• "Il est évident que l’œil est éduqué par les choses qu'il voit depuis sa plus tendre enfance." (Goethe)

    Un collège n'est ni un hangar, ni une caserne, ni un ensemble de maisonnettes ou de boites, éventuellement enjolivées d'éléments néoclassiques, ni un remake d'un collège des années trente, car ce genre de construction, à peine achevé, est déjà dépassé, et pire, il ne marque pas le site d'une empreinte qui lui est propre et pourrait

    se trouver aussi bien à Dunkerque qu'à Perpignan (et d'ailleurs s'y trouve bien souvent).

    Un collège est un espace vivant, de communication, de formation et de découverte, qui a une incidence indéniable sur les adolescents durant leur vie scolaire et dans leurs relations ultérieures à l'architecture.

    Son architecture doit être un pôle d'attraction pour la ville, car, au niveau du fonctionnement, elle draine une part importante de la population, et, au niveau de ce quelle signifie elle en implique (inconsciemment peut être) une part plus grande encore.

    Elle doit être un point fort de cette ville, marquer le paysage et témoigner de son époque.

    Mais pour être de l'architecture, avoir une forme, même séduisante ou novatrice, n'est pas suffisant, car elle serait vide. Il est indispensable que le bâtiment soit, en plus, l'expression d'une idée, d'un principe.

    Le site

    Quant on aborde le site depuis la ville de Dettwiller, ce qui frappe tout d'abord est la MONTEE, la LIGNE D'HORIZON, continuité vers l'infini. Cette ligne d'horizon est la jonction entre la terre et le ciel, caractérisée par les arbres qui s'y profilent, et, qui sont pour nous la manifestation du génie du lieu et symbolise les rapports qui s'établissent entre terre et ciel.

    Dans le sens de la montée, soulignée par les degrés du mur du cimetière, un autre trait important est le passage progressif de l'urbain au rural, dans lequel se dessinent les contours de la salle polyvalente.

    En sens inverse, quant on arrive de Bouxwiller et de Gotteshein par le chemin départemental, le terrain du collège marque la limite extrême

    du domaine constructible et constitue en quelque sorte une porte d'accès à la ville.

    Le thème de l'arbre

    Les courbes douces de la région, cette fluidité du site, ce mouvement de montée et descente peuvent se résumer dans le symbole de l'arbre, et l'échange terre - air au niveau de la ligne d'horizon, rythmée par la silhouette des peupliers de la crête, est contenu tout entier dans le principe de l'arbre.

    Ce thème de l'arbre s'impose alors en tant qu'esprit de ce lieu, "image du cosmos vivant en perpétuelle régénérescence." (Eliade) "Il met en relation les trois niveaux du cosmos, le monde chthonien et le monde ouranien ", ses racines représentent la tradition et sa cime, "attirée par la lumière", est l'image de la tension et de la quête.

    Entre les deux, la poussée, la croissance, le développement dans l'équilibre.

    L'arbre est également la verticalité, l'énergie, la vitalité, et, dans les traditions judéo-chrétiennes, représente la vie de l'esprit.

    Peut on rêver plus beau thème pour un collège?

    Mais au niveau de la traduction architecturale, nous retenons principalement la notion d'équilibre, de vitalisme et de développement

    organique, ce qui nous conduit au fonctionnement du collège.

    Le fonctionnement

    les accès

    Nous avons différencié les accès piétons et voitures.

    - Accès piétons:

    Les piétons et cyclistes accèdent au collège par le sud, ils empruntent deux chemins aménagés, 'l'un é partir du C.D. 232, l'autre à partir du parking de l'actuel collège. Ces deux chemins se rejoignent et montent vers le collège par un escalier lent et de promenade, sous lequel se trouve le garage é vélos.

    Cet escalier, axé sur le bâtiment, longe la détente intérieure, surplombe la cour de récréation, et conduit à la "cour haute", à l'attente extérieure

    et à l’accueil.

    - Accès véhicules:

    * Afin que l'accès des véhicules ne soit pas une nuisance pour les habitations au sud du terrain

    * afin de ne pas diviser le terrain par une voirie contraignante (à l'est depuis le C.D. 232), laisser ainsi disponible la totalité de la zone INAI 82 et ne pas couper le chemin qui relie Dettwiller à la salle polyvalente par

    l'aménagement d'un carrefour contraignant,

    * et surtout pour lier le collège à l'ensemble sportif,

    nous avons organisé l'accès des véhicules dans la partie nord du terrain en aménageant le chemin rural qui dessert également les logements (plein sud et en duplex) et qui desservira ultérieurement le reste de la zone INAI 82 et 83.

    Quand on arrive en voiture, on aboutit sur une place avec une aire de retournement pour les bus et une aire de stationnement.

