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Nr.0521

An P. Jandel O.P.

Au T.R.P. JANDEL, Maître Général O.P.

La Seyne, 2 août 1855

Mon Très Révérend Père,

Je vous avais fait une lettre, il y a quelque temps, pour vous prier de me donner un conseil de Père relativement à l'oeuvre du T. S. Sacrement. Je ne l'ai pas envoyée; je préfère vous envoyer le bon Père Touche, Missionnaire Apostolique, à qui je dois après Dieu, la piété, ma vocation. Il vous dira toute mon âme, daignez le recevoir comme moi-même.

Je ne sais comment, mon T. R. Père, vous dire ma reconnaissance et mon entière confiance; Dieu notre bon Maître sera mon secours.

Je suis en toute simplicité, Mon T.R. Père,

Votre enfant

Eymard.

Au Révérendissime Père Jandel

Supérieur Général des Dominicains,

à Rome.

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Nr.0522

Im franz. Katalog keine Angabe, wo veröffentlicht

An Papst Pius IX.

La Seyne, 2. August 1855

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Nr.0523

An Marg. Guillot

Mont-Dore, Hôtel de Paris, Puy-de-Dôme, 11 Août 1855.

Je suis aux eaux du Mont-Dore, chère fille, le médecin de Néris m'y a envoyé, à cause de la poitrine et d'un catarrhe; je suis arrivé hier au soir.

C'est un pays froid, où je n'ai trouvé personne de connaissance; me voici bien seul, ce que je désirais. Mais il y a le ciel sur ma tête, à côté de moi le divin Tabernacle: j'ai tout ce qu'il me faut.

Priez bien pour la grande chose dont je vous ai parlé; nous n'avons pas causé avec le T.R. Père Général de votre affaire, ni de la mienne; nous ferons tout cela à mon retour.

Adieu, ma fille, mes affectueux souvenirs à vos chères soeurs.

Tout à vous en J. C.

EYD.

A Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 17.

Lyon (Rhône).


Nr.0524

An Marg. Guillot

Mont-Dore, 17 Août 1855.

J'ai reçu tout ce que vous m'avez envoyé, ma chère fille. Je vous en remercie bien. J'ai lu avec beaucoup d'attention votre lettre et les réflexions que vous me faites tout simplement sur mon ouverture. En vous faisant cette ouverture pleine et entière, je vous ai montré ma confiance en vous, et le désir que j'ai que vous vous mettiez bien en prière pour que la sainte volonté de Dieu se fasse, malgré les répugnances de la nature, mais à sa plus grande gloire et pour son plus grand amour.

Si ce plan vous a bouleversée, ma chère fille, sachez qu'il me crucifie depuis bien longtemps: la nature, l'affection filiale que j'ai pour ma chère Société, pour mes si bons confrères et mon supérieur, leur bonté à mon égard, ma faiblesse spirituelle et corporelle, tout me dit sans cesse de rester tranquille. D'un autre côté, je ne veux pas ne pas correspondre à la grâce de Dieu, s'il daigne me choisir malgré mes grandes misères pour travailler et mourir pour cette belle Oeuvre, et je me sens attiré vers elle, comme quelqu'un qui ne peut plus reculer.

Si je ne vous ai pas dit d'abord tout cela, c'est qu'avant la visite du T.R. Père Général, je ne savais pas comment cela s'arrangerait. J'espérais sincèrement son consentement; ma pensée s'arrêtait là.

Puis, je me serais fait un cas de conscience de vous dire de renoncer à la belle pensée de cette maison de Nazareth.

Quand Dieu ne montre pas clairement le côté négatif d'une oeuvre, mais seulement le bien, on doit continuer la chose commencée, ou bien attendre.

Ainsi, ma pauvre fille, si votre pauvre nature a souffert un instant, relevez-la par le saint abandon, mais ne vous découragez pas.

Je crois que la vue de la Sainte Face était pour vous préparer à ce qui est arrivé, estimez vous heureuse de souffrir ce que J.C. vous envoie en son saint amour.

Ce que vous avez fait d'écrire, n'est pas mal; il a tort de parler ainsi, mais, regardons là-haut avant de voir l'homme et d'agir. Je pense que vous l'avez fait.

Les eaux passent bien; quant au bien-être, on dit que ce n'est qu'après qu'on le ressent. Je ne vais pas mal. Je vais écrire un mot à Mlle de Revel. J'ai bien regretté de ne pouvoir aller jusque vers elle, mais le temps m'a manqué, heureux d'avoir profité de ce moment de samedi pour aller vous voir.

