~ Les Migrations ~
Les Causes des Migrations

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Introduction
Les Différents Types de Migrations
Les Conséquences des Migrations
Conclusion
Carnet de Bord
   Si l'on connaît mal les raisons des premiers déplacements de populations, on peut distinguer, à l'origine des migrations modernes, des motifs économiques (les migrants cherchent à survivre ou à s'enrichir), religieux (en cas de persécutions), politiques (colonisation ou guerre). Spontanées, favorisées ou forcées, elles ont modelé la population mondiale, qui atteint le premier milliard d'habitants vers 1830. Au début du XIXe siècle, l'Asie totalise 631 millions d'habitants, bien loin devant l'Europe, qui en compte 195 mais va connaître une forte croissance, et devant l'Afrique (102 millions). Le continent américain, malgré le mouvement continu d'arrivées d'européens: espagnols, portugais surtout, mais aussi français, britanniques, hollandais... on n'en compte que 26 millions.
   Les différents motifs de migration peuvent se résumer en deux facteurs généraux : tout d’abord les facteurs attractifs des pays étrangers et ensuite, et malheureusement la plupart du temps, les facteurs répulsifs qui poussent une personne à quitter son pays d’origine....


I. Les Aspects Attractifs de l’Immigration


A. L'Attrait des Pays Neufs

   En 1810-1815, avec l'indépendance des colonies d'Amérique du Sud, commence une phase de grands mouvements internationaux de populations, plus facilement quantifiables que les précédents et qui atteignent leur apogée entre 1840 et 1914. Ils sont essentiellement le fait des Européens en partance pour les «nouveaux mondes». On estime ainsi à plus de 50 millions le nombre d'émigrants européens entre 1800 et 1930.
   La famine consitue une des causes de ces départs; l'émigration irlandaise en est l'illustration la plus frappante. Dans les années 1845-1847, la maladie de la pomme de terre, principale source d'alimentation d'une population pauvre, s'ajoutant à une situation d'exploitation quasi coloniale, contraint les Irlandais à l'exil. Ils se dirigent d'abord vers les grandes régions industrielles de l'Angleterre, puis très vite vers l'Amérique du Nord. Au total, sur 3 millions d'habitants, 1 million sont morts des conséquences de la famine (par example entre 1845 et 1849), et 1 million ont émigré, privant ainsi le pays d'une grande partie de ses forces vives. En 1880, le maximum des départs annuels est atteint, avec 100 000 émigrants.
   Même lorsque la situation n'est pas aussi tragique, les futurs émigrants sont encouragés par les nombreuses publicités de compagnies de transports ferroviaires et maritimes incitant au départ; ils sont également attirés par les nouveaux espaces à exploiter: la «ruée vers l'or» est un des aspects de ce phénomène d'attraction. L'Amérique du Nord est, en 1815, très peu habitée. Entre 1865 et 1914, sa population va tripler, pour atteindre 95 millions d'habitants, les émigrants fournissant ainsi la main-d'œuvre nécessaire à l'agriculture et à l'industrie. Tandis que les États-Unis et le Canada reçoivent des immigrants britanniques, scandinaves (42 000 départs en 1880), russes, allemands, italiens, ou encore venus des pays balkaniques, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud constituent aussi des pays d'accueil non négligeables, où se manifeste la prépondérance britannique (on estime ainsi à 17 millions le nombre de sujets de Sa Majesté qui y émigrent de 1815 à 1920).
   L'Amérique du Sud attire principalement des Espagnols (2 millions d'entre eux s'installent en Argentine de 1857 à 1938; 600 000 au Brésil de 1820 à 1935) et des italiens, dont l'émigration, surtout à destination de l'Argentine, prend son essor dans les années 1880-1920 pour atteindre son apogée en 1913, avec 873 000 départs. C'est ainsi que, entre 1850 et 1930, l'Italie a vu émigrer 11 millions de ses habitants vers deux pays du Nouveau Monde, les États-Unis et l'Argentine.
   La surpopulation, due à la formidable croissance démographique des vieux pays qui s'industrialisent, est un puissant facteur d'incitation au départ. Les différences de niveaux de vie entre pays d'émigration et pays d'accueil ne sont pas non plus à dédaigner, les émigrants se dirigeant vers des contrées plus favorisées, où ils peuvent trouver des terres à bas prix, des ressources naturelles variées, ou encore un pays jeune et entreprenant. C'est le cas des États-Unis, qui ont été jusqu'en 1928 une terre d'immigration où les arrivées étaient en moyenne de 1 million par an. Les plus fortes colonies se sont établies dans le centre-ouest, l'est, et au-delà des Montaignes Rocheuses. Le Canada a enregistré 3 millions d'émigrants entre 1900 et 1914. Quant à l'Amérique du Sud, sa population s'est enrichie de 23 millions d'habitants entre 1810 et 1966.