    Un peu en contrebas, une desserte mène à la cuisine (cour de service), aux ateliers, aux services généraux et à la chaufferie.

    L'administration, les locaux médico-sociaux et la loge du concierge (à proximité de son appartement) sont situés sur cette place, en formant

    une porte d'entrée, "un bastion" pour le collège et la ville, dont l'image est renforcée par la passerelle qu'empruntent élèves et professeurs pour gagner la "cour haute" où se trouve l'attente extérieure et l'accueil.

    C'est précisément cette organisation de la circulation qui permet l'accès à la salle polyvalente et au CDI, même lors des périodes de fermeture du collège, et, de nombreuses autres possibilités d'utilisation en période extrascolaire.

    L'accueil

    Les salles des professeurs, la salle de dessin et la salle de musique ainsi que cinq classes d'enseignement général se situent au niveau

    de l'accueil.

    Cet espace s'ouvre directement sur la détente, un niveau plus bas.

    Il s'anime par l'escalier montant au CDI et par celui qui descend à la détente. Ces deux volées d'escalier sont décalées l'une par rapport à l'autre pour amplifier l'impression de mouvement et de dynamisme, accentuée encore par le vide de l'escalier montant au CDI.

    Le CDI

    Le CDI est en duplex au dessus de l'accueil, la bibliothèque en mezzanine de la documentation. Les deux espaces sont reliés par un escalier interne, circulaire, qui figure de manière directe notre thème de l'arbre. Il s'appuie sur un poteau central, qui s'élève à partir de la détente en traversant l'espace de l'accueil et prend racine dans un bassin circulaire, résurgence des sources captées sur le terrain.

    A partir de là, ces eaux cascadent de palier en palier à travers la détente, et sont la concrétisation d'un élément vivifiant.

    La détente

    La détente intérieure se situe en contrebas de l'accueil. C'est un vaste espace de circulation et d'animation qui "irrigue" tout le collège.

    Elle se compose de quatre paliers décalés de un mètre vingt les uns par rapport aux autres et reliés entre eux par des rampes et des gradins.

    Par l'intermédiaire du premier palier elle donne accès aux cinq autres salles d'enseignement général, au self et à la partie haute de la salle polyvalente.

    Un mètre vingt plus bas elle dessert la partie basse de la salle polyvalente, la cour de récréation (à travers un préau), les locaux des élèves (prés de la cour) et le premier groupe de salles scientifiques. Les deux autres groupes de salles scientifiques sont décalés dans l'espace de la même manière.

    La détente, prolongée par l'accueil, est le cœur du bâtiment. C'est un axe animé, qui constitue l'image médiate du tronc de l'arbre,

    d'où partent les branches que forment les différents groupes de classes.

    Elle privilégie la notion de parcours, de continuité, de découverte. Sa mobilité s'oppose aux espaces de classe, (exposées au sud), qui sont

    des lieux de silence et d'étude, calmes et ordonnés.

    Ce principe d'organisation permet une extension sous forme de croissance organique et naturelle de chaque groupe de classe, préfigurée par une terrasse accessible, destinée à des activités pédagogiques.

    Tous ces éléments forment une synthèse avec le terrain. La notion de montée est amplifiée par le système des classes décalées en terrasse,

    qui profitent ainsi de l'orientation sud. Ce principe se développe organiquement à l'intérieur du bâtiment par le jeu des gradins et des paliers.

    Pour terminer, ajoutons que l'idée de l'arbre, comme élément formateur et pédagogique, à travers ses symboles et son principe, doit donner aux enfants une vision organique du monde, c'est à dire ne pas tout découper en rubriques, mais au contraire développer une conception globale du monde (où la partie est au tout ce que le tout est à la partie) et cultiver une vision harmonique et humaniste.

    Le système constructif

    Le système constructif est la matérialisation des idées développées plus haut.

    Les salles de classe, les ateliers et d'une manière générale toutes les parties en terrasse sont en béton en raison de sa stabilité de sa durabilité, de la sensation de force qu'il procure, et, se fondent dans la végétation.

    De même les vitrages en verre transparent et non réfléchissant s’enchâssent dans les structures en béton pour donner le sentiment de quelque chose d'essentiel et de primordial.

    Ce système de construction permet le jeu de la lumière sur les matériaux, et, utilise la lumière comme un matériau donnant une énergie

    au bâtiment.

    La partie détente, au contraire, devant provoquer une impression de mobilité et de souplesse, est traitée en métal et en verre.

    Le CDI est une synthèse de l'ensemble des matériaux.

    Les revêtements intérieurs sont en matériaux naturels et durables.

    Le principe de chauffage ne peut être défini au niveau de l'esquisse. Mais une étude particulière s'impose en raison de l'orientation privilégiée et des importants apports solaires escomptés.

    Equipe DREYSSE-CITTADINI-WALGENWITZ

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