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Nr.0031

An Marianne Eymard

III,28-29

A-2 81

B-3 50

R2-25 39

Belley, 6 Décembre 1842.

MES BIEN CHERES SOEURS,

Tous les jours je me reproche mon silence, et je prends la résolution de vous écrire, puis mille incidents, mille choses m'en empêchent. Cela n'empêche pas que mon affection pour vous ne soit toujours aussi grande; ma pensée est souvent avec vous, et mon coeur aux pieds de Marie pour qu'elle vous bénisse et vous aime.

Je me porte toujours assez bien; nous avons eu ici depuis quelque temps une température bien variée: tantôt une journée magnifique, puis le lendemain un froid excessif. Cependant, depuis quelques jours le beau se soutient; mais ce temps si beau nous a donné ici quelques maux de gosier et de tête. Je vous engage à ne pas les attraper, il n'y fait pas bon.

Nous n'avons point eu de neige.

Le petit Auguste va bien, il n'a pas été malade.

Je vous aurais bien envoyé les sabots que vous me demandez dans votre dernière lettre, mais je n'ai reçu votre lettre qu'après le départ du père Artaud; alors, impossible de remplir vos désirs. Une autre fois j'espère être plus heureux.

Le père Artaud m'avait dit que Mr le Supérieur lui avait promis un rabais de 50 francs, mais il est parti, et même la chose n'était pas décidée. Mais qu'il soit tranquille; j'irai moi-même prier le Grand Vicaire de faire cette faveur, qu'il accorde cependant difficilement.

Soignez-vous bien pendant l'hiver, faites vos prières dans la chambre quand il fait trop froid. Et surtout ne travaillez pas trop; après nous la mort, et le ciel, j'espère.

Dans vos lettres j'aime bien les détails; ainsi, n'oubliez pas les malades et les morts. J'aime beaucoup à prier pour ceux que j'ai connus.

Tout à vous in Christo.

J. EYMARD, p. m.

P.S. Mes respects à Mr Rabilloux et à Mr son Confrère.

Un souvenir plein d'estime à la famille Fayolle.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard,

à La Mure (Isère).


Nr.0032

An Marianne Eymard

III,30-31

A-2 89

B-3 52

R2-25 41

J. M. J.

Belley, 23 Janvier 1843.

MES BIEN CHERES SOEURS,

Ce n'est pas par indifférence que j'ai tardé à vous écrire, c'est un peu par paresse: une lettre à faire est pour moi un sacrifice; aussi me reproche-t-on souvent ma négligence. J'ai au moins une douzaine de lettres à faire, et Dieu sait quand elles seront faites! Puis, comme Charles m'avait dit que vous lui aviez remis une lettre pour moi, j'attendais de l'avoir pour vous répondre, et je ne l'ai pas encore reçue parce que son paquet est resté en route.

J'ai reçu par différentes voies de vos nouvelles, et je remercie bien le Bon Dieu de ce qu'elle est à peu près; qu'il daigne vous la donner à toutes deux parfaite et tranquille.

C'est moi qui ai chanté la Messe de minuit, et je l'ai dite pour vous, mes chères soeurs; nous étions tous trois autour de la crèche du petit Enfant Jésus, moi je le tenais dans mes mains comme prêtre sacrificateur, et je vous offrais à lui comme mes tendres soeurs. Il pleurait, il souffrait, ce divin Maître, et il semblait me dire: Tes soeurs aussi souffrent et pleurent; mais dis-leur de ma part qu'un jour j'essuierai leurs larmes, et que je serai leur couronne; aime-les parce qu'elles me ressemblent; aime-les parce que je les aime.

Voilà mes sentiments de la Messe de minuit, et je pense que vous avez aussi pensé à moi, et que nous nous sommes trouvés aux pieds de l'Enfant Jésus.

Au jour de l'an, la Sainte Vierge a reçu mes voeux pour vous; présentés pas ses mains, ils seront exaucés, c'est notre commune Mère.