19. - Demain, je dirai le Messe pour votre chère mère (1); gardez-moi le secret de ce que je vous ai communiqué, vous l'avez fait, c'est bien.

Tout à vous en J.C.

EYMARD.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 17, Fourvière,

Lyon (Rhône).

(1) Ne la marquez pas. Adieu.

Ne dites pas encore la séparation des deux oeuvres, attendez: qui sait ce qui sera décidé?


Nr.0525

An Fräul. v. Revel

L.J.C.

Mont d'Or 18 août 1855

Mademoiselle & bien chère Soeur en Marie,

Me voici au mont d'or au lieu des eaux de Vichy, de Néris, &c, où l'on m'envoyait il y a fait froid jusqu'ici, voici deux jours de beau.-

J'y suis bien seul, aucune connaissance, aucune visite, mais dans une pauvre chambre se trouve N. Seigneur, là j'y vais quand je puis, & cela me fait du bien.

J'ai bien regretté de ne pouvoir vous voir à mon arrivée; je l'espérais pour le dimanche, quand il a fallu partir à 1 heure 1/2 après midi -

J'ai eu de vos nouvelles, par Melle Guillot que je vis le samedi soir, mais le temps me manqua pour descendre vers vous, c'était 5 1/2 du soir - Puis le Bon Dieu voulut ce sacrifice. Si je ne puis aller jusque vers vous je vous ferai dire mon arrivée & le moment où nous pourrons nous voir. J'ai bien des choses à vous dire, & j'en attends autant de vous vous m'avez laissé longtemps sans lettres, & moi en les attendant je suis resté silencieux, j'avais appris que vous étiez aux eaux à Vichy - Je suis ici pour huit à dix jours encore, les eaux me font pas mal, mais c'est bien triste, - j'ai le bonheur de dire la Ste messe & c'est un grand dédommagement -

Priez pour moi, bonne fille, & croyez-moi toujours

tout à vous en J.C.

Eymard

p.m

Mademoiselle

Mademoiselle de Revel

rue Ste Hélène 13

Lyon

Rhône


Nr.0526

An Abbé Nègre, Seminarist

Mont-Dore, 25 Août 1855.

Chers amis,

Mon silence vous a tenus en peine. Je ne pouvais vous écrire, ayant passé presque tout mon temps en voiture. Ici, je suis tranquille depuis quelques jours; j'en avais besoin.

Les eaux me font du bien. Dieu, dans sa divine bonté, semble m'avoir donné ce moyen de soulagement pour me demander plus de dévouement à son saint service. Aussi est-ce le désir de mon âme de travailler de plus en plus à sa gloire et à lui gagner des coeurs. Que Dieu est bon de vouloir se servir d'un être si pauvre et si misérable! Dieu n'a pas besoin de nous; mais quand il daigne se servir de notre misère et de notre néant pour sa gloire, quand il nous fait l'honneur de souffrir pour son nom..., nous sommes bien heureux. L'essentiel, c'est de lui être fidèle. - Soyez-lui bien fidèles, chers amis, et vous aurez le centuple.

Que votre coeur craigne la croix, que le démon s'agite, que le monde vous veuille: regardez le divin Prisonnier et suivez-le dans sa vie d'amour. Prions bien, et Dieu sera avec nous. Attendons avec confiance le moment de sa Providence.

Je vous écris cette lettre collective, n'ayant pas le temps d'écrire à chacun de vous.

Dieu sait combien vos âmes me sont chères.

Tout à vous.

EYD.

P.-S. - Ayez la bonté de présenter mes respects à Mlle Dalaca et à sa bonne mère.


Nr.0527

An Fräul. Stéphanie Gourd

L.J.C.

26 Août 1855.

J'ai lu, ma chère fille, avec beaucoup de plaisir votre lettre. Aux eaux on a bien le temps.

Bénissez toujours la divine Bonté qui vous a exaucée pour votre bonne maman, mais ne vous reposez pas sur cette première grâce. Vous en avez d'autres à solliciter. Dieu aime à être importuné, violenté par la confiance constante. Ce cousin reviendra, il faut prier.

J'en viens à vous, ma pauvre fille.

1· Point de secret pour votre mère, si la convenance due à la personne ne vous permet pas de répondre cela; pour vous, sachez que vous n'êtes pas obligée de garder ce secret vis-à-vis de votre bonne mère.

2· La tentation du sommeil dans vos oraisons vient peut-être de ce que vous ne dormez pas assez. il vous faut de sept heures et demie à huit heures de sommeil.

