à revenir vers son père, laissez-la revenir; Dieu arrangera toutes choses pour le mieux. Si elle avait eu la vocation religieuse, on aurait pu la placer dans une bonne Communauté. Tenez à ce qu'elle essaie dans cette institution; si elle a de l'instruction, ce serait une bonne condition pour la faire entrer dans une Communauté.


Nr.0714

An Frau v. Grandville

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 8 Novembre 1857.

MADAME ET CHERE FILLE EN N.-S.,

J'ai lu avec grand plaisir toutes les lettres que vous m'avez envoyées, merci. Que le bon Dieu est bon de me mettre en rapport avec de si belles âmes!

Ne me copiez pas ces procès-verbaux; comme ils appartiennent à une de ces dames de Paris, si j'en avais besoin je les lui demanderais. Je regrette le temps que vous mettez à copier ces petits lambeaux de dévotion. Ménagez votre santé.

Le service eucharistique de Notre-Seigneur va bien au milieu de toutes les pauvretés spirituelles de ses pauvres serviteurs. Les épreuves vont et viennent comme le flux et le reflux de la mer, mais Jésus nous aime et nous soutient.

Tout à vous en sa divine charité.

EYMARD, Sup.


Nr.0715

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 10 Novembre 1857.

Avec vous, je dis: que Dieu soit béni! Vous aurez le mérite de l'acceptation; laissez faire, et mettez-vous de côté, mais sans avoir l'air de bouder. Ne dites que du bien de la nouvelle rectrice, et n'approuvez aucune malice contre les nouvelles conseillères; dites à toutes que la grâce d'obéissance fait les supérieures, et leur donne la sagesse et la puissance.

... (huit lignes effacées) ....................................................................................................

Pour... demain nous commencerons une neuvaine en l'honneur du Sacré-Coeur de Jésus pour les âmes du Purgatoire.

Oui, oui, le bon Dieu lui rendra son mari bon chrétien. Quant à la question de rentrer avec lui, cela mérite réflexion. En justice de conscience elle n'y est pas obligée; ce ne serait qu'en vertu de la charité. Il faudrait adroitement prendre des renseignements sur ses affaires temporelles et exiger le renvoi... sans doute.

Il faut bien prier; écrivez-moi ce que vous en saurez.

La poste part.

Tout à vous en Notre-Seigneur.

EYD.


Nr.0716

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 12 Novembre 1857.

Je viens vite, chère fille, vous dire que ce joli calice a 28 centimètres en trop haut et doit être bien gros; j'en ai vu chez Mr Favier de Paris, oncle des M M. Favier de Lyon; ils sont de 20 à 22 pouces environ. Dites à Mr Favier que c'est le modèle de Troyes, le pied est plat.

Mr Favier nous le laissait à 225 francs, doré; et il faut noter que la main d'oeuvre est plus chère à Paris qu'à Lyon.

J'ai oublié de vous dire que j'avais commencé la neuvaine pour votre mère mardi passé: je la continue..... .... .. Il faut être pur pour entrer dans le ciel... votre mère était si bonne si pieuse si sage! .... le ciel est sans nuage; c'est la clarté de Dieu, il n'y faut point de taches... Nous n'avons encore aucune réponse pour nous fixer sur un local. Il paraît que pour le moment le bon Dieu nous veut sans lieux, sans bails, sans vue pour l'avenir: qu'il en soit béni! Le bon P. Ch. ambitionne bien une maison, d'être définitivement casé, et au foyer des populations; son désir est sans doute bon, mais le Bon Dieu n'a pas encore dit: je veux habiter là, voilà ma maison. Son arche sainte est sous une tente, mais Jésus ne changerait pas pour être dans une belle église, et nous, dans une maison à nous.

Et mes comptes! Vous oubliez toujours vos affaires!

Nous recevrons avec joie le P. B.; mais il faut attendre encore.

Si le bon Dieu le veut avec nous, il lui donnera bien une occasion favorable. Pour moi, je n'ai pas besoin de rien; je le connais, et cela suffit; mais à l'Archevêché, on exigera toujours un certificat ou un Celebret de l'Archevêché de Lyon. Le P. Champ. le dirigera là-dessus. Ce bon Père va bien; il est ici comme s'il y avait toujours été: c'est que son attrait a trouvé son centre.