Que cette année serait bonne, mes bonnes soeurs, si nous avancions de plus en plus dans l'amour de Jésus et de Marie; si notre âme montait souvent au ciel pour apprendre le chemin qu'elle doit faire un jour et une seule fois pendant l'éternité, elle serait excellente.

Je me dis souvent: Aller au ciel, bien près de Marie, voilà toute mon affaire. Et c'est bien vrai. Celui qui connaît le monde voit bien qu'il n'y a rien à y gagner, mais à tout moment on est exposé à tout perdre; que le monde n'est rien, puisqu'il ne peut pas nous rendre heureux; alors on le laisse, on se cache dans les SS. Coeurs de Jésus et de Marie, jusqu'au jour de la mort qui brise nos chaînes et déchire le bandeau qui nous empêche de voir la face du Bon Dieu.

Je vous fais là un sermon, mes chères soeurs, mais c'est ce que vous aimez; pour les nouvelles, elles sont si insignifiantes, qu'elles ne valent pas la peine de les répéter.

Je me porte bien, Auguste Artaud va bien aussi.

Mes respects et mes voeux de bonne année à Madame Dumoulins, à la famille Fayolle, à la bonne mère Cros; la pauvre mère, je l'estime beaucoup, sans oublier Mr Fribourg et Mademoiselle et Mr Juvin.

Tout à vous.

J. EYMARD, Directeur.

Mademoiselle,

Mademoiselle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

à La Mure (Isère).


Nr.0033

An Marianne Eymard

O.D.

III,31

A-2 93

B-3 55

R2-25 44

Ne vous laissez pas abattre par ces difficultés: ce sont les misères de la vie; recommandez cette affaire à Dieu, puis agissez. Ecrivez-moi ce que vous avait fait. Je vous insère ici une lettre pour Mlle Fribourg. Si vous la jugez propre à faire quelque bien, donnez-la, sinon brûlez-la.

Allons, bon courage! visez à bien arranger la maison, afin de trouver des locataires plus convenables. Vous feriez bien de vendre tous les ustensiles du pressoir, cela vous donne vraiment trop d'embarras. Que Dieu vous soit en aide.

Tout à vous.

Votre frère.

EYMARD.


Nr.0034

An Marianne Eymard

III,31-32

A-2 95

B-3 55

R225 44

Belley, 9 Mars 1843.

MES CHERES SOEURS,

J'ai reçu votre bonne lettre; c'est toujours avec beaucoup de plaisir que je reçois de vos nouvelles. Rien de si juste, je n'ai que vous sur terre; et si je ne vous écris pas aussi souvent que votre coeur le désire et que je le voudrais moi-même, cela ne vient que de mes nombreuses occupations, et qui sont continuelles.

Je vous engage à bien vous ménager, surtout pendant le Carême. Faites gras, cela vous est absolument nécessaire. Mr le Curé assurément vous y obligerait; par conséquent, je pense qu'une timidité trop craintive ne doit pas vous empêcher de le lui demander. Il est bon, il est un peu froid, c'est son caractère. Puis, mes bonnes soeurs, tenons-nous dans la sainte humilité avec la Sainte Vierge.

Si l'on ne fait pas de cas de nous dans le monde, si l'on semble nous oublier, hélas! bénissons-en le Bon Dieu, nous ne l'aimerons que plus purement; c'est ainsi que faisaient et désiraient les Saints.

J'ai exprimé ma reconnaissance à Mlle Marsallat pour la bonne visite qu'elle vous a faite; elle est si bonne et si sage, cette bonne demoiselle!

Je me porte bien... le petit Auguste va bien aussi, il profite bien, nous en sommes contents.

Veuillez présenter mes respects aux deux excellents vicaires que j'aime et que j'estime de tout mon coeur.

N'oubliez pas, s'il vous plaît, Madame Dumoulins, et surtout recommandez-moi à ses prières, à la bonne mère Cros, que je vénère comme ma mère, à Madame Didier, donnez-moi de ses nouvelles, à toute l'excellente famille de Mme Fayolle.

Pour vous, soignez-vous, et aimez bien Notre-Seigneur et sa sainte Mère.

Votre frère.

EYMARD, Dir.