Quant aux moyens que vous m'indiquez, je ne les approuve pas. Ayez un peu de vinaigre ou d'eau fraîche pour vous réveiller. Ne vous faites pas trop de [peine] de cette tentation.

Priez vocalement; quand le sommeil veut paralyser votre méditation, prenez un peu l'air.

3· Pour la petite retraite du mois, quand, par extraordinaire, vous n'aurez pu la finir le jour même, faites le lendemain l'exercice manqué et tout sera dit.

4· Pour vos bonnes oeuvres, continuez comme la maman le fait ou l'approuve, cela vaut mieux.

5· Quant aux petits désagréments et aux petites contrariétés, ne faites pas semblant de vous en apercevoir. Soyez également bonne, prévenante, gracieuse, et puis laissez à Dieu le soin de tout arranger.

6· Faites une neuvaine au Très Saint Sacrement pour moi, à mon intention.

Adieu, ma chère fille, soyez heureuse avec Jésus votre Epoux.

Votre tout dévoué en N.-S.

EYMARD.


Nr.0528

An Frau Gourd

L.J.C.

Mont-Dore, 26 Août 1855.

Madame et chère soeur en J.-C.,

Je ne veux pas quitter le Mont-Dore sans répondre à votre lettre. A sa lecture, j'ai partagé votre bonheur et avec vous j'ai remercié le Bon Dieu de toute mon âme de l'insigne grâce qu'il a faite à votre si bonne mère.

Avant, je l'estimais; à présent son âme m'est doublement chère. Que Dieu achève l'oeuvre de sa divine miséricorde et comble son âme de ses ineffables consolations!

J'en viens à vous, ma chère fille; ces insomnies, cet accablement de l'esprit, ce peu de mémoire, tout cela dénote un affaiblissement de votre santé; aussi, autant que vous le pourrez, par obéissance, prenez un plus long sommeil. C'est l'essentiel de la vie physique; faites cela comme une bonne oeuvre; mais arrangez-vous pour être plus fidèle.

La sainte Messe, le Chemin de croix, le chapelet, c'est assez de prières vocales; mais tenez bien votre âme entre les mains de Dieu, comme un enfant, à la disposition amoureuse de son bon Père et qui veut lui faire plaisir en tout.

Soyez indifférente à toutes choses et n'aimez que celles que Dieu aime, et ne choisissez que celles qui sont de son bon plaisir.

Vous êtes bien pauvre, c'est vrai, bien misérable; que faire? C'est votre état, comme celui du pauvre est de mendier et de souffrir, et surtout de faire la paix avec ses haillons et d'avoir la paix avec lui-même. Faites ainsi et, au milieu de tout ce pauvre cortège, soyez encore calme et un peu joyeuse dans l'âme.

Voyez comme Notre-Seigneur vous aime; il veut habiter chez vous, non comme chez Zachée, mais comme avec Marie sa divine Mère. Occupez-vous de ce bon Maître comme vous vous occuperiez d'une amie parfaite qui irait vous voir; et cela n'est pas assez; occupez-vous avec Jésus comme l'Epoux divin de votre coeur, et cette pensée vous inspirera tout ce que vous devez faire.

A mon arrivée à Lyon (je pars demain), je m'occuperai de votre protégée chez Mr Rey.

Je vous demande l'aumône d'une neuvaine à Jésus-Eucharistique à la réception de ma lettre. Le 2 septembre commence notre retraite jusqu'au 10.

Adieu, chère fille.

Tout à vous en J.-C.

EYMARD.

Madame Gourd.


Nr.0529

An Marianne Eymard

Lyon, 2 Septembre 1855.

MES CHERES SOEURS,

Me voici à Lyon, j'arrive des eaux du Mont-Dore où je suis resté près de vingt jours. Je ne sais pas encore le bien que ces eaux m'auront fait; on me dit que ce n'est qu'au bout d'un mois qu'on l'éprouve. J'ai pu les supporter, quoiqu'elles soient très fortes.

Nous commençons notre retraite aujourd'hui, elle sera terminée dimanche prochain. Priez bien pour que je la fasse bien saintement.

J'ai vu Madame d'Aringue pour son orphelinat, et cette sainte dame a bien voulu me promettre de prendre une des deux orphelines dans le mois de novembre. Remerciez Dieu de cette faveur, car elle est grande.

Les Dlles Guillot se portent assez bien. Je vous quitte parce que dans un instant on va commencer la retraite.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD, p. m.

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

à La Mure d'Isère.