B. Les Besoins en Main-d'Œuvre

   Jusqu'en 1880, la Grande-Bretagne est un des premiers pays demandeurs de main-d'œuvre étrangère. À partir de 1880, et jusqu'au début de la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux autres pays, notamment la France qui sera au XIXe siècle une terre d'accueil attractive, vont faire appel à la main-d'œuvre étrangère, ce qui déterminera des migrations définitives ou temporaires. Les secondes concernent des travailleurs agricoles venus des régions voisines pour effectuer les moissons ou les vendanges, ou encore des ruraux exerçant par exemple le colportage pour subvenir à leurs besoins. Quant aux migrations définitives, elles sont liées aux besoins économiques de certains pays qui accomplissent leur révolution industrielle. La Suisse restera terre d'émigration jusqu'en 1920, puis fera appel à des immigrants allemands et italiens. Au début du XXe siècle, ce sont les Polonais et les Hongrois qui émigrent en Allemagne, où l'industrie est en pleine croissance. Le mouvement s'arrête lors de l'arrivée de Hitler au pouvoir (1933).
   Puis, pendant que les pays d'origine adoptent des mesures restrictives pour retenir leur population, l'Europe, dont la France, prend des dispositions tout aussi sévères à l'encontre des immigrants. Le mouvement reprendra toutefois à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans une proportion telle que l'on a pu parler de «renversement du courant migratoire». À partir de 1952, en effet, le développement industriel européen, l'insuffisance démographique, le refus des nationaux d'accomplir certaines tâches ingrates rendent nécessaire l'appel à la main-d'œuvre étrangère. L'Afrique, la Turquie, la Jamaïque, l'Inde et le Pakistan fournissent les plus gros contingents, à destination de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et des Pays-Bas.
   Des migrations internes de main-d'œuvre ont lieu également entre régions d'un même pays, d'économie différente, les habitants quittant des régions pauvres, difficiles à mettre en valeur, où le taux de fécondité est élevé, pour émigrer vers des zones industrielles plus riches. En Allemagne, par exemple, 2,5 millions de personnes, venant de vastes régions agricoles et pauvres telles que la Poméranie, la plaine du Nord ou la Prusse, ont émigré entre 1840 et 1925, d'abord vers la province rhénane, attirées par les mines de la Ruhr, puis vers le Brandebourg et Berlin.
   L'exode vers les villes participe du même phénomène. Des agglomérations comme Paris et Londres se développent à une allure accélérée, voyant leur population multipliée par 7 ou par 8 entre 1800 et 1900. L'aire métropolitaine de Londres compte ainsi quelque 6,5 millions d'habitants en 1900, plus que la population des Pays-Bas ou de la Suède à la même époque. New York connaît une croissance encore plus foudroyante, passant de 63 000 habitants en 1800 à plus de 4 millions en 1900.


