• HENRI DREYSSE - GIOVANNI CITTADINI

    rédigé par JEAN VENDELIN KRUMMENAKER

    HOTEL

    Du

    DEPARTEMENT

    DU

    BAS-RHIN

    à

    Strasbourg

    NOTE DE PRESENTATION

    du Projet

    " CE QU’IL Y A DE PLUS INCOMPREHENSIBLE AU MONDE

    C'EST QUE LE MONDE SOIT COMPREHENSIBLE "

    ( Albert EINSTEIN )

    LE PARTI ARCHITECTURAL

    Au, delà de la construction, l'architecture est la création du cadre poétique à l'action de l'homme.

    " Plein de mérites, mais en poète

    l'homme habite sur cette terre. " ( Holderlin )

    Architecturer l'Hôtel du département exige une attitude poétique face à l'action qui se déroule dans ce lieu. Travail administratif, confrontation des idées, délibération et débat, décision, service rendu, réception, représentation, telle est ici l'action.

    Et nous entendons la poésie dans le sens de HOLDERLIN: " transmutation du monde en paroles ", paroles écrites, transcrites, inscrites, mais ici dans la pierre, le béton, ou l'espace.

    Ainsi le parti architectural retenu est la réponse à la question:

    " QUE VEUT ETRE LE BATIMENT ? "

    L'Hôtel du département est ORGANE découlant de la nécessité de rassembler des fonctions dispersées dans l'espace de la ville, pour assurer un meilleur service à l'administré, et d'exprimer l'identité contemporaine de la collectivité départementale DU BAS-RHIN.

    " Le trait d'union entre les deux termes: espace et temps

    est la simultanéité. " ( Bergson )

    le bâtiment veut être: " LOCUS SIMUL "

  • ( en même lieu, en même temps )
  • Et pour être bâtiment public essentiel, il veut être encore:

  • " LOCUS INSIMIL "
  • ( l'un avec l'autre,

  • les uns avec les autres )
  • En tant que lieu ce bâti est donc très loin et précisément à l'opposé du LOCUS SOLUS de Raymond ROUSSEL inspirant si bien SCARPA pour organiser si merveilleusement son cimetière.

    Il s'agit d'organiser la construction pour des hommes vivants, et bien plus encore: pour une tentative de vivre ensemble d'une communauté.

    Le poète dit:

    " L’HOMME N’EST HOMME QUE PARMI LES HOMMES ".

    Et le parti architectural est porté par cette volonté de vie, de mouvement, de relation, de compagnie, de polyphonie.

    " La vie est mouvement et faculté de réaction " ( R.A. Schwaller de Lubicz )

    Le sens des paroles de HOLDERLIN est que si l'homme est

    incapable d'habiter poétiquement, ses mérites ne comptent pas.

    Et le même poète romantique insiste pour que nous n'oublions pas que:

    " L'HOMME EST LE GARDIEN DE LA CREATION, ET SA MISSION EST D'EMPECHER LE RETOUR DU CHAOS ".

    L'Hôtel du département veut être un COSMOS dans le sens d'origine

    du mot... Une organisation opposée au chaos...

    UN ORGANISME COMME UN TOUT DANS UN ENVIRONNEMENT)

    ( A. Korzybski )

    Et paraphrasant Maurice BLANCHOT, s'interrogeant sur le sens de l'activité créatrice, le lieu architectural dira au département à propos de

    l'identité d'une collectivité en marche vers sa plénitude, que:

    NOUS NE CONSTRUISONS PAS CE QUE NOUS SOMMES

    MAIS NOUS SOMMES CE QUE NOUS CONSTRUISONS !

    LOCUS SIMUL

    THEME

    En même lieu, en même temps, ICI ET MAINTENANT,

    le miroir d'eau étale est symétrie mouvante sous le fléau de la balance

    hydrostatique inventée par VAUBAN. - L'eau, L'Eau , L'EAU, L'EAU de

    l'autre poète romantique, NOVALIS.

    " L'eau CHAOS SENSIBLE - indéterminé pourtant déterminable, non fixé

    mais capable de se laisser modeler du dehors " sous forme de main tendue relie l'extérieur à la ville.

    ..... Des murailles ont sauté !

  • Cette EAU, nous le savons,

    est source de vie pour la ville.