Nr.0530

An P. Touche

Au R. P. TOUCHE, Missionnaire Apostolique

J.M.J.

Lyon, 21 septembre 1855

Bien cher Père,

Me voici à Lyon, un ordre m'y rappelait, je n'ai pu rester que deux jours entiers à La Mure, et à Grenoble j'ai cherché partout une voiture pour vous donner au moins quelques heures, impossible. - Il a fallu repartir pour Lyon où l'on m'attendait à jour fixe, pour mettre au courant de la Maison de La Seyne mon successeur. C'est le Père Denis qui me remplace. Bon choix! j'en suis heureux; mais ne devant pas retourner à La Seyne, même pour l'ouverture, il a fallu mettre toute mon âme, comme l'avenir de la divine Providence, entre les mains de Jésus et de Marie.

Me voici, je n'ose pas dire, sur le calvaire, je n'en suis pas digne, mais dans un état d'épreuve, dans une position toute d'abandon à Dieu seul. De grâce, bon Père, priez pour moi, mais ne vous peinez pas de mon état; je connais là-dessus votre coeur, mais en ce moment il ne faut pas l'écouter. Comme aussi permettez-moi de vous dire de ne rien faire pour moi, ni pour vous de prendre une mesure définitive qui vous ferait renoncer au titre de Curé, que le P. Denis m'a dit que vous aviez dans le diocèse de Digne: ce serait vous priver d'une ressource que le diocèse vous doit à tant de titres.

Quand vous écrirai-je encore? - Je n'en sais rien; vous comprenez que je dois au moins donner une preuve d'obéissance, n'ayant pas les autres vertus.

Adieu, bon Père, Dieu vous rendra au centuple tout le bien que vous m'avez fait depuis trente-trois-ans.

Tout à vous en N. S.

Eymard.

Remarque: L'adresse est en partie déchirée, il ne rest que la fin du nom: ...che, Missionnaire Apostolique, S. Marthe Drôme. Ce qui indique presque sûrement que la lettre est adressée au P. Touche, c'est la fin de la lettre: "Dieu vous rendra... tout le bien que vous m'avez fait depuis 33 ans". - c'était 1855 - 33=1822. C'est bien vers sa 11ème année, époque de sa 1ère Communion, qu'il connut le P. Touche. (Note qui se trouve au volume D-1 p. 211).


Nr.0531

An Marg. Guillot

Chaintré, 25 Septembre 1855.

Merci, ma chère fille, de vos petites notes, elles me serviront. Je n'ai pas encore travaillé au manuel. Je dois aller faire une visite à Londres, il a fallu m'y préparer.

J'ai vu.... nous avons causé beaucoup de cette famille et de cet enfant, les raisons sont fortes, elle ne peut les abandonner.

Vous recevrez une lettre de Marseille, c'est la demande que j'ai faite pour cet enfant, il y sera très bien. C'est un [établissement] pénitentiaire qui n'a rien de déshonorant, il y a celui des prisonniers et celui des enfants de famille; si la réponse est favorable (car il faut ouvrir la lettre), écrivez-la à.... Sinon, ne l'écrivez qu'à moi, mais en tout cas donnez-moi des nouvelles de cette affaire, ou envoyez-moi la lettre, après l'avoir lue.

Le bon P. Champion m'a bien surpris et fait un grand plaisir. Priez pour nous deux et pour tous. J'espère vous voir la semaine prochaine.

Tout à vous en N.-S.

EYD.

Mademoiselle Guillot Marguerite,

Rue du Juge de Paix, 17, Fourvière,

Lyon (Rhône).


Nr.0532

An Frau Tholin-Bost

Lyon, 25 Septembre 1855.

MADAME ET CHERE SOEUR EN MARIE,

Je n'ai pas encore eu un moment pour vous dire toute la joie que j'ai éprouvée des quelques heures que j'ai passées au sein de votre famille: vous la comprenez.

J'aime à remercier Dieu de la guérison du bon et excellent Mr Tholin, que j'aime de tout mon coeur.

J'ai trouvé ici la réponse que j'attendais; elle est bien consolante, elle encourage l'Oeuvre. Seulement, comme il faut passer par le feu et favoriser les liens d'union et de paix, il faut attendre encore un peu et prier beaucoup. Vous pensez bien que le bois, pour devenir un charbon ardent, doit souffrir, se dépouiller de tout élément étranger.

Je vais rester à Lyon, et si jamais vous y veniez, j'aurais le plaisir de vous recevoir.

