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Nr.0061

An P. Morcel, Superior des Kleinen Seminars in Belley

V,258

A-9 17

Lyon, 11 Octobre 1845.

Mon cher Père,

Je ne puis laisser partir ces bons frères sans vous écrire à la hâte un petit bonjour, vous recommander de vous ménager, d'être toujours dans une sainte joie, confiant en la Providence; puis de prier pour nous, qui sommes toujours dans les affaires jusqu'au cou. Quelle vie! Dieu en soit béni! mais, vraiment, j'ai peur de perdre toute piété ..... car, heureux quand le soir j'ai dit vêpres!

Enfin, à la grâce de Dieu!

Mes affectueux respects à tous les confrères.

Tout à vous en N.-S.

EYMARD.

P.-S. Je vous envoie 2 croix du chemin de croix. Vous vous ferez fixer les prières par le confesseur d'après le Bref qui dit: Modo aliquas preces recitaverit ex arbitrio confessarii. Comme, Litanies de la Passion, 5 Pater et Ave; malade, quelques actes d'amour.

Monsieur Morcel,

Supérieur des Pères Maristes,

rue de Fleurus, 3 bis,

Paris.


Nr.0062

An Marianne Eymard

III,42-43

A-2 133

B-3 72

R2-25 60

Lyon, 25 Octobre 1845.

MES CHERES SOEURS,

J'ai eu le plaisir de voir le bon Mr Lesbros, et j'ai été bien sensible à la visite qu'il a bien voulu me faire, et aux nouvelles qu'il m'a données de vous. J'espère que mon voyage sera dans les premiers jours de novembre, et qu'alors nos missionnaires seront partis. Ce qui m'a retardé, c'est que le bâtiment sur lequel ils devaient s'embarquer a été retardé. Ainsi ma visite cette fois à La Mure sera toute d'affection, puisque je n'y aurai pas les agréments de la belle saison.

Je vous prie aussi, si cela est possible, de me commander deux ou trois paires de bas de laine pour l'hiver, afin que je puisse les emporter à mon voyage.

Je suis un peu pressé et vous laisse en J. et M.

Votre frère.

EYMARD, p. s. m.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard, rue du Breuil,

à La Mure (Isère).


Nr.0063

An P. Morcel, Superior des Kleinen Seminars in Belley

Lyon, 26 Novembre 1845.

Mon bien cher Père,

J'arrive de voyage et je me fais un plaisir et un devoir de répondre de suite à votre bonne lettre. Et d'abord je commence par nous. Le T. R. P. s'est soutenu fort au milieu de tant et de si laborieuses affaires qu'il a eu à régler et à organiser. Nous devons bien en remercier le Bon Dieu, et lui demander la prolongation de cette grâce; nous sommes tous si jeunes et surtout si inexpérimentés! Vous savez, je pense, que deux nouveaux établissements sont faits depuis un mois: à Toulon, Père Epalle, supérieur, avec les PP. Dumolard, Marcel et Jammes; à Moulins, les PP. Girard, supérieur, Ozanam, Balmet et Carret. Ici, tous ceux qui nous restent sont partis ou vont partir pour les missions. Tout le monde se porte bien; le P. Mayet est à Belley, où il se soutient dans le statut quo de son triste mais bien méritoire état. Le séminaire de Belley est très nombreux, Mr Martin m'écrit qu'il est content.

Dieu en soit béni!

A vous maintenant. On a dû vous dire qu'il suffisait pour toujours de vous faire prescrire par votre confesseur quelques prières pour les croix du chemin de croix; cependant on peut les faire changer, on ne peut s'en servir que dans le cas de maladie, de voyage, d'impossibilité morale de pouvoir aller à l'église. On peut rendre les assistants participants de cette indulgence.

Et les sermons! Je m'attendais que vous alliez m'annoncer déjà un demi-carême, au moins une bonne douzaine de pierres fondamentales. Quand ... zéro! Ah! Mon Père Morcel, vous, au centre des lumières, des prédicateurs, des bibliothèques. Puis, rien. Allons! je vous pardonne pour cette fois, parce qu'il fallait s'installer, mais j'attends. Je vous promets de vous envoyer un gros paquet de plans et de bons plans; mais à vous le soin de les planter et de les arroser. Quant à vos exercices de piété, Dieu en soit béni! il paraît qu'il y a du mieux. Je vous conseille aussi d'écrire en méditant. Dieu se manifeste par toutes sortes de voies; cependant, quand le sentiment du coeur viendra, laissez la plume et priez.