Nr.0035

An Fräul. Elis. Mayet

B,54 (44)

A Mademoiselle Elisabeth Mayet

Réf. A-7 29 (autographe)

A-8-197

B-7-79

R2-24-92

(Belley) 18 avril 1843

Mademoiselle,

Que vous êtes bonne d'avoir pensé à ma chère Congrégation! et surtout si gratuitement; aussi nous ne pouvons que vous offrir un modeste remerciement, mais bien sincère, et, si vous le voulez, une prière de la part de tous mes congréganistes; et vos fleurs, en parant l'autel de la Ste Vierge, seront aussi un hommage affectueux de votre zèle pour son culte.

Nous avons vu M. Tonny, il est toujours aussi charmant qu'aimable; c'est dommage que nous ne le voyions pas plus souvent.

Il exprimera de vive voix tous nos voeux et toute notre sympathie pour toute la famille que je regarde comme la mienne.

J'ai l'honneur d'être, Mademoiselle,

Votre tout dévoué.

Eymard P.m.

Mademoiselle

Elisabeth Mayet

Lyon


Nr.0036

An Marianne Eymard

III,32-34

A-2 99

B-3 57

R2-25 57

V.M.

Belley, 19 Mai 1843.

MES BIEN CHERES SOEURS,

J'attendais tous les jours quelques-unes de vos nouvelles, et peut-être que vous me faites le même reproche. Eh bien, je vous écris le premier, et d'abord pour vous demander comment vous avez passé le Carême, comment vous vous portez maintenant, si tout va bien, quelques détails sur les personnes auxquelles je m'intéresse - surtout sur Madame Lesbros à qui je vous prie de présenter mes voeux pleins d'estime et de félicitations si elle est guérie. N'oubliez pas Mr Dumoulins et la bonne mère Cros, cette bonne mère que j'estime et que j'aime beaucoup.

Vous avez eu un Jubilé, je pense, bien consolant par ses succès et ses conversions; maintenant, le mois de Marie va tout ranimer et tout enflammer de l'amour de la Très Sainte Vierge.

Mais il faut bien vous dire un mot de moi. - Je vais toujours à l'ordinaire, grâce à Dieu. Je suis occupé du matin au soir comme une nourrice envers ses petits. C'est un travail qui n'est pas pénible, il est accompagné de bien grandes consolations, surtout quand on voit des conversions constantes parmi ces jeunes gens. Assurément, ma position est admirable et vraiment désirable, parce qu'on peut espérer faire un bien solide, ayant toujours sous la main ces enfants que l'on cultive, et je puis vous assurer qu'il y en a de bien sages et de bien généreux.

Auguste va bien et se porte bien; c'est bien dommage qu'il n'ait pas beaucoup de talent. Cependant il en a assez pour être un bon élève, mais pas assez pour être des premiers; il travaille cependant bien.

Il faut bien vous donner quelques nouvelles. La gelée a fait du mal en beaucoup de pays, surtout ici, sur les noix et les vignes.

La saison est bien inconstante, beaucoup de pluies et d'humidité; je vous engage à bien vous tenir les pieds secs, avec des semelles en crin.

Nous avons envoyé ces jours derniers douze missionnaires avec un évêque près de la Chine; ils vont convertir des sauvages encore dans leurs bois, et qui n'ont jamais rien entendu dire de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

La religion prend et se réveille partout, et surtout dans les grandes villes. J'espère que nous la verrons fleurir, avant de mourir, de cette foi des premiers siècles. La Sainte Vierge surtout se distingue dans notre siècle; faisons en sorte de n'être pas arriérés, aimons-la de tout notre coeur, cette bonne mère.

Allons, mes bonnes soeurs, du courage, de la patience et de l'amour de Dieu! Ecrivez-moi bientôt.

Votre frère tout affectionné.

J. EYMARD, Directeur.

Mlle Marianne Eymard,

rue du Breuil,

à La Mure (Isère).


Nr.0037

An Fam. Mayet, Herrn Anton Mayet

B,47-50 (39-41)

Réf. A-7 9 (autogr.)