J'ai vu... elle a écrit une lettre très forte à... en lui disant positivement qu'elle la rendra à son père si elle ne profite pas des soins des soeurs; et, si elle ne se convertit pas, c'est tout ce qu'on a à faire. Nous verrons ce que fera la lettre.

J'ai encore peu vu ces bonnes Dames; je croix qu'elles ne sont pas bien libres, et moi parfois aussi.

Ne pleurez donc plus! Vous vous rendrez malade; et puis j'en serais désolé. Soyez plus forte et plus confiante en Dieu.

Laissez faire le bon Dieu, il dirigera tout pour le mieux.

Toujours tout à vous en Notre-Seigneur.

EYMARD.

P. S. - Ne craignez pas de nous ennuyer par vos

lettres; vous savez avec quel intérêt nous les lisons.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

17 Rue du Juge de Paix, Fourvière.

Lyon.


Nr.0717

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

26 Novembre 1857.

Bien chère fille en Notre-Seigneur,

Vos lettres nous sont une bonne et agréable récréation, et nous ne les trouvons jamais trop longues... (24 lignes effacées) ...

Quant à la bonne Dame... plus je vais, plus j'ai de la répugnance à lui dire d'aller avec son mari; la question est grave. Il faut non des espérances, des probabilités, quelques actes de religion, mais un retour sincère et soutenu; il faut, non des démarches indirectes, mais personnelles. Ce que Madame a à répondre est tout tracé; qu'elle ne refuse pas de retourner avec son mari s'il est devenu chrétien et meilleur mari, mais qu'elle a besoin de voir par les faits et la conduite soutenue. S'il était plus généreux et s'inquiétait un peu plus si sa femme a tout ce qu'il lui faut, s'il s'intéresse à elle, cela serait un commencement de sentiments meilleurs.

Il ne faut pas que Madame fasse condonation du passé facilement et sans garantie; car alors, elle n'aurait plus pour elle la justice et la loi.

Présentez-lui mes affectueux hommages et ma vive gratitude.

J'en viens à vous, chère fille.

Ne vous pressez pas pour l'oeuvre de Mlle Duchère; je vais prendre ici des renseignements sur elle; puis cela vous lierait beaucoup.

Nous attendons la réponse de l'oeuvre des Tabernacles. Si elle est négative pour l'union, nous verrons pour celle de la propagation de la foi.

Je ne me soucie pas de Mll R. à cause de son peu de santé. Je l'ai connue si faible.

C'est le mardi et le mercredi.... que j'ai commencé votre neuvaine... (5 lignes effacées) ... Jeudi à 8 h. le Père Champion a dit la Messe pour ... (deux lignes effacées) ...

Soyez tranquille sur le T. O. et tout ce qui est arrivé et arrivera; car il faut bien vous attendre aux petites humiliations du changement, aux petits murmures et surtout aux peines intérieures; tout cela est le commencement de la liberté: courage et confiance! Seulement, en ces moments de souffrance, étouffez les violences de la nature. Soyez muette aux contradictions, et tout abandonnée à la grêle et aux tonnerres qu'il plaît à Dieu d'ordonner et de vouloir sur vous.

Oui, oui, bonne fille, votre place est prête et sera toujours réservée; ne vous inquiétez pas de cela. Au jour et à l'heure dite, vous viendrez calme et joyeuse.

... demande... moi la sagesse et la prudence, à tous le saint amour.

J'ai écrit au P. B.; je ne sais ce qui arrivera. Je viens de recevoir la demande d'un prêtre qui paraît bien pieux.

Ecrivez-nous.

Que Jésus vous console et vous bénisse.

Tout à vous.

EYD.


Nr.0718

AUX ABBES LEMANN.

Paris, Rue d'Enfer 114, 1 décembre 1857

Bien chers amis,

Il paraît que le R.P. Hermann ne vient pas prêcher l'Avent à Ste Clotilde; l'Univers annonce que c'est M. le Curé qui prêchera.