J'ai oublié de noter les messes que vous m'avez données, me contentant de les mettre en sûreté; je désirerais savoir le nombre; n'est-ce pas 28? Un mot au P.Thivet, S.V.P.

Je vous laisse dans les saints Coeurs de Jésus et de Marie.

Tout à vous.

EYMARD, S. M.

P.-S. Mes souvenirs en Dieu à votre chère soeur.

Madame Tholin-Bost,

Tarare (Rhône).


Nr.0533

An Herrn Dausse

Lyon 27 7bre 1855

Cher Monsieur Dausse,

Me voici à Lyon, encore heureux de mon pèlerinage à N.D. de La Salette, & de votre rencontre providentielle.

J'ai exposé au T.R.P. Supérieur Général votre désir d'aller rester quelques jours dans notre maison de Paris en attendant que vos appartements loués, soient prêts; le T.R.Père vous accorde avec plaisir cette petite faveur, & il est heureux de vous témoigner ainsi son affection.

Il vous aurait écrit lui-même, mais étant sur son départ pour Belley, il me charge de vous écrire en son nom.

Le bon Père Morcel a été bien sensible à votre souvenir.

Si à votre passage à Lyon, je ne pouvais vous voir, je vous prie de présenter au bon et bien aimé Père Lagniet tous mes vieux sentiments de Belley.

J'ai l'honneur d'être en Notre Seigneur

cher Monsieur,

votre tout dévoué

& affectueux Serviteur

Eymard

P.m.


Nr.0534

An Frau Giraud-Jordan, Lyon

A Mademoiselle Mathilde.

5 Novembre 1855.

J'ai reçu hier seulement votre charmante lettre. J'en ai béni Dieu. Sa divine Providence a tout conduit pour votre plus grand bien, et le bien de tous. Ce qui est arrivé était mon impression depuis le jour où j'eus l'honneur de vous voir tous à Uriage. Je priais Dieu de manifester sa volonté par le rapprochement. Tout s'est fait ainsi: qu'il en soit béni!

Pour vous, Mademoiselle, vous n'avez plus à examiner le fond de la question, mais à vous préparer à ce saint état comme une bonne chrétienne, priant la Très Sainte Vierge, votre bonne Mère, de vous y préparer, et de préparer le coeur de celui que le Ciel vous a choisi, saint Joseph, le protecteur et le modèle des familles chrétiennes, mais surtout l'Archange Raphaël dont vous connaissez la mission auprès de Tobie et de Sara.

Quant aux peines intérieures, aux sentiments spirituels de la vie religieuse: tout cela n'est qu'une peine naturelle, elle honore votre état.

Plus tard, je vous donnerai quelques conseils qui pourront peut-être vous être utiles et vous rendre encore plus heureuse.

Que Dieu vous comble de ses bénédictions!

EYMARD, P. M.


Nr.0535

An Frau Gourd

+ Ch., 19 Novembre 1855.

Madame et chère soeur en N.-S.,

J'ai la consolation de vous annoncer que le Frère Directeur de Charlieu a consenti à ma demande; il gardera mon dépôt jusqu'à ce que l'on puisse mieux le placer. Ainsi, restons tranquilles aux pieds de la bonté divine dans la confiance et la reconnaissance.

Voici le saint temps de l'Avent, entrons bien dans l'esprit de la sainte Eglise; esprit de pénitence, de prière, de soupirs vers Jésus, afin qu'il naisse en nos âmes par son amour et ses vertus. Unissons-nous aux sentiments et aux désirs de la très Sainte Vierge de voir son divin Fils; de le voir, de le servir et de le donner au monde.

Priez pour moi, ma chère fille, afin que je sois bien l'instrument docile des bontés, des miséricordes de Dieu notre Sauveur.

Que Dieu vous donne sa sainte grâce, son saint amour en toutes vos oeuvres.

Tout à vous en J.-C.

EYMARD.

P.-S. - Ne m'oubliez pas auprès de votre chère fille;

qu'elle soit heureuse de son bonheur d'être toute à Jésus-Christ.

Excusez ce papier, je n'en ai pas d'autre.

(Nr.0479-schon im Jänner 1855 angeführt!)

An Fräul. Stéphanie Gourd


Nr.0536

An Margar. Guillot

Chaintré, 19 Novembre 1855.

Je vous remercie, ma chère fille, de votre lettre; la simplicité et l'abandon de votre âme me font plus de plaisir que si je lisais une lettre compassée et étudiée.