A-8-71

B-7-7

R2-24-164

Belley 24 juillet 1843

Bien cher ami,

J'emprunte une main étrangère pour vous répondre, au sujet de ce bon frère qui vous aime toujours beaucoup ainsi que moi, cela va sans dire, et au nom duquel je suis chargé de vous embrasser.

Vous êtes vraiment trop bon de penser encore à ce petit voyage de quelques instants, vous qui savez qu'on va aujourd'hui, en Amérique, ou en Chine ou à la Nouvelle Zélande, soit comme empoisonneurs, soit (ce qui est plus lucratif) comme missionnaire, en un tour de main.

Un peu plus, et vous étiez ici avec nous; oui, si vous vous étiez endormi un instant, vous auriez dîné à Belley, avec nous, au lieu de dîner à Saint-Clair à peu près à la même heure.

Notre malle-poste a brûlé le pavé, sur les 8 heures à Méximieux, sur les 1h.1/4 à Belley, n'est-ce pas bien marcher, cela ? Ainsi donc, vous voyez, bon voyage: point de frère tué, malade ou mort, comme vous voyez, toujours muet, par exemple, et ne parlant pas impunément, si ce n'est qu'il ait affaire avec le Bon Dieu, la Sainte Vierge ou les Saints de l'Eglise triomphante; à ceux là, par exemple, il parle souvent et sans cesse de vous et avec ces élans de coeur qu'on ne contrefait pas et avec une vaste ambition de désirs spirituels, avec une vivacité de prière et une interminable loquacité; mais cela, dit-il, ne lui fait pas mal au larynx, mais seulement au coeur et, chose singulière! cela soulage en même temps ce coeur. Je n'y comprendrais certes rien, sans deux circonstances...si je vous aimais moins et si je n'étais pas prêtre...mais à autre chose.

Je suis bien peiné que Mr. votre père soit fatigué et je l'engage bien, ainsi que son abbé, à se bien ménager: avec son fort tempérament, il dominera ce petit malaise par quelques médicaments. L'abbé veut que je vous ajoute de ne pas le tourmenter par vos bruyants tourbillonnages quand cela le vexe; je ne sais vraiment ce qu'il me fait mettre là; mais enfin il le veut, ....il faut faire la volonté de ceux qui sont malades! lui disiez-vous un jour, dans un moment où vous n'aviez pas d'autre réponse à faire à ce qu'il vous disait...vous voilà aujourd'hui victime de cet axiome.

Il a reçu la bonne et paternelle lettre de l'excellent Père Mayet et l'en remercie; c'était comme la quintessence de ce coeur paternel tout occupé de ses enfants. Le bon Dieu serait en quelque sorte embarrassé, (qu'il veuille me permettre cette expression) s'il refusait à ce bon père, tout ce qu'il lui demande pour ses enfants...la santé de l'abbé, passe encore.... car enfin qui sait ce qui lui est le plus profitable. Mais comment pourrait-il ne pas bénir ses autres demandes...l'abbé veut que je le prie ici de bien continuer de prier pour vous parce que, dit-il, vous en avez un besoin immense, et beaucoup plus que vous ne le pensez. Allons, Monsieur, vous savez ce que nous disions, en trottant devant la voiture de Belley à Pâques; armez-vous vous-même; car, en vain, tirera-t-on le sabre pour vous défendre; tous les efforts des combattants pour vous sauver assureront votre perte, si vous-même restez spectateur du combat. Il faut bien que vous permettiez ce mot au pauvre Père Eymard; ou plutôt, non, point de permission.

Certes, Messieurs, s'il faut prendre des gants blancs pour vous dire: n'allez pas en enfer pour toujours, vous êtes des ...

Votre frère attendait que vous lui apprissiez quelques chose de nouveau, pour vous écrire pour votre affaire et il ne veut pas le faire avant, il s'entête...il ne comprend rien au silence de cette famille...il ajoute qu'il n'y a pas si longtemps qu'il ne vous a vu ou écrit, non, pour se plaindre de vous ou de vous écrire, mais parce qu'il n'aime pas qu'on s'inquiète...il n'écrira donc pas, c'est décidé.