Pour les vocations dont vous me parlez, recevez bien ceux qui viennent auprès de vous, les encourageant, les portant à la prière, à bien consulter la volonté de Dieu. Puis, de votre côté, examinez aussi: multi vocati, pauci digni. Prenez des renseignements sur leur caractère, leur jugement, leurs talents, leur conduite publique.

Quant au jeune homme de 26 ans, Mr Pilleux, sa sortie de chez les Frères, les motifs de sa sortie sont des raisons suffisantes pour ne pas le recevoir. En général, il faut être difficile pour ceux qui sont restés dans d'autres maisons religieuses.

Pour l'Allemand, renvoyez-le en le consolant, comme le dit la Règle; les scrupuleux invétérés ne sont propres presque à rien.

Pour l'abbé de Saint-Sulpice, prenez des renseignements sur son compte; puis vous nous en écrirez les résultats.

Quant à la demande du Règlement, s'il suffit de l'indicateur: Oui, quand on sort pour remplir un devoir fixé par son emploi; ainsi, pour le saint ministère, la messe, confession, etc. Mais il faut avertir et demander la permission quand on sort pour autre chose que pour le ministère ordinaire, et, en rentrant, avertir de sa rentrée: l'ordre et l'esprit religieux le demandent.

Vous avez à Paris tous les pouvoirs que nous avons de Rome: d'indulgencier (de brigitiner) les chapelets, croix, médailles, selon que le porte l'Elenchus imprimé à Rome. Ces pouvoirs expirent le 21 juin 1846.

Les pouvoirs de Rome pour les voeux et sur les empêchements ad debitum conjugale sont expirés.

Voilà, mon cher Père, la réponse à toutes vos questions. Vous ferez bien d'écrire à Mgr l'Evêque de Belley. Je ne sais rien de particulier sur le diocèse; alors il faut faire une lettre sur l'histoire ancienne.

Rappelez-moi au bon souvenir de tous nos chers confrères. Le vôtre est et sera toujours tendre et ineffaçable dans mon coeur.

Je vous embrasse bien affectueusement en Jésus et Marie.

EYMARD, P. S. M.


Nr.0064

An P. Morcel, Superior des Kleinen Seminars in Belley

Lyon, 15 Décembre 1845.

Mon bien cher Père,

Nous vous envoyons Mr Thenon. Il a bonne volonté, il peut devenir utile; rendez-le un peu rond. Nous venons de recevoir un paquet de lettres de Sydney : 1 de Mr Dubreuil; la procure, sous lui, deviendra un jour importante, car il est très actif; 2 Mgr Epalle nous écrit qu'il est arrivé à Sydney le 22 juin; tous bien portants, avec une heureuse traversée. Il nous dit que la nouvelle qui avait été répandue que Wallis était en guerre est fausse. Que Dieu en soit béni! Il nous apprend qu'un navire de l'Etat, le Rhin, visite en ce moment le centre. Nous espérons qu'il sera allé visiter Mgr d'Amata et que bientôt nous recevrons des nouvelles, qui nous tiennent tant dans l'anxiété.

La Nouvelle-Zélande est toujours dans l'état de guerre.

Je m'arrête là, on part.

Adieu en N.S.

EYMARD.

Monsieur Morcel,

Supérieur des Pères Maristes,

rue de Fleurs, 3 bis,

Paris.


Nr.0065

An Marg. Guillot

Lyon, 30 Décembre 1845.

Mademoiselle,

Je vous envoie votre étrenne; les deux conseils du Tiers-Ordre vous ont reçue, et par grâce, tout de suite, au lieu de vous ajourner encore à un mois. J'espère que ce titre d'Enfant de Marie, ajouté à tant d'autres, vous rendra toute reconnaissante envers cette bonne Mère, qui veut bien vous recevoir dans sa famille. Je l'en remercie bien pour vous, elle est si bonne, Marie! Eh bien! le ciel est-il devenu serein? Oh! oui, je le crois; la tempête épure l'atmosphère, mais elle passe, et le soleil reparaît plus beau et plus brillant. Les soupirs, les gémissements, les larmes d'un coeur qui n'aime que Jésus sont bien doux dans l'expansion de la réciprocité de l'amour divin; les humiliations et les souffrances soulagent l'impuissance de ce pauvre coeur, le martyre serait son bonheur; mais croyez-vous, ma fille, que les gémissements et les larmes de Madeleine auprès du corps mort du Sauveur, que l'agonie de Marie aux pieds de son Jésus mort sur la croix ne furent pas l'effet d'un amour plus héroïque? Et l'amour du bon et tendre Jésus, souffrant seul, et abandonné, sur la croix, de son Père et des hommes, n'était-il pas le dernier degré de l'amour souffrant et s'immolant tout entier? Ah! vive Jésus, vive sa croix!

