MAFIA ou MAFIE
La
Mafia italienne est un phénomène complexe et en évolution continuelle. Un phénomène
dont le développement est toujours en relation avec la modification de la société
et du comportement répressif de l’État ; certainement liée à un
territoire bien délimité et à un certain nombre de conditions sociales et
historiques spécifiques, dans les derniers décennies la Mafia a trouvé la
manière de répandre ses branches bien au de là du berceau où elle est née, de
telle façon qui n’est pas inutile se demander si on peut tout simplement
parler de Mafia tout court, ou bien s’il faut, au contraire, distinguer
plusieurs manifestations du problème, plusieurs « Mafie ». A
la conclusion de cet étude sur la répression, donc, je vais ajouter une
analyse un peu plus spécifique des différents types d’association mafieuse
qui on peut repérer sur le territoire italien. En fait on peut dire en ligne tout à fait générale qui existent en Italie au moins quatre types de mafia (mais en réalité cinq) qui se partagent l’influence sur la presque totalité du Midi Italien et qui ont déjà implanté de ramifications dans plusieurs Régions du Nord et à l’Étranger : toutes ces « mafie » ont, certes, des caractères en partie communs, mais ça n’empêche pas de envisager des caractéristiques spécifiques de chaque groupe qui le rendent différent par rapport aux autres. C’est pour cela que je vais aborder une descriptions très rapide des différents groupes mafieux, qui nous éclaircira sur la localisation, l’histoire, sur l’organisation interne et sur les activités de chaque mafia. COSA
NOSTRA
Cosa
Nostra exerce en Sicile des fonctions de souveraineté imposant une propre
fiscalité illégale généralisée dite « pizzo ». Les origines
remontent au début du XIX siècle dans les campagnes de l’Ouest de la Sicile
ou elle s’organise en plusieurs sectes (cosche), mais déjà en 1837 on a des
témoignages de corruption de fonctionnaires publics. Les
principales activités illicites dont s’occupe Cosa Nostra sont le trafic
international de drogue (domaine dans lequel l’organisation est considérée
l’intermédiaire le plus fiable à niveau international), blanchiment,
extorsion, spéculations financières et immobilières, trafic d’armes et
enfin (très important) stockage de déchets solides urbains et industriels. La
structure de Cosa Nostra est hiérarchique et paramilitaire, avec de strictes règles
de comportement. Au sommet il y a la Cupola, la commission suprême composé par
les Chefs de Mandement ; descendent dans l’échelle on trouve l’organisation
territoriale des Mandements qui sont contrôlés par des Familles. La
Famille, bien entendu, n’a rien à voir avec des liens de parenté mais est le
group mafieux qui contrôle une ville ou un quartier d’une grande ville :
le Chef de Famille doit nommer un Sous-Chef, les Conseillers et les Chefs de
Dizaine qui sont chargés de coordonner les Hommes d’Honneur, c’est à dire
les affiliés. Dans l’association on ne peut rentrer que pour cooptation et
après un rite d’initiation qui consiste en prononcer un serment en se faisant
brûler l’image d’un saint sur une main[1]. Actuellement
les chefs de la Cupola sont les Corleonesi, un des groupes les plus violents de
Cosa Nostra (les mafieux de Palermo les appellent « i viddani »,
c’est à dire les « vilains », pour leurs méthodes sans scrupules) :
Salvatore (Totò) Riina, Giovanni Brusca Bernardo
Provenzano et Leoluca Bagarella sont les plus importants chefs de l’organisation
dans les années ’90, responsables de la mort des juges Falcone et Borsellino[2]. STIDDA
La
Stidda est la plus méconnue des Mafie italiennes ; en fait la partition
traditionnelle du phénomène de la Mafia en quatre grandes associations ne la
considère pas, peut être parce que est la plus récente : on a eu
connaissance de son existence seulement en 1989 pendent l’interrogatoire du
procureur Falcone au repenti Francesco Marino Mannoia. Née
en province de Agrigento et ramifiée désormais aussi à Caltanissetta on croit
qu’elle a décidé et réalisé l’assassinat du juge Rosario Livatino. Son
organisation n’est pas centralisé, n’existent pas des Commissions et on ne
sait même pas qui sont les chefs de l’association : on sait au contraire
que les rapports avec Cosa Nostra sont assez incertains car parfois les affiliés
de la Stidda ont conclus des accords avec des Familles, parfois les ont contrastées
avec les armes ; plusieurs hommes d’honneur de Cosa Nostra qui n’ont
pas accepté le diktat de Totò Riina sur la guerre à l’État sont devenus
des affiliés de la Stidda.
‘NDRANGHETA
« Elle
est invisible comme l’autre coté de la Lune » : c’est la définition
donné pour la ‘Ndrangheta par le Procureur de l’Etat de Tampa (Florida),
Julie Tingwall. Son
origine remonte à la seconde moitié du XIX siècle, quand plusieurs « picciotterie »
s’organisent en une secte « qui n’a peur de rien », d’après
une dénonce faite au préfet de Reggio Calabria en 1888. Son
organisation est horizontale : chaque famille (famille de sang)[5]
dispose d’un territoire exclusif ou peut exercer n’importe quelle
activité, licite ou illicite. Pour cette structure familiale au sens propre la
‘Ndrangheta est aussi beaucoup moins perméable à la prolifération des
repentis qui au contraire ont miné grandement Cosa Nostra. Il existe un Code
qui règle les rapports entre les associés et qui est soumis a la juridiction
d’un tribunal interne, saisi lorsque un affilié ne respecte pas les règles
de l’organisation. Les
activités principales de la ‘Ndrangheta sont le trafic international
d’armes (fusées et autres armes de guerre), le trafic de drogue et l’extorsion.