Vous me parlez de l'Espagne, je vous parlerai de l'Espagne, car j'en suis aussi près que vous. Espartera que Dieu poursuit fuit et se sauve dans une colonie; si Dieu veut, Il l'atteindra bien.

Nous allons sortir le 2 août, nos enfants sont en grande ferveur et viennent d'engiberner force cartouches pour cette campagne de deux mois par une bonne retraite.

Adieu, amitiés, saluts, affection. J'offre mon respect à toute la famille et suis, pour la vie et, si vous le voulez, pour l'éternité Votre bon ami

Eymard.

Monsieur Mayet fils

chez M.M. Menthe Commissaire

Rue des Capucins

Lyon


Nr.0038

An Fam. Mayet, Herrn Anton Mayet

B,50-51 (41-42)

Réf. A-7 13 (autogr.)

A-8-79

B-7-10

R2-24-167

(Belley) 26 juillet 1843

Merci, cher ami, de votre bonne lettre. J'ai été décontenancé en la lisant; si vous avez voulu nous jouer, vous avez bien réussi. Comment vous n'avez pas vu que c'était une lettre de connivence ? Que je pensais par la plume du cher et aimable abbé ...Qu'il y a mis tant d'esprit, qu'il finissait par devenir obscur. Ce bon ami se disait: il va rire, mon frère, que moi muet, je parle pour le P. Eymard; ainsi plus de mystères, nous étions deux pour penser.

Le bon abbé va mieux; il est bien gentil. La nouvelle de cette triste affaire ne l'a pas affecté, il s'y attendait et l'attendait; il a vraiment une âme forte quoique très aimante et ces deux qualités, si rares, se trouvent bien dans son cher Tonny.

Votre lettre m'a bien affligé, cher ami; il me semble que tous les coups sur vous tous, me blessent plus vivement. Je voudrais vous voir tous heureux et tranquilles. Pauvre famille! par quels creusets n'a-t-elle pas déjà passé!...Ce dernier coup doit encore lui être bien sensible et surtout en ce moment; vraiment, mon cher Tonny, j'aurais plutôt besoin de consolation que vous.

Votre démarche auprès de Mr.... a ravi le bon frère; il m'a dit: "Là je reconnais mon frère. Je m'attendais à cela de son bon coeur."

Lui aussi vient de lui écrire une lettre charmante, si toutefois on peut donner un semblable nom à des consolations données.

Pour l'affaire, ne vous découragez pas, mon cher; voici ma pensée: tout vous contrarie, tout semble rendre la chose désespérée; elle réussira, le Bon Dieu s'en mêlera. J'aime ce mot:" J'ai confiance en Dieu". C'est une prophétie.

Veuillez, cher ami, faire agréer mes remerciements à Melles vos soeurs, pour les jolies fleurs qu'elles ont eu la délicate adresse de me donner pour ma Congrégation. Je suis en retard de reconnaissance; mon coeur ne l'a jamais été.

Adieu, cher ami, nous nous reverrons, je l'espère. Tout à vous.

Eymard.

Monsieur A.Mayet

Chez M.M. Menthe et Compie

Rue des Capucins Lyon


Nr.0039

An den Generalsuperior P. Colin

A,35-37 (22-24)

A-13 3

AU T.R.P.COLIN

Nota: Cette copie dactylographiée a été faite sur l'original prêté obligeamment par la Curie Généralice des PP. Maristes. (26 février 1955)

Réf. A-13 3 (photo)

v.J.&

Marie

S. Marcellin 11 août 1843

Mon Très Révérend Père,

Je viens vous rendre compte de ma mission: le bon Dieu l'a bénie, et la Ste Vierge et S. Joseph m'ont bien visiblement protégé.

Je commence par vous louer de n'avoir pas fait une lettre; elle aurait pu vous embarrasser plus tard; puis mille choses que l'on ne prévoit pas.