D'ailleurs, vous savez combien je tiens au bien de votre chère âme et tout ce que je lui désire en Notre-Seigneur. Je comprends bien vos moments de peine, quelque petits accès de fièvre: sur le champ de bataille, on est plus actif que dans le repos. Et d'abord:

J'ai reçu une réponse du frère directeur de Charlieu, il gardera l'enfant, voilà une affaire arrangée. Je l'ai écrit à......

Le P. Favre m'a parlé de votre visite de la maison tierçaire, de ce qu'il vous a conseillé d'aller trouver le Cardinal; j'en ai été bien aise. Ce bon Père ne veut ni ne peut se mettre en avant le premier, ni donner le premier mouvement, mais on sent qu'il veut la chose avec plaisir, qu'il la désire même; maintenant, quel sera son concours? C'est déjà beaucoup d'avoir son assentiment; si j'avais su cela lorsque j'étais à Lyon, il y a cinq ans, j'aurais jeté le filet.

Quant à moi, je vous conseille d'aller trouver Son Eminence avec Mlle Chollet; elle est prudente et discrète. Si l'on ne vous reçoit pas; eh bien! vous reviendrez tranquilles, ce n'était pas le moment. Si l'on vous reçoit mal, bonne espérance! Vous n'avez qu'à exposer la demande faite par vous au T.R. Père Général et renvoyée par lui à Son Eminence.

J'en viens aux questions personnelles. J'aime et je désire cette maison en elle-même, mes premières idées n'ont pas changé, mais je ne fonderai pas cette oeuvre ni sur moi, ni sur la protection humaine, vous le comprenez trop bien.

Ni sur moi, ce n'est pas à cause de mes pensées du T.S. Sacrement; non, puisque je suis tout abandonné à la volonté de Dieu, que je me suis mis dans un état d'indifférence personnelle, et même dans le sentiment que ma mission est finie pour ce projet, toujours cher à mon coeur, il est vrai, mais que j'abandonne à la grâce de Dieu, et je le prie d'en choisir un autre plus digne.

Aussi, ce que vous me dites de cette pensée de tentation ou de Dieu m'a trouvé tout converti. J'en reviens donc à moi, je ne refuse pas d'en faire les règles de cette maison, de lui venir en aide malgré les épreuves qu'elle aura à subir.

Oui, je le ferai de tout mon coeur; mais pour en être le directeur du détail, je ne m'en sens pas l'attrait pour le moment; cela vient-il de ce que je ne suis pas encore bien fort et redoute le travail? ou bien d'un reste de sentiment de la pensée Eucharistique? tout cela est possible; mais comme Dieu doit être notre pensée et notre volonté, quand le moment d'agir sera venu, il me donnera ce dont j'aurai besoin.

Je travaille comme je le peux et tant que je le peux au manuel du T.O., priez bien pour moi, car nous travaillons en vain, si Dieu n'édifie lui-même.

Je suis bien aise de vos quelques jours de retraite, allez-y de temps en temps, cela vous fera du bien. J'aurais bien aimé la maison Gignoux, il importe que l'on ne soit pas trop loin de la maison-mère.

En tout, ma fille, voyez Dieu, le pensée, le bon plaisir, la volonté de Dieu en chaque chose, puis ne tenez pas compte de ce qui ne vient que de l'homme, de l'humanité toute seule.

Adieu, le courrier passe.

Tout à vous en J.

EYMARD.


Nr.0537

An Frau Perroud, geb. Mayet

Chaintré 3 décembre 1855

Madame,

J'ai reçu votre honorable lettre et l'ai lue avec joie devant Dieu.

Que Dieu est bon! ah! si nous savions bien nous abandonner aux désirs et aux grâces de sa divine bonté, que nous serions heureux! ainsi vous l'avez laissé agir, cette douce Providence, et voilà que tout prend un chemin de vertu et d'espérance!

Je suis vraiment heureux de ce que vous me dites de vos deux chers enfants; ils sont à la T.S.Vierge, vous les lui avez consacrés si souvent, que cette bonne Mère devait les bénir.

Quant au projet pour Mademoiselle - j'en garde le secret, tout ce que je puis vous dire c'est que ce jeune homme est l'édification du T.O. et un des plus vertueux, joignant à cela une forme honnête et polie et paraît d'un caractère fort doux. - S'il est bon fils, il sera bon époux.

En retour Melle Marie a toutes les qualités qu'il peut désirer et je vous assure qu'elle est digne d'un parti des plus honorables.

Laissez agir la Providence et elle conduira tout pour le mieux mais ne la devancez pas.