    Le programme y insiste.

    Comme les romantiques et les

    philosophes de la nature, nous tenons

    l'eau comme archétype de tous les

    liquides et le substrat des formations

    organiques.

  • L'observation libre et sans idées préconçues de cette eau, fait naître

    une METAMORPHOSE DE LA PENSEE, qui devient alors plus apte à

    saisir le vivant, et c'est cette métamorphose qui est un pas décisif devant être franchi de nos jours.. ,

    Le Département: collectivité locale décentralisée est lui aussi la manifestation d'une métamorphose. Le bâtiment incarnant cette idée doit l'exprimer.

  • L'eau entoure le globe terrestre, revêt chaque objet d'une mince pellicule, tombe

    en goutte, se transforme en rosée sphérique, tend vers un tout organique en reliant les fragments d'elle même qui se sont séparés, en les rejoignant sous forme de circuits dans lesquels il n'y a ni commencement, ni fin. Dans l'eau tout est interdépendant, tout est uni en communication réciproque.

  • Là est notre inspiration: dans le jeu des oscillations pendulaires de

    l'eau.

  • Il est remarquable que le programme dit:

    " l'hôtel du département ne pourra pas ignorer cet élément... pas plus qu'il ne

    pourra ignorer l'environnement bâti existant qui ne constitue pas une référence

    architecturale, mais ne peut être oublié en tant que volume. C'est pourquoi il est

    souhaitable que les volumes à construire viennent conforter la cohésion visuelle

    et la force du lieu."

  • MAIS AU-DELA D'UNE PRISE EN COMPTE SYMBOLIQUE ET VOLUMETRIQUE, NOUS NOUS INSPIRONS DIRECTEMENT DE L'ELEMENT ET DU LIEU.

    LE LIEU EXIGE ET APPELLE DE TOUTES SES FORTES

    UNE ARCHITECTURE INSPIREE.

    Le BATIMENT émanation du département EST OFFERT à la Ville.

    Il s'y rattache , fait corps avec elle, ( actuellement on dit: fait l'amour

    physique - nous voulons aussi y mettre le sentiment et l'esprit ).

    L'ARGENTORATE est devenue au VI ème siècle la STRATEBOURG,

    (quelque chose comme ): le BOURG DES CHEMINS,

    Au carrefour du cardo-décumanus romain l'époque médiévale FAIT ENCORE

    ET TOUJOURS jaillir la poésie lumineuse de la cathédrale que l'on présente actuellement au monde, toujours - toujours à partir de cette terrasse panoramique que le XIX ème siècle a surélevée par le remblai de terre dont l'herbe verte revitalise un peu la rigidité minérale et militaire des ouvrages défensifs,

    MAIS LE MEDIEVAL RESTE LA FORCE DU LIEU,

    Et le programme qui nous occupe ne parlant jamais de la caserne de la Barbade ne s'y trompe pas, car il s'agit ici d'un bâtiment émanant non pas de la ville, mais de l’extérieur, non pas de la Communauté mais de l’Etat,

    De tout ce qui précède, notre projet rationnel dans sa conception exprime plus la médiévalité que la rationalité, le romantisme plus que le classicisme, l'atmosphère intense due à' la croissance plus que l'organisation rigidifiante.

    L'identité révèle la condensation spatiale; la fluidité et le labyrinthique s'opposent à la perspective fixant une fois pour toute les lignes de force du bâtiment et la façon unique de le contempler.

  • L'identité départementale à venir

    ne pourra pas reposer sur la contemplation, mais doit découler de sa propre dynamique.

  • L'élan vertical des tours, clochers et beffrois de l'espace médiéval doit maintenant à nouveau être pris en compte, et puis se métamorphoser.

    Parce que dans cet espace médiéval il n'y a pas de façade principale et de façade secondaire, mais la manifestation de l'osmose et de la dynamique relationnelle.

    C'est un espace de vie, tandis que l'espace classique ne peut être que représentation de la vie, voire d'une certaine idée de la vie, avec tout ce que cela comporte d'insalubrité morale derrière ses façades principales et secondaires. Cette conception statique du monde, ne produirait qu'un espace spirituellement inconvenant pour une société volontairement et farouchement démocratique, qui met l'hygiène, la santé et le progrès social ( 31,50 % du budget ) au-dessus de tout.