II. Les Aspects Répulsifs Poussant à l’Emigration


A. Des Migrations Forcées...

   Au XXe siècle, les migrations les plus importantes concernent les transferts de populations sous la contrainte. Les guerres balkaniques, déclenchées en 1911-1912, jettent sur les routes bulgares, turcs et grecs. En 1923, pas moins de 1,2 million de Grecs sont contraints de quitter l'Anatolie, tandis que 400 000 musulmans vivant en Grèce prennent le chemin de la Turquie; dans le même temps, 320 000 Arméniens quittent ce pays. En Russie, la Révolution de 1917 et la Guerre Civile obligent 1,5 million d'habitants à émigrer en Europe et en éxtrême-orient.
   Le mouvement s'intensifie avec la Seconde Guerre Mondiale: en 1940-1941, quelque 1,5 million de polonais subissent une immigration forcée en Allemagne, tandis que 2 millions d'entre eux, vivant dans l'est de leur pays, sont transférés en Russie du Nord. Au total, on estime que 30 millions d'Européens perdent leur foyer entre 1939 et 1943. De 1943 à 1945, la retraite des armées allemandes provoque à nouveau de gigantesques déplacements, suivis par de nouvelles migrations consécutives aux traités de paix; c'est ainsi qu'en 1946-1947 les minorités italiennes se voient expulsées de Yougoslavie, et qu'entre 1950 et 1952 les minorités turques sont chassées de Bulgarie et de Grèce.
   En éxtrême-orient, la guerre de Corée provoque l'exode de 9 millions de personnes, la décomposition des anciens empires coloniaux se traduisant également par d'intenses mouvements de populations: 6 millions de japonais quittent la Chine, la Mandchourie, Formose (Taiwan) et l'URSS pour revenir sur leur archipel dans l'immédiat après-guerre. Quant à la partition de l'Inde et du Pakistan, en 1947, elle a pour conséquence le déplacement de 18 millions de personnes: 7,5 millions de musulmans émigrent vers le Pakistan, tandis que 10,5 millions de sikhs et d'hindous prennent le chemin inverse.

B. ... Qui Entraînent des Déséquilibres Mondiaux

   À la fin du XXe siècle, les mouvements migratoires ne concernent que quelques pays producteurs de pétrole ou de rares contrées d'immigration, comme l'Australie, qui a vu sa population passer de 7,3 à 13,3 millions d'habitants entre 1947 et 1973. Les espaces à peupler sont de plus en plus rares, les meilleures terres déjà prises, et la plupart des États ont établi des entraves d'ordre politique ou idéologique à l'immigration. Ils n’en reste pas moins que les guerres civiles contraignent des millions de personnes à fuir leur pays, depuis les Afghans, dont 2,5 millions cherchent à regagner leurs villages, jusqu'aux Cambodgiens et aux Vietnamiens, dont le nom est associé aux boat people. Les habitants de l'ex-Yougoslavie, de l'Angola ou du Rwanda, pour ne citer que ces exemples, paient à leur tour un lourd tribut aux déplacements forcés de populations.
   Trois gros foyers de populations peuvent être recensés: l'Asie orientale, comprenant la Chine, la Corée, Taiwan et le Viêt-nam, compte 1,32 milliard d'habitants; l'Asie méridionale, c'est-à-dire l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh et le Sri Lanka, représentent plus de 1 milliard d'habitants; le foyer européen totalise plus de 705 millions d'habitants.
   On constate une inégale croissance des diverses populations du monde; les pays en voie de développement représentaient en effet 77 % de la population mondiale en 1990: la population a été multipliée par 4 en Asie Méridionale, par 6 en Afrique, par 7 en Amérique Latine.
   Enfin, depuis la Seconde Guerre Mondiale, le phénomène de concentration urbaine, qui fut pendant longtemps le fait des seuls pays industrialisés, a gagné les pays en voie de développement, à cause de la croissance des activités industrielles et tertiaires et de la forte poussée démographique. Buenos Aires, qui comptait 5,3 millions d'habitants en 1950, affiche en 1990 le chiffre de 11,5 millions, soit une population qui a plus que doublé en quarante ans; Shanghai, dans le même temps, est passée de 5,8 à 13,4 millions d'habitants; Mexico et São Paulo, gigantesques mégalopoles, regroupaient en 1990 respectivement 20,2 et 17,4 millions d'habitants.
   La carte de la population à la fin du XXe siècle s'est donc complètement modifiée par rapport au siècle précédent. Le changement spectaculaire réside dans le nombre d'habitants, qui a plus que triplé – il s'élève aujourd'hui à 5,8 milliards de personnes, le chiffre réel étant supérieur, en raison des difficultés d'évaluation dans certains pays. La population mondiale est localisée en Asie à 60 %, avec deux géants, la Chine et l'Inde, qui comptent respectivement 1,22 milliard et 935 millions d'habitants, et rassemblent ainsi 37,5 % des habitants de la planète.



                                                                                                         Van Klavaren Pierre




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