Il y a bien longtemps que je n'ai pas vu cette chère famille de Bramefaim et cependant Dieu sait combien je l'affectionne, mais vous savez qu'il faut laisser Dieu dire: Viens ici, vas-là.

Je prie toujours bien pour vous tous, rendez-le moi dans vos prières - je travaille pour vous.-

Je vous laisse en la divine paix de N.S.

Daignez agréer et faire agréer à votre bon et cher mari tous les sentiments de respectueux dévouement avec lesquels je suis en N.S.

Votre tout dévoué.

Eymard P.m.


Nr.0538

An Frau Giraud-Jordan

Chaintré, le 3 Décembre 1855.

MADEMOISELLE,

Vous m'avez fait l'honneur de m'informer de votre mariage avec Monsieur votre cousin. J'en bénis Dieu de tout mon coeur. Depuis Uriage il me semblait que Dieu le voulait, et j'avais la confiance que sa divine Providence arrangerait toutes choses.

Vous allez donc, Mademoiselle, entrer dans ce saint état du mariage. Entrez-y avec la pensée que Dieu vous veut là et la confiance que vous y ferez saintement votre salut. C'est la sainteté qui fait la sublimité de l'état. Or, que de grandes Saintes le saint état de mariage n'a-t-il pas données au Ciel? Et que grandes et nobles vertus ont embelli leur belle vie! Prenez-les pour modèles et vous leur ressemblerez.

Imitez votre pieuse mère. Copiez ses vertus, et déjà vous aurez fait un pas dans la perfection de cet état grand devant Dieu et devant l'Eglise.

La confiance que vous m'avez toujours témoignée, et l'affection que j'ai toujours portée à votre bien chère famille, me permettent de vous donner quelques conseils, conseils que je vous avais promis.

Une épouse à trois devoirs à remplir: sa couronne céleste veut ces trois fleurons.

Le premier devoir est envers Dieu et la sainte Eglise. Dès les premiers jours de votre nouvelle position il faut régler les devoirs de la piété chrétienne, la fidélité à la prière, aux Sacrements. Quand un jeune arbrisseau est transplanté dans un nouveau jardin, il a besoin d'être arrosé...

Sans doute votre piété ne doit pas être celle d'une jeune personne libre de ses moyens et encore dans le lait de la dévotion. Elle doit être une piété forte et éclairée, une piété de vertu, dont la fin est la sanctification de ses devoirs d'état, et réglée par eux.

Pour les Sacrements, vous ne pourrez pas de suite, au commencement des embarras d'un nouveau ménage, des visites, de l'extraordinaire, vous en approcher souvent. Mais quand tout sera calme, tout dans l'ordre ordinaire, alors approchez de ce Dieu de bonté, qui est la douceur et la force de la vertu, la vie et le bonheur d'une âme chrétienne.

Votre second devoir, le premier après Dieu, c'est envers l'époux que Dieu vous a donné. L'entourer d'estime, d'affection, de dévouement: voilà le saint devoir d'une épouse chrétienne.

Si vous voulez que l'amitié soit heureuse et durable, que le respect et l'estime, que la douceur et la condescendance, jusqu'à la conscience, en soient comme les fleurs bénies.

Prenez pour règle de ne souffrir jamais que personne manque de respect et de charité à l'égard de votre époux, car il doit être votre gloire et votre bonheur.

Ne croyez jamais le mal qu'une langue satanique pourrait vous en dire.

Le troisième devoir, c'est celui de votre intérieur, de votre maison, et, si Dieu vous donne des enfants, de les élever vous-même et sous vos yeux.

Suivez votre maison, dirigez vos domestiques, mais qu'ils ne vous gouvernent pas. Il faut leur témoigner une confiance cordiale, mais jamais aveugle et absolue.

Veillez sur leurs devoirs plutôt pour leur montrer le bien que le mal, afin qu'ils vous servent avec affection et conscience.

Il faudra surtout suivre les dépenses du ménage, vous en faire rendre compte. C'est un malheur quand les domestiques sont les économes d'une maison.

Mais j'ai tort d'entrer dans ces détails. Votre bonne mère sera plus habile que moi.

Vous recevrez et vous ferez des visites: c'est le droit; mais ne vous liez pas de suite. La politesse, la convenance, la bonté ordinaire: cela suffit d'abord.

Aimez votre intérieur, et vous y serez heureuse. Une épouse n'a qu'un ami, son époux.

Je m'arrête là, Mademoiselle, et je vous promets de prier beaucoup pour vous et pour votre cher époux, que je désire bien connaître, et que j'aime déjà par tout le bien que l'on en dit, et que je confonds déjà dans la même affection de famille.