La maison peut suffire; elle est bien placée; on peut s'étendre de chaque côté; quelques pièces ne sont pas encore finies, on les achèvera pendant les vacances. Enfin avec de l'argent cet établissement peut devenir beau, mais surtout très florissant, il est le centre de 5 départements. Une chapelle manque.

Voici le résultat de ma visite: J'ai trouvé ces MM. tout découragés; embarras pour les Professeurs qui leur manquent; ennui, résultant d'une administration toujours entravée par les 3 qui sont à la tête et qui ne s'entendent pas, qui se contrarient malgré leurs bonnes intentions; pas d'unité avec une pareille direction, leur établissement ne pouvait que se détruire, la mort d'un des 3 détruirait tout; ils convenaient que le statu quo était l'agonie et la mort.

Ils ont accepté vos offres, mon Père, comme la planche de salut; mais il leur faut absolument des sujets. Je leur ai promis de vous les demander, savoir: un Directeur, un Professeur d'humanités, de troisième et un de français. Ils voulaient encore un Préfet, mais je m'y suis opposé (sauf votre avis) 1. parce que si le Préfet ne réussissait pas, cela ferait tort à la Société, cet emploi étant si difficile; et pour une première année, il ne fallait point d'odieux pour nous. 2. qu'il valait mieux en former un sur les lieux, sur l'esprit de la maison, etc...

On me demandait un Professeur de Rhétorique, mon sentiment a été de le refuser 1. afin de ne pas donner de suite trop d'éclat, 2. que celui qui l'a fait jusqu'à présent est au courant de tous les usages; de toute la représentation, des compliments, etc, qu'il fallait que M. Boirayon continuât encore une année; 3. que cela froisserait l'amour propre de ne pas laisser M.Boirayon Professeur de Rhétorique; le résultat a été que M. Boirayon qui n'en voulait plus, se chargerait encore de la Rhétorique.

Mais la grande affaire ca été le gouvernement du temporel; nous sommes restés tout un jour et demi pour débattre cette importante question; il fallait ménager M. Crozat, il fallait l'éloigner, le mettre absolument en dehors de tout; et sans que vous y parussiez pour rien; enfin que vous le verrez dans l'acte et M. Crozat sera Professeur de mathématiques.

M. Crozat demandait une caution; on vous a pris pour caution, pour contenter M.Crozat, qui, à ce qu'il parait, craint toujours pour ses signatures. M. Chovin et M. Boirayon m'ont dit de vous annoncer que ce n'était que pour la forme; que d'ailleurs on allait solder à la fin de l'année scolaire beaucoup de billets; pour cette clause, je leur ai dit que je vous la soumettrais; que ma mission n'allait pas jusque là; mais, mon Père, je crois qu'il n'y a rien à craindre.

On me demandait un Econome, je m'y suis refusé pour que la société ne parût pas de suite à la tête; convaincu qu'il faut pour la première année nous délivrer de tout emploi un peu odieux chanceux, ou trop éclatant.

Maintenant, si vous le jugez à propos, il faudrait écrire à Mgr l'Evêque, sur la demande faite par ces MM; peut-être sera-t-il un peu contrarié et épouvanté parce qu'un grand Vicaire le pousse; mais il est embarrassé, une fois votre lettre envoyée, ces MM. agiront; peut-être faudrait-il lui parler ouvertement, il a des vues droites; et cela le flatterait.

Si vous pouviez lui écrire au plus tôt, ces MM. ne feront rien jusqu'à votre réponse; d'ailleurs Mgr sait qu'on nous a demandés.

M.Gay Vicaire du Péage se trouve en ce moment /seul/

M. vient de changer le second Vicaire, de sorte qu'il /craint/ de ne pourvoir sortir à présent; il vous prie de lui permettre de faire son Noviciat avec les nouveaux Novices de l'établissement, ayant d'ailleurs toute facilité pour cela.

(les mots manquent en raison des déchirures des cachets)

M.Chovin aurait deux excellents sujets pour la Société, il voudrait les garder et leur faire faire leur Philosophie dans sa maison, tout en les employant un à la Préfecture et l'autre à une classe inférieure; il m'a chargé de vous en faire part et de vous demander votre avis.