Deux fois je suis allé pour vous remercier de vos jolis meubles, je n'ai pas été assez heureux pour pouvoir vous voir, daignez, en attendant, recevoir ici l'expression de toute ma vive reconnaissance. Jésus-Hostie d'amour, vous le rendra en grâces. J'ai trouvé dans le bureau de M. l'Econome, un billet de 100 Fr; avant de le lui rendre je voulais vous demander s'il serait à Vous.

Mes affections à nos amis.

Tout votre en J. C.

Eymard.


Nr.0719

An Marg. Guillot

Tout pour l'amour de Jésus-Hostie.

Paris, 3 Décembre 1857.

Dieu soit béni! bonne fille, vous voilà libre: restez bien libre et en dehors de tout; c'est bien temps que vous laissiez tout ce tracas de bavardages et de misères. Continuez de ne dire votre secret et vos peines qu'à Dieu et à nous.

Dites du bien et rien que du bien des membres du Conseil et de la Rectrice; inutile à présent de faire la leçon et vis-à-vis des Pères, soyez très réservée et vous tenez sur l'abstention, car vous savez ce que dit l'Imitation: Ceux qui sont aujourd'hui pour vous, demain seront contre vous. Vive Dieu seul!

Votre lettre est bien; envoyez-la telle qu'elle est, et tenez bon.

Si l'on vous demandait cependant quelques renseignements, donnez-les sans façon, tout simplement.

Demain... et après-demain, je dirai la Messe, celle que vous me demandez.

Les bonnes... vont bien. Elles viennent ici quand elles peuvent; nous parlons souvent de vous. Votre vocation s'épure et s'éprouve; il paraît que cela ira vite. Je vous voudrais toutes ici.

C'est le bon Dieu qui arrangera tout cela.

Je prie beaucoup pour... car c'est une consolation pour nous de la voir si affectionnée à notre Oeuvre eucharistique.

Tout à vous en J.-C.

EYD.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

17 Rue du Juge de Paix, Fourvière.

Lyon.


Nr.0720

An Frau Tholin

Tout pour l'amour et la gloire de Jésus-Hostie

Paris, 19 Décembre 1857.

BIEN CHERE SOEUR EN N.-S.,

J'ai eu le malheur de laisser votre réponse à un moment plus calme et je ne le trouve qu'aujourd'hui; j'en profite de suite.

Que Dieu est bon de donner à votre bon Père de si généreuses résolutions, et, ce qu'il y a de plus consolant, de lui faire faire de si grands sacrifices! C'est là la preuve la plus certaine de la grâce de Dieu.

En lisant son intention d'aller à la Chartreuse, j'ai regretté de n'avoir pas notre Communauté assez formée pour vous dire: "Mais c'est au Très Saint Sacrement que votre Père doit être! Nous serions heureux de le recevoir à ce titre!" Mais comme il faut respecter les desseins de Dieu sur les âmes, il faut laisser cette pensée de la Chartreuse grandir et se perfectionner dans cette belle âme: Dieu fera le reste. Encouragez-la, au contraire.

La vie des Chartreux est plus facile à un âge mûr que dans la jeunesse. Pour votre chère soeur, pourquoi toujours pleurer et se faire ainsi du mal? Grondez-la bien. Pour la vocation religieuse, elle sera bonne, parce que là son coeur s'attachera uniquement et de toutes ses forces à Dieu; mais il faut consulter son attrait, et ses forces. La vie des Soeurs de la Charité n'est pas une vie de recueillement, mais d'action: c'est Marthe.

Vous allez à Saint-Chamond; tant mieux! Vous y ferez du bien et vous arroserez cette petite fleur blanche de l'Eucharistie.

Embrassez vos enfants pour moi; je les bénis. Priez pour nous; nous voici depuis trois jours dans une épreuve: on m'a annoncé la vente de notre maison, et dans trois mois il faut sortir et abandonner ces lieux si chers; mais nous emporterons Jésus avec nous.

Tout vôtre en J.-H.

EYMARD, S. S. S.

P.-S. Ne soyez pas si paresseuse à écrire.


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