Soyez donc la fille de cette croix d'amour. Il est vrai, Jésus se plaignit à son Père: "Mon Père, pourquoi m'avez-vous abandonné?" Eh bien! vous pouvez vous plaindre, vous aussi, mais amoureusement, mais après le combat: c'est le cri de l'amour immolé. Quand l'ennemi de Jésus et de notre salut vous attaquera avec toute sa fureur, faites une chose: humiliez-vous dans l'abandon de la confiance en Dieu; ce n'est pas assez, allez plus loin, humiliez-vous au-dessous de toutes les créatures, au-dessous du démon même, en disant à Notre-Seigneur: "Hélas! vous ne lui avez pas tant fait de grâces qu'à moi: lui n'a plus de Sauveur, et moi, j'en ai un, qui est mon Père; il ne vous a offensé qu'une fois, et moi, des milliers de fois, j'ai été une ingrate, une infidèle, c'est bien juste qu'il soit l'exécuteur de votre justice. O mon Père, je m'abîme dans mon néant, mais vous êtes mon Père, ne m'abandonnez pas, tenez-moi par la main, ma volonté, mon coeur sont à vous, le reste à votre justice".

Que le coeur brûlant d'amour de Jésus soit votre force, votre asile, votre centre, votre calvaire, le tombeau de tout votre être, puis la résurrection, la vie, la gloire. Voilà mon souhait de cette nouvelle année, c'est le plus beau, le plus grand.

(Copiée sur un texte de la T. Révde Mère Marguerite).


Nr.0066

An Frau Gaidan

Unklares Datum: 1845-1846

Hier nennt der franz. Kat. ein nicht veröffentl. Fragment eines Briefes an Frau Gaidan

A-14, Fasz.14


Nr.0067

An Marianne Eymard

Lyon, 1er Janvier 1846.

MES CHERES SOEURS,

Je commence par vous cette nouvelle année; c'est bien juste, puisque je n'ai que vous en ce monde, puisque notre amour fraternel est de plus un amour surnaturel et divin.

Si je ne vous écrit pas plus souvent, ce n'est pas par oubli, car tous les jours et bien souvent dans le jour vous m'êtes présentes en Dieu, et c'est dans lui que je vous vois, mais vous savez combien j'ai à faire. Je sais bien qu'un petit mot est bientôt écrit, mais quand le coeur veut parler, il veut être tranquille et libre, et souvent, pour attendre ce moment, les mois s'écoulent.

Eh bien! mes bonnes soeurs, voici donc une nouvelle année que le Bon Dieu dans sa bonté nous donne, afin de le mieux servir encore, de l'aimer plus purement, plus parfaitement, plus généreusement.

Que de fois, en comptant mes années, je me suis dit: Jamais je n'aurais cru vivre si longtemps ! Je me rappelle qu'étant malade, je demandais à Dieu d'avoir le bonheur de dire seulement une messe, puis je consentais à mourir. Eh bien! nous sommes dans la douzième année que je suis prêtre, et que de grâces j'ai reçues depuis ! Si j'en avais du moins profité! Et vous aussi vous en avez beaucoup reçu, mais avec votre vie plus tranquille, moins dissipée que la mienne et plus crucifiée encore, vous en avez bien mieux profité; aussi, comme entre frères tout est commun, je compte bien partager avec vous, comme à Monteynard, quand je n'avais rien, vos anciennes économies. Donnez.

Allons, mes bonnes soeurs, du courage, mais de la sainteté, parce qu'après tout, la terre n'est rien, un nuage qui passe, blanc ou noir, dont on ne se souvient plus un instant après son passage.

5 Janvier.

Je suis un peu honteux de ne vous avoir pas envoyé ma lettre commencée le 1er; j'ai vu ces jours-ci tant de choses et de personnes que je n'ai pu la finir.

Je vous remercie bien de vos bas que vous avez eu la bonté de me faire et de m'envoyer. Je suis toujours votre filleul qui demande, mais en retour j'essaye de vous le rendre en prières et à faire prier pour vous.

J'ai obtenu de Père Supérieur Général de vous associer toutes deux à toutes les prières, à tous les sacrifices, à tous les mérites des membres de la Société de Marie, soit des Pères, frères et soeurs. Ainsi voilà votre Tiers-Ordre Mariste, qui remplacera celui de Saint-François, et pour vous c'est bien juste que vous lui donniez la préférence, car il y a un Tiers-Ordre Mariste.

Voilà, mes soeurs, mon étrenne; que Jésus et Marie la bénissent.

Tout et toujours à vous en N.-S.

Votre frère.

EYMARD.

P.S. J'oubliais de vous dire que je me porte bien; mes souhaits de coeur à la bonne dame et mère Fayolle que j'aime comme une mère, et à toute la famille.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard, rue du Breuil,

à La Mure (Isère).