Voilà, mon Père, le résultat de ma visite, heureux, si dans tout, j'ai servi d'instrument à la volonté de Dieu.

Votre enfant disposé à tout.

Eymard

s.m.

P.S. Le clergé nous verra arriver avec plaisir, déjà on me disait que Mgr devrait nous demander, etc. Pour M.Touche, j'ai appris des choses bien pénibles et bien affligeantes. Tâchez, mon Père, de couper court avec lui, et si clairement qu'il ne puisse plus se vanter d'être de la Société; ici il a fait tort à la Société, puis ce qu'il a fait annonce un imprudent, un homme très dangereux. On est étonné comment nous le recevons. Il a failli détruire tout le bien qu'avait fait M.Chovin; il a monté les élèves contre M. Crozat; il a cabalé pour se faire nommer Supérieur à la place de M.Chovin en cas de mort... Enfin, mon Père, il s'est plaint que la Société lui ait fait faire à son compte le voyage de Paris au sujet du Collège Irlandais; c'est ainsi qu'il fait payer ses offres; il a offert à M. Chovin un Professeur, je pense que c'est son neveu; voilà ses procédés; il a perdu toute considération dans le diocèse de Valence.

Si vous aviez besoin de moi, je pars pour La Mure chez ma soeur (Isère), un mot de votre part et je volerai là où vous voudrez.

Je vous demande pardon de vous envoyer une lettre si mal faites, je n'ai pu faire mieux et le temps presse.

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Nur in der Rom-Ausgabe:

A la suite d'une lettre du Chan. Alliés, Curé d'Orgon, dioc. d'Aix, datée du 15 avril 1845, le Bienheureux P. Eymard ajoute, à l'adresse du T.R.P. Colin, á la date du 19 avril 1845, ces lignes:

Mon Très Révérend Père,

Je vous envoie cette lettre, ne sachant à quoi me décider, parce que j'ignore le besoin des Missions étrangères. J'ai vu ce jeune homme, il me plairait et m'a paru un bon sujet. Je l'ai ajourné à deux à trois jours. S'il entre nous aurons deux serruriers, et si vous en avez besoin à Belley, ils pourraient se rendre utiles à la maison neuve.

Rien de nouveau ici, beaucoup de demandes, mais toutes refusées. St. Bonaventure a demandé pour les Dominicales.

Je suis avec le plus profond respect, mon Très-Révérend Père,

Votre Enfant

Eymard P. s.m.

(cette lettre est écrite à Lyon)

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Nr.0040

An Herrn Anton Mayet

B,51-52 (42-43)

Réf. A-7 17 (autogr.)

A-8-83

B-7-12

R2-24-169

13 octobre 1843

Cher ami,

Deux mots! J'ai vu et j'ai parlé à ce Monsieur de Grenoble, sur ce que nous avions dit. Il connaît bien Mr.P. ils se voient, ils sont des propriétaires limitrophes. Il m'a dit qu'il parlerait adroitement de la chose et cela sans s'exposer à nuire à rien.

Un million, le premier commerçant de Grenoble, une grande confiance, point d'usure, voulant se retirer du commerce; un gendre commerçant a sa fortune dans sa tête; beaucoup de partis se présentent; mais ou sans tête ou sans coeur, on n'en veut pas. On m'a assuré que dans cette maison tout se fait par la Dame.

Ainsi espérance. Je la salue, cette espérance, pour votre bonheur. En attendant, mon cher ami, Fourvière puis le reste que vous nous disiez énergiquement être difficile; mais tant pis, il le faut.

J'aime ce genre, il est rond et généreux.

Le bon abbé va bien, il est content ici; il y a ses habitudes et une grande diversion.

Un souvenir plein d'estime à vos bonnes soeurs, s'il vous plaît et à Mesdames Emma et Aline.

Tout à vous.

Eymard.

P.S. J'ai un charmant jeune homme à placer - Y aurait-il moyen ? Son éducation est ordinaire.

Mr. C. Mayet

chez M.M. Menthe et Comie

Négociants à Lyon

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