Que Dieu vous comble de ses bénédictions! et que le Ciel ratifie toutes celles que vous désire, en Jésus et Marie,

Votre tout dévoué serviteur.

EYMARD, P. M.


Nr.0539

An Frau Tholin-Bost

Du Château de Chaintré, près de Mâcon, 9 Décembre 1855.

MADAME,

J'ai reçu votre bonne lettre ici, dans notre maison de Noviciat où je suis depuis deux mois, m'occupant du manuel du Tiers-Ordre. Il m'a été bien pénible d'apprendre que Mr Tholin n'était pas encore rétabli entièrement. Que Dieu lui rende la santé à ce bon Père! c'est là ma prière habituelle; et qu'il vous donne à vous, Madame, la santé dont toute votre famille a tant besoin! Aussi, ménagez-vous un peu plus. Il est vrai que Notre-Seigneur vous garde et vous fortifie.

Je ne sais quand j'irai à Lyon, voilà pourquoi agissez en toute liberté. Je profite de ma solitude pour prier et travailler dans le calme et la paix. Que je serais heureux si la Très Sainte Vierge daignait agréer mon petit travail et me rendre en retour un peu de cet amour divin qui dévorait son âme!

Au pied du Tabernacle je lui offre ce que vous lui offrez, et prie ce bon Maître de se glorifier lui-même puisque nous ne savons le servir et l'aimer comme il le mérite. Je tâche de me cacher sous terre: j'aurais bien besoin de mourir pour vivre de la vie ressuscitée de Jésus; demandez-le pour moi.

Je vous laisse, Madame, aux pieds de notre bon Maître et suis, en sa divine charité,

Votre tout dévoué.

EYMARD, P. M.

P.-S. Mes respectueux souvenirs à votre bien chère fille, et mes remerciements de sa lettre. J'attends de Sydney la réponse.

Madame,

Madame Tholin-Bost,

Tarare (Rhône).


Nr.0540

An Frau Clappier, Toulon

Au Château de Chaintré ,

près Mâcon (Saône-et-Loire).

Madame et chère soeur en Marie,

Il y a bien longtemps que je désire vous écrire, d'abord pour vous exprimer d'anciens regrets que j'étais loin de prévoir, croyant bien retourner au moins pour quelque temps encore à la Seyne. Dieu ne l'a pas voulu; que son saint nom en soit béni!

Et ensuite pour vous dire que je ne vous oublie pas, vous et votre si chère famille. Ce m'est un sacrifice de ne plus la voir, et surtout ce bon et aimable Monsieur Clappier qui daignait avoir pour moi tant de bienveillance et de bonté. Hélas! voilà ce que c'est que la vie: un passage, un regard et un adieu. Oh! quand serons-nous au Ciel, réunis tous dans le sein de Dieu, autour de notre bonne Mère!

Heureusement, les jours et les années passent vite, et cette belle cité céleste les approche et s'incline vers nous.

Que faites-vous, bonne dame? Vous souffrez encore, vous êtes sur un Calvaire isolé et quelquefois triste; d'autres fois, joyeuse d'être plus près de notre bon et aimable Sauveur! Il paraît qu'il vous veut près de lui en ce monde et en l'autre, puisqu'il vous donne cette part si douloureuse à la nature, mais si glorieuse à Dieu et si utile à notre couronne.

Ayez donc toujours patience et résignation en cette voie de douleur. C'est la fleur de l'amour que la sainte souffrance; gémissez avec Jésus aux Olives, mais allez toujours vers sa croix. Oh! que dans le Ciel vous la bénirez, vous la baiserez avec amour et reconnaissance, cette chère croix! Portez-la bien après votre bon Maître, et elle vous portera au dernier jour, là où elle règne.

Je suis ici un peu dans la solitude, me reposant un peu, et travaillant au Manuel du Tiers-Ordre. Priez pour moi, bonne dame et chère soeur, afin que je travaille bien selon le Coeur de Dieu. C'est pour vous aussi: vous me devez ce secours dont j'ai, hélas! un si grand besoin.

Mes affectueux et bien dévoués hommages au bon Monsieur Clappier. Que je serais heureux de le revoir! Mes souvenirs bien tendres à ce bon et cher Joseph, et à toute votre famille. Vous savez que je suis en N.-S. J.-C.,

Madame et chère soeur,

Tout à vous.

EYMARD, S.M.

Madame Clappier, 16, place d'Armes,

à Toulon (Var).


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