Nr.0068

An Fräul. Elis. Mayet

Lyon 28 janvier 1846

J'ai pensé remplir vos voeux en vous proposant pour ce nous avions dit et on vous a reçue.

Vous voilà doublement soeur de votre frère. Cependant, quoique tout soit fait, vous êtes libre d'accepter ou non et n'importe votre détermination, mes sentiments seront toujours les mêmes.

Tout à vous en N.S.

Eymard


Nr.0069

An Marianne Eymard

Sainte Agathe.

Lyon, 5 Février 1846

MES CHERES SOEURS,

Je ne puis résister aujourd'hui au plaisir de vous écrire deux mots. J'ai bien prié le Bon Dieu pour vous, pour notre père, pour notre mère, pour mon parrain: vous devinez pourquoi ! C'est un si beau jour pour moi, c'est le plus beau jour de ma vie; c'est aujourd'hui que j'ai eu le bonheur d'être baptisé. Hélas! si j'étais mort après, je serais maintenant au ciel, priant pour ma marraine encore sur la terre, chargée de croix, sur le chemin un peu épineux du ciel; mais le Bon Dieu ne l'a pas voulu et m'a laissé jusqu'aujourd'hui dans cette vallée d'exil, de larmes et de combats. Qu'il en soit encore béni! Pourvu qu'à la fin nous arrivions au terme, une fois arrivé, le chemin court ou long, facile ou pénible, n'est plus que dans la balance des grâces et des miséricordes de Dieu; l'essentiel est d'arriver. Priez que j'arrive, car je le fais bien pour vous, et si vous arrivez la première, laissez sur votre passage un bâton de soutien, puis la porte ouverte; au moins là, mes chères soeurs, il n'y a plus de distance, ni de séparation. Qui aurait dit, à vingt ans, étendu sur un lit, condamné à mort par tous les médecins que je vivrais encore quinze ans ? Si au moins je les avais bien employés! Il est vrai, le Bon Dieu m'a fait de bien grandes grâces, et je ne puis m'empêcher de reconnaître dans ma vie des traits de sa miséricorde et de sa providence si grands que je serais bien ingrat si je ne l'aimais pas de tout mon coeur, et ne le servais de toutes mes forces.

Je vous dois beaucoup, ma chère marraine, pour toute cette vigilance que vous exerciez sur moi dans ma jeunesse, et pour toutes ces pratiques de piété que vous me suggériez. Aujourd'hui tout ce temps de mes jeunes années m'est présent d'une manière particulière, et j'y vois là une grande grâce. Vous rappelez-vous quand, assis sur mon pauvre lit à côté de votre tour, nous chantions à pleurer les cantiques de Marseille, surtout celui de sainte Geneviève, de saint Joseph, du Chemin de Croix; puis quand je vous accompagnais à confesse (souvent bien loin) ? Oh! le beau temps! J'aimais plus alors le Bon Dieu qu'à présent.

Depuis, que de phases dans la vie, que de positions différentes! Ce que c'est que la vie de ce monde! Que de personnes de ma connaissance que j'estimais j'ai déjà vues mourir! Au moins vous me restez; que le Bon Dieu vous conserve encore un peu.

Je ne sais pas si c'est un bon et désireux souhait; mais je trouve que la vie est si précieuse à un coeur qui travaille pour le ciel et sous le règne de l'amour d'un Dieu crucifiant et crucifié! Allons, vous le voyez, je voulais vous parler en filleul, et voilà que je vous prêche; je mêle le tout, car enfin un arbre a des racines, un tronc et des branches; si ces branches ne sont pas chargées de fruits, elles ont au moins des fleurs ou des feuilles pour vous en faire un petit bouquet: bouquet qui a été si souvent de myrte; mais j'espère qu'au ciel il n'aura plus d'épines.

Voici le Carême; point de jeûnes, ni de maigre; vous savez que cela vous fait mal; aussi, demandez tout simplement vos permissions. Mes respectueuses amitiés au bon Mr le Curé, à ses trois bons vicaires; ce sera un acompte.

Tout à vous en N.S.

EYMARD, p.s.m.

P.S. Ma lettre n'a pas pu partir le jour même;

n'en soyez pas surprise, les chemins en sont la cause.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

à La Mure (Isère).


Nr.0070

An Herrn Salvioni

Lyon, 8. Févr. 1846

A-15, Fasz. 4.

Hier nennt der franz. Kat. einen Brief Eymards an Herrn Salvioni v. 8.Febr. 1846; aber er ist im bisher gedruckten oder daktylographierten Schrifttum nicht veröffentlicht.


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