    L'espace que nous proposons est bien plus rentable, et immédiatement, même si cette rentabilité de l'architecture poétique et relationnelle s'analyse difficilement en termes pondérables ou en termes de sondages.

    Là sera un moyen aidant le département entité désormais autonome à assurer sa liberté et son identité.

  • " De toutes manières le lieu présuppose l'existence d'une correspondance significative entre le site, l'implantation dans ce site,

    et le détail architectural. Le lieu construit doit savoir ce qu'il

    veut être". ( Christian Norbert SCHULTZ --- Le génie du lieu )

  • Si la ville est le bourg des routes, le bâtiment du département est lui aussi un château, fort de potentialités relationnelles.

    Il est d'abord massif et fermé, développant la muraille historique encore

    en place.

    Les murs, dit Louis KAHN, unissent le passé au présent.

    Entièrement en accord avec le passé, mais au-delà des simples notions d'intégration au site, ce mur se développe à nouveau, non pour devenir muraille infranchissable: obstacle, mais relation temporelle entre le passé et le présent, non pas simple respect d'un passé, mais germe potentiel pour l'avenir.

  • Puis à mesure de l'approche, le bâtiment s'ouvre et filtre l'air comme les tours des ponts couverts. Puis il devient fluide comme l'eau et déjà le mur devient la tour et organe de la porte du bâtiment.

    " C'est le rapport entre intérieur et extérieur qui est la véritable essence de l'architecture " ( C.N. SCHULTZ ).

  • Et de l'autre coté le bâtiment sortant du sol forme l'articulation avec la ville. Le sol creusé se relève en, géométrie oblique désirant relier le fléau horizontal de la grande écluse avec l'élan vertical spirituel de l'Alsace mystique. L'eau source de vie transforme le sol minéral en organisme se métamorphosant sous son influence, en rampe végétale et crée le lien vivant entre le département et l'urbain. Rien ne se cache derrière cette pente. L'architecture s'assume pleinement en reliant les fragments d'elle-même avec ceux de la ville, fussent ils disgracieux comme l'Hôtel des Postes tel que l'établit le programme.

    D'une façon vitale le Département par sa fécondité agricole, comme l'architecture autre expression du concept CULTURE, pénètre dans la ville et y lève ses drapeaux.

    Entre cette rampe accostée, elle même s'appuyant sur les terrasses végétales et la tour, les vagues du hall d'accueil glissent et se déversent dans la cour ouverte de l'Hôtel, ménageant une temporalisation spatiale à la Place du Quartier Blanc et à l'arrivée de la galerie traversant l,eau.

    Une autre galerie, suspendue, traverse l'air, relie le hall à la tour.

    Tout ceci est précisément parallèlement et orthogonalement ordonné selon l'équilibre symétrique de l'écluse vaubanescente.

    Surplombant le seuil, la galerie suspendue marque le passage public entre l'intérieur et l'extérieur de l'Hôtel.

    Pour former ce seuil le sol se bombe progressivement, jusqu'à venir culminer périphériquement sur le jardin de la salle des délibérations.

    Celle-ci lovée dans l'écrin alchimique est protégée par le corps massif des espaces de bureaux.

    Toutes ces surfaces minérales en métamorphose révèlent symboliquement la fonction vivifiante de l'eau et rendent sensible la nature profonde du sol: la réalité de la nappe phréatique.

    Dans la rigidité traditionnelle des espaces du travail administratif, nous introduisons une enclave organique, facteur nécessaire pour un développement dynamique. Le style architectural et le sens de la botanique s'unissant par la possibilité du 1 % artistique, n'est pas un luxe, mais un besoin pour la santé aussi bien que pour le bien-être moral de la population et des habitants du bâtiment.

    L'homme politique à qui il incombe de prendre de graves décisions y mûrissant ses pensées peut mieux arriver à de sages conclusions que dans des parlements abstraits, surchauffés et confinés, ou que dans le trouble des séances de nuit.

    ... ET ICI NOUS ARRIVONS AU CŒUR DU PROBLEME.

    Le programme dans ses cent soixante douze pages dit plein de choses, des désirs, des objectifs, des volontés, des attentes aussi.

    Mais il ne dit pas que les futurs habitants de ce lieu ont des difficultés de respiration.

    " Nous remarquons complètement ahuris, ( programme page 143 ) que sur un ensemble de 338 réponses sur environ 430 envois concernant l'enquête menée auprès du personnel devant travailler dans ces locaux, qu'à la question concernant le local de travail lui-même il y a 4 réponses pour des fenêtres ne s'ouvrant pas!

    Il s'agit bien évidemment de personnes frileuses qui vivent dans la crainte du froid."

    Mais, --- mais, il y a 350 réponses pour des fenêtres ouvrantes.

    NOUS INSISTONS : TROIS CENT CINQUANTE REPONSES POUR DES FENETRES OUVRANTES. Or Il n'y a que 338 réponses.

    Cela est bien paradoxal !

    Et pourtant ce paradoxe s'explique , très clairement.

    IL EST REVELATEUR QUE L'ESPACE DE TRAVAIL, L'ESPACE HABITABLE

    DU BURELAIN, N'A PAS D'AIR, N'EST PAS RESPIRABLE.

    CELA RESSORTAIT DEJA DES ETUDES D'ALFRED SAUVY DANS SON OUVRAGE

    " BUREAU ET BUREAUCRATIE ".

    ET POURTANT,,,,

    DEPUIS MARCEL DUCHAMP, IL EST ETABLI QUE " L'HOMME EST UN RESPIRATEUR "

    Pour ces hommes et ces femmes, supportant sur leurs épaules tout le poids du département, notre plus grande tâche et la plus urgente est de concevoir un lieu où ils peuvent respirer, tout en travaillant bien sûr, un lieu où l'air n'est pas matière rare. Car c'est bien au niveau de son propre local que le fonctionnaire constate qu'il a besoin de respirer. Architectes, nous savons que l'homme a besoin de respirer partout sous peine d'étouffement.

    Il existe des normes à respecter, en ce qui concerne la ventilation des locaux, et tous les bâtiments les respectent.

    MAIS IL N'Y A RIEN EN CE QUI CONCERNE LE BESOIN DE RESPIRER.

    Architecturalement parlant, la respiration offerte par un bâtiment se situe à un niveau spatio-temporel dont la fenêtre ouvrante n'est que la manifestation physiquement sensible.

    Un banal jeu de mot rend compte de la gravité de la situation:

    " si le fonctionnaire ne peut pas respirer, le département peut expirer ".

    Pour rendre l'atmosphère respirable, voire supportable, les espaces annexes aux bureaux sont conçus de façon à communiquer le mouvement à cette cage thoracique.

    Ainsi pour des raisons constructives découlants de contingences réglementaires et économiques, les surfaces des bureaux sont fortement rationalisées. Mais il en va très différemment pour leurs volumes.

    Des vides s'ouvrent sur les masses en ménageant d'importantes communications visuelles, dont le but est de contrebalancer des effets carcéraux et Kafkaïens qui seraient autrement induits directement par l'ampleur du programme.

    Ces vides vitrés servant alternativement de tampon thermique lorsqu'ils sont fermés et de système de ventilation lorsqu'ils s'ouvrent. Espaces construits, mais offerts, ils ménagent la possibilité de création de zones végétales à proximité des locaux de travail.

    Nous affirmons que les exigences du programme en matière de SURFACES doivent être largement dépassées. Non pas d'un point de vue quantitatif (qui n'est pas de notre ressort), mais d'un point de vue qualitatif.

    ENTRE LA CONSTRUCTION DE METRES CARRES DE BUREAUX ET L'ARCHITECTURE DES SURFACES DE BUREAUX IL Y A UN MONDE.

    Il s'agit de ne pas confondre la notion d'aire avec la notion de surface.

    L'aire est quantité; la surface est qualité. ( Grand Larousse)

    Le programme exige des quantités de mètre carrés, les futurs habitants attendent que la quantité devienne qualité.

    La qualité est une notion spécifiquement humanitaire. Et actuellement c'est dans les géométries nouvelles ( non Euclidiennes) par les conceptions surfaciques que la qualité rentre à nouveau dans le domaine de la mathématique.

    Et ces nouvelles géométrie (projectives) entraînent l'espace courbe, l'espace et le contre espace - ( RAUM und GEGENRAUM) - l'espace engendré par la métamorphose des surfaces, perceptible dans le domaine de la biologie végétale.

    C'est cette géométrie de dynamique vitale qui est à l’œuvre dans notre projet.

    Qu'on nous excuse de devoir encore insister sur ce point. Dans les aires l'homme fut il fonctionnaire ne peut simplement pas vivre et encore moins habiter en travaillant ( si ce n'est à plat ventre ). Ainsi même dans les bureaux paysagers, il règne ce malaise, car eux aussi ne sont conçus qu'en termes de quantité, d'aire, et non pas en termes de qualités surfaciques.

    En termes de qualité, c'est bien la surface qui est manifestation du phénomène vital, particulièrement dans le domaine végétal par le déroulement - enroulement de la feuille, par le phénomène de la métamorphose des formes. Le caractère perceptible en est le mouvement et la dynamique.

    Et c'est justement cela qui dans notre projet est "le fil conducteur".

    Bien au-delà de la simple notion de flexibilité consistant à pouvoir déplacer des cloisons à volonté, nous donnons un système permettant l'intermédiaire entre ce qui est connu du bureau traditionnel et ce qui est connu du bureau paysager. Nous offrons la possibilité de la relation de l'individu à la communauté. Le caractère des personnes habitant cette région est tel qu'ils ont à la fois une grande notion de l'individualité, en même tant qu'un immense désir de la communauté. C'est le caractère induit par le lieu dans lequel coule le RHIN, fleuve dont le nom découle de l’étymologie grecque signifiant: couler fortement.

    Ainsi le fonctionnaire habitant dans ces locaux aura le sentiment vital d'un lieu de travail en rapport étroit avec la vie.

    Il ne s'agit pas de créer un semblant de "club Méditerranée", mais d'offrir la possibilité de ressentir, d'éprouver la vie, afin d'établir des rapports moins abstraits et bien plus humains.

    cela influera immédiatement dans un sens positif au niveau de l'efficacité d'abord, au niveau du service rendu à l'administré ensuite, pour finalement même si c'est dans une mesure difficilement analysable agir directement sur l'ensemble de la communauté départementale.

    LOCUS INSIMIL

    L'UN AVEC L'AUTRE,

    LES UNS AVEC LES AUTRES,

    S'agissant du bâtiment public d'une collectivité se métamorphosant, on peut le voir sous l'angle de la machine favorisant la réalisation des désirs, aspirations ou volontés des individus formant cette collectivité.

    Cette théorie est connue à Strasbourg comme ailleurs. Il reste à savoir si cette production spatiale sert l'Alsacien ou l'asservit.

  • ( Nous n'en dirons rien, cela sortirait du cadre de cette note de

    présentation du projet. )

  • Ce que nous proposons PRESENTEMENT, semblera à certains être un recul

    quand il s'agit d'avancer. Nous parlons effectivement, de médiévalité, de développement organique, de romantisme ou d’expressionnisme. Et notre projet ne comporte pas les caractéristiques de l'objet aussi beau fut il, des folies et autres clins d’œil modernistes ou post modernistes. Avant de cligner de l’œil nous préférons: VOIR.

    Nous pourrions dire que nous reculons pour mieux sauter ! Mais pour ceux qui ne savent pas encore, nous tendons à nous situer dans le sens de l'architecture de RENAUDIE à Ivry et Givors, de HERTZBERGER à Appeldorn; de BOEHM à Cologne, d'UTZON (opéra de Sidney) à Fredensborg, de BLOOM à Rotterdam.

    Si l'on peut ressentir pour ces architectures le sentiment de la prolifération ou du fragmentaire, c'est bien qu'il s'agit de visions urbaines où ces bâtiments ne sont pas simplement des objets, mais deviennent des lieux, et des lieux forts;

    Dans la dissolution spatiale environnante, il ne peut s'agir ici d'objets parachutés.

    Dans le cas présent, le lieu et le programme, la finalité même du bâtiment nous portent à aller plus loin dans la réponse à la soif de communication des hommes de l'époque. Car après la fièvre de la libération sexuelle des années soixante, le cauchemar de la crise des énergies des années soixante-dix, la société est actuellement dans la passion de la communication.

    Ce mythe de la communication semble pouvoir être résolu par la machine, télévision, téléphone, magnétoscope, minitel, satellites, informatique.

    Mais nous sommes pragmatiques quand nous préférons à toutes ces machines, les organes humains.

    L'Architecture est quotidienneté, immédiateté, proximité, et cela bien avant de passer à travers les revues, télévisions, et autres médiats pour aller loin. Et ce qui est important c'est le médiat immédiat.

    " Entre le cerveau qui conçoit et la main qui réalise, le cœur est un

    médiateur ". ( Fritz LANG: METROPOLIS ).

    Actuellement l'homme prolonge son cerveau par l'ordinateur et il a d'autres machines qui prolongent sa main. Mais qu'est ce qui prolonge son Cœur ?

    Ce qui lui manque actuellement c'est la connaissance et la communication

    par le cœur.

    L'homme communique avec ses paroles et ses gestes. Il prolonge sa parole par des écrits, et ses gestes par les formes qu'il crée. Ecrits et Formes sont des médiats. Larynx et Mains sont des organes. Il parle et écrit à travers des machines et forme et transforme avec des outils.

    Ce qui est primordial n'est pas la machine, ni l'outil, mais l'organe. Si SULLIVAN dit avec des biologistes que c'est l'organe qui crée la fonction, nous savons maintenant qu'il peut être pareillement absurde de répondre à la question: "qui vient avant, la poule ou l’œuf ? "

    Ce que nous percevons en observant la vie, c'est qu'elle se caractérise par des mouvements d'expansion et de contraction, des fonctions centrifuges et centripètes, et ce sont là les mouvements

    du cœur organe vital, et non pas simplement pompe mécanique. Car c'est dans le cœur qu'est

    le siège de la compréhension et de la communication vitale.

    L'ARCHITECTURE ORGANIQUE EST L'ARCHITECTURE DE COMMUNICATION.

    Dans la nature l'organique se manifeste dans le vivant. Dans celui-ci c'est le mouvement qui crée la forme et non la forme qui crée le mouvement c'est la vague qui creuse le sable, le mouvement d'air qui modèle le nuage, le cours d'eau qui creuse son lit, et la vie elle-même qui forge son organisme.

    La forme telle qu'elle apparaît dans la nature n'est jamais que de la matière modelée, et cela se passe toujours par la phénoménologie.

    ( Heidegger - Sein und Zeit) de la métamorphose ( Goethe ).

    Etymologiquement métamorphose signifie " changement de forme", suivre un tel changement demande donc bien à l'observateur de s'élever au-dessus du formel,

    Avec de telles considérations ce que le langage perd en accessibilité il l'acquiert en concision, en densité et en complexité, Mais nous savons que le caractère agira sur la conscience du visiteur et de l'utilisateur du bâtiment, quel que soit son niveau de conscience, et c'est cela l'important. L’œuvre véritablement humanitaire ne peut passer par la mièvreté.

    Contrairement au mécanisme, qui entraîne la répétition, la vie engendre la métamorphose, c'est à dire un phénomène en perpétuel changement.

    C'est par la fixation dans la matière que la forme trouve sa stabilité.

    De la force à la forme, du mouvement à l'empreinte, la vie passe de l'équilibre instable à l'équilibre stable. Remontant du fixe au mobile, l'architecture organique abandonne le statisme pour le dynamisme. La géométrie inerte est remplacée par la souplesse du vivant.

    ( La hantise de la flexibilité est résolue ). Dans l'Harmonie et non dans le chaos l'architecture organique satisfait non plus uniquement aux lois du nombre, mais aussi à celle du vivant.

    Ce que nous mêmes (architectes) voulons communiquer ne compte pas.

    Ce qui compte en réalité, c'est que nos bâtiments nous permettent de communiquer d'une façon vivante avec les autres.

    A travers les formes, c'est la paix et l'harmonie qui se déversent dans les cœurs et l'édifice devient véritable législateur. Ce que d'autres paroles institutionnelles ne peuvent obtenir à elles seules, les formes de ce bâtiment l'obtiendront.

    L'architecture se mettra à parler, à parler un langage dont beaucoup présentent aujourd'hui la grande nécessité.

    Un langage qui dit que le salut n'est plus seulement dans l'expiation ou dans la satisfaction, mais surtout dans la prise en charge par l'homme lui-même de ses responsabilités et de son destin. Tel est le sens de la liberté qui passe par un développement de la conscience.

    UNITE --- IDENTITE

    Si nous pouvons parler d'unité en face d'un objet ou d'un élément de la nature, cela ne signifie pas que le mouvement et la complexité croissante provoquent la dislocation ou la dissolution de l'unité qui confère l'identité.

    Si certaines architectures réalisent leur unité dans le statisme et la répétition cela ne veut pas dire pour autant que cette unité ne puisse être obtenue dans le mouvement ou la genèse de formes.

    Cela veut dire qu'au lieu d'une architecture présentant les qualités abstraites des formes minérales, nous présentons ici une architecture vivante, dans laquelle à l'instar des formes végétales ou plus particulièrement humaines ou sociales, les formes malgré leur diversités sont liées ensemble par les lois de la métamorphose.

    Et c'est justement ce lien qui unit ensemble toute la construction qui fait passer l'architecture de l'équilibre stable à l'équilibre dynamique.

    CINQ NIVEAUX DE SIGNIFICATION

    LE CONTENU IMMEDIAT

    ( FONCTIONNALISME )

  • 0. Vocabulaire architectural non seulement celui de la technique administrative, ou d'un

    fonctionnalisme organisateur exprimant le monde administrativement violenté.

    l. L'architecture du lieu de travail.

    2. Un lieu représentatif - liant le passé et

    l'avenir par le présent ( ICI ET MAINTENANT )

    3. Une organisation spatiale RELATIONNELLE.

    4. Une expression révélant la vie par le développement et la métamorphose.

    5. l'expression de la DECENTRALISATION - qui est une expansion --- les bureaux extensibles

    ( centrifuge )

    - Nouvelle CENTRALISATION - qui est une contraction la salle de délibération ( centripète )

    6. Un lieu qui respire, le hall d'accueil espace

    intermédiaire.

  • LA TRADITION

    ( RAPPEL DES DONNEES REGIONALES

    PREEXISTANTES )

  • 1. C0NSTRUIRE AVEC ET SUR L'EAU, Elément de Vie

    2. Le Génie du Lieu,

    Construire avec le MEDIEVAL,

    Tours des ponts couverts, cathédrale, mur d'enceinte,

    3. Le Bourg au croisement des chemins,

    le quatre directions données par le cardo-décumanus

    le mise en mouvement spriralique.

  • LA PERSUASION

    ( ARCHITECTURE C0MME SPECTACLE

    OFFERT, " WELTANSCHAUNG " )

  • 1. Conception mathématique

    - nouvelles géométrie ( Non Euclidiennes )

    2. Notion de deux infinis

    - l'un extérieur ( Euclide )

    développement des bureaux,

    - l'autre intérieur, ( géométrie projective

    hall d'accueil - salle du Conseil

    Le nouveau: dû à de nouvelles conceptions

    de la société et de nouvelles relations à créer.

  • L'IMAGE SUPERPOSEE

    ( MYTHE - METAPHYSIQUE

    MYSTIQUE )

  • - Le spirituel

    la tripartition

    Public - Elus - Fonctionnaires

    - la symbolique alchimique,

  • LE CONTENU MEDIAT

    ( TRADUCTION D'UN PROBLEME

    FONDAMENTAL DE L'EPOQUE )

  • LA COMMUNICATION

    1. la relation spatiale et temporelle

    2. la relation entre les hommes et leurs

    structures

    3. les relations de liberté et de démocratie.

  • bâtiment contenant en lui-même son propre système générateur,

    - aspect extensif, ( les volumes des bureaux )

    - aspect intensif, ( les surfaces centrales, accueil - salle de délibération

    - bâtiment essentiel - mais bâtiment intermédiaire pour les habitants, faisant contre poids à l'idée dominante et unilatérale de " l’expansionnisme ", et donnant une nouvelle base à la vie sociale justifiant la construction de ce bâtiment.

    principe de fonctionnement

    ORGANISATION

    S'agissant de l'esquisse d'une architecture, et non pas d'une architecture d'esquisse, la fonctionnalité est considérée sous son aspect le plus élevé, savoir:

    " Rendre apte à la vie " ( de organe )

    ( définition du Petit ROBERT )

    Dans ce sens, le corps des bureaux est conçu comme une épaisse muraille habitable, où de failles ménagent des volumes aérés et végétalisés, à la fois tampon thermique ou système de ventilation selon les saisons.

    Ces volumes sont des articulations que les différents services viennent interpénétrer.

    A ce stade de l'esquisse l'espace n'est donc pas encore figé. S'agissant d'un principe d'organisation le Maître de l'ouvrage peut intervenir sur l'organisation même des espaces de bureaux, (dans la suite des études ) . Mais les aires de bureaux respectent les souhaits du programme au niveau du nécessaire et des réserves.

    Les fenêtres des bureaux s'ouvrent sur les VOLUMES ARTICULATIONS et

    introduisent le caractère relationnel du bureau individuel avec l'ensemble du service dont il fait partie, voire avec un ou même plusieurs autres services.

    Ce qui est recherché ici, c'est que l'on se sente " DEDANS", mais justement que ce "dedans" ne soit pas triste, opaque, identique monotone, répétitif, neutre, oppressif.

    C'est bien la qualité "surfacique" qui est recherchée et obtenue.

    Si l'habitant de ces lieux le veut, le store lui permet de s'isoler, mais son propre pot de géranium et tous ceux des autres habitants seront visibles, ainsi le décor des uns sera décor des autres.

    Ce decor n'est réellement pas du ressort de l'architecture, comme bien d'autres choses encore, mais l'architecture le permet, et devient par là, ESPACE CONVIVIAL.

    Ce projet développe dans son principe d'organisation une idée de la flexibilité, de la souplesse d'utilisation du construit non seulement par le déplacement des cloisons ou du mobilier, voire dans la. Permutation des bureaux, mais dans le sens significatif que l'arrangement et la combinaison des bureaux constituant un service, ne soit jamais une suite de rangement de petites bottes dans une botte plus grande, n'étant différencié que par le numéro de la porte, mais bien plutôt comme une communauté ou l'individu puisse garder sa propre identité.

    Le programme ne s'y trompe pas quant à son exigence absolue d'une conception d'un bâtiment d'une grande flexibilité.

    En termes d'architecture administrative, pour une collectivité décentralisée la flexibilité dit être maintenant avant tout, sociabilité, convivialité.

    L'habitant du bureau ne peut tout simplement plus supporter l'idée d'être le rouage d'une machine, aussi huilée soit elle.

    Les exigences administratives pourrons avoir pour conséquences la réorganisation

    des espaces, par déplacement, création ou suppression de cloisonnement,

    mais il restera toujours que le bureau soit lui-même cet:

    ORGANISME COMME UN TOUT DANS UN ENVIRONNEMENT". dont parle KORZYBSKI.

    APERÇU SUR LES MATERIAUX,

    Les matériaux apparents de cet édifice correspondront à des exigences expressives et symboliques, ainsi qu'à des exigences de solidité et de durabilité.

    En ce qui concerne la pérennité ce sera la pierre sous forme de parement en grès rose, puisqu'une partie du bâtiment développe le mur d'enceinte.

    La même pierre sous forme de pavé constituera le pavage du sol d'assise de la construction.

    Le béton sera employé sous ces multiples formes pour l'expression de la solidité et de la durabilité, ainsi que pour l'obtention de masses devant dégager une impression de force, voire de puissance. Ce matériau s'harmonisera avec ceux des tours des ponts couverts.

    Il s'agit de béton lavé et de béton sablé pour la partie " tour de la présidence".

    Le, béton brut de décoffrage avec marquage des joints exprimera la rationalité des espaces de bureaux et recevra le métal et le verre non réfléchissant des ESPACES ARTICULATIONS.

    Certaines surfaces - comme par exemple le porte à faux sur l'ILL, recevront aussi de la céramique.

    Le fer et le verre devront jouer avec le matériau "LUMIERE" et la matériau "VEGETAL".

    L'intérieur de la Salle du conseil sera en bois pour conférer une notion de vie et de solennité.

    S'agissant d'une esquisse le choix de matériaux ne peut qu'être esquissé lui aussi, mais c'est le béton dans ses multiples formes qui sera ici sublimé en premier.

    A titre d'évocation on peut l'imaginer jaillir du mur d'enceinte en grès.

    Il en est pareillement des procédés de construction qui sont traditionnels.

    Mais si la matière doit être sublimée, la technique elle, restera au service de l'expression.

    Saverne le 01 Août1986.

    l'équipe de conception,

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