Elle a presque abandonné l’enlèvement, devenu, désormais très peu rentable. Après la guerre entre les « cosche » en 1985, les familles de la province de Reggio Calabria ont crée un organisme supérieur dont font partie les chef des familles les plus puissantes.
CAMORRA
La
Camorra est le seul phénomène mafieux issu d’un milieu urbain : son
lieu de naissance est Naples, la
date environ au début de XIX siècle. Elle contrôle étroitement le territoire
et est très intégrée dans le tissu social surtout dans les couches les plus
pauvres. De même la Camorra a entretenu des rapports assez solides avec la
politique ce qui lui permet de garder encore aujourd’hui 111 familles opérationnelles
et environ 6700 affiliés. C’est la formation mafieuse la plus protéiforme et
la plus ductiles : plusieurs fois l’Etat a cru de l’avoir extirpée,
lorsqu’elle s’était au contraire seulement déguisée sous l’apparence de
la criminalité commune napolitaine . La Camorra, la « Protection »
commence ses activités avec l’extorsion généralisée dans la ville de
Naples : elle change souvent nom et devient « Bella Società
Riformata » ou « Onorata Società » ou « Nuova Camorra
Organizzata ». Elle comprend une Société Majeure dont font partie les
vrais camorristes et une Societé Mineure dont font partie les Les
activités de la Camorra sont innombrables : de l’usure à l’extorsion,
du contrebande de cigarettes au trafic de drogue, à l’importation clandestine
de viande, à la fraude à la Communauté Européenne. Sans oublier les deux
secteurs « traditionnels » du monopole du jeu clandestin et de la
production de béton en Campania. SACRA
CORONA UNITA
Née
au début des années 80 de la scission de la Nuova Camorra Pugliese[7],
la nouvelle mafia pouillaise prend le nom de « Rosa » dans la ville
de Bari, et de Sacra Corona Unita plus au Nord de la Région. Cette mafia possède
toute une série de rites de type mystique-religieux qui évoquent le chapelet
du rosaire : « L’organisation est Sacrée parce que
la Sacra Corona Unita, si on lit ses Statuts, lorsque se réunit ou
affilie quelqu'un, consacre et baptise (comme le prêtre pendant les fonctions
religieuses) ; Corona, parce que elle est comme la Couronne, c’est à
dire le Rosaire qui est utilisé à l’Église pour faire la Via Crucis, un
[grain] à côté de l’autre ; Unita, car on devait être unis comme les
anneaux d’une chaîne. »[8] Les
activités principales de la Sacra Corona Unita sont le trafic (mais surtout la
vente finale) de stupéfiants, le jeu illégal,
l’extorsion et le contrebande en association avec la mafia du Monténégro. Un
marché qui s’est développé notamment dans les années ’90, suite à la
chute du régime de Tirana et à la guerre du Kosovo, est l’immigration
clandestine qui est gérée en accord avec la mafia albanaise.
[1]
Tommaso Buscetta (décédé il y a quelque mois) un des plus importants
mafieux repentis a décrit le rituel d’initiation : le néophyte est
conduit dans un lieu isolé, en présence de trois hommes d’honneur ;
le plus âgé parmi les hommes d’honneur lui dit que « Cette Chose »
sert pour protéger les faibles et éliminer les prévarications et se
blesse un doigt et fait couler son sang sur l’image d’un saint, qui est
posé dans les mains du néophyte et incendié. Celui ci doit supporter la
douleur et prêter serment d’obéissance aux principes de Cosa Nostra («Mes
chairs doivent brûler comme cette image, si je ne suis pas fidèle à mon
serment »). Seulement après le serment le nouveau homme d’honneur
est présenté à la Famille et on lui explique le règlement et la hiérarchie
de l’organisation. [2]
Riina et son successeur Brusca ont été arrêtés et condamnés. Provenzano
se soustrait à les recherches de la police depuis 36 ans [3]
Direction Investigatrice Antimafia [4]
Le rapport population/affiliés en Calabria est extraordinairement élevé,
2,7%. En Sicile Cosa Nostra n’arrive que à
1%, en Campania la Camorra à 1,2% et enfin la Sacra Corona Unita en
Puglia à 2%. [5]
Très intéressant de noter que la ‘Ndrangheta est fondé sur une famille
de sang dont les liens sont souvent renforcés à travers des mariages croisés. [6]
Observatoire statistique sur les phénomènes criminels. [7]
Crée à son tour par Raffaele Cutolo, chef de la Nuova Camorra Organizzata
pour étendre ses affaires au delà de Naples et de la Campania. [8]
Extrait de la déposition du repenti Cosimo Capodieci qui explique les
« liturgies » de l’Organisation
dont il a fait partie. [9] Le rôle criminel de la femme à l’intérieur des organisation mafieuses a subi des changements importants dans ces dernières années : souvent (e notamment pour la Sacra Corona Unita et la ‘Ndrangheta) lorsque les chefs sont emprisonnés, les femmes (leur mère ou leur femme) les remplacent dans la gestion des affaires de l’association. |
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