Jumelage Sarzana - Villefranche de Rouergue
4-5-6-7-8-9-10-11-12 Avril 1997
Vendredi 4 Avril
À 4 heures 15 du matin nous nous sommes retrouvés à Sarzana, devant notre lycée, prêts pour le départ et pour un voyage qui sannonçait très très long. Nous avions tous un peu sommeil, mais il y avait de même beaucoup deuphorie à lidée daller une semaine en France sans nos parents.
À larrivée du car à deux étages beaucoup de monde, après avoir trouvé une place commode (ce qui nétait pas difficile, car il y avait 70 places pour 30 personnes), sest endormi, pour se réveiller seulement après beaucoup de kilomètres. Moi, jai réussi a résister tout le voyage sans dormir; jai parlé, joué aux cartes, écouté de la musique, et surtout jai regardé le paysage. À midi, nous nous sommes arrêtés dans un centre commercial, où jai parlé pour la première fois en français, jai payé pour la première fois en francs et jai mangé pour la première fois des specialités alimentaires typiquement françaises (un Big Mac et un Coca-Cola). Puis, le voyage a continué en passant par un térritoire désertique, desolé et très suggestif.
À 18 heures environ nous sommes arrivés à Villefranche de Rouergue. Nous avons été accueillis par nos amis français. Mon correspondant était Fréderic "Amibe" P. Je crois quil était très heureux de me voir, même sil ne le montrait pas. Nous sommes allés soudain à lécole, où on avait preparé un petit buffet. Puis je suis allé chez lui à pied, car il habite dans un HLM peu loin du lycée. Comme ses parents sont separés, il vit une semaine avec son père et lune de ses soeurs et une semaine avec sa mère et lautre soeur. Ce jour là, il était chez sa mère. Il ma montré ma chambre, jai pris une douche, jai dîné (une méga-salade, des fromages, du saucisson ) et je suis allé me coucher. "Tes fatigué?" "Oui, un peu".
Samedi 5 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui, et toi?" "Moi aussi". En effet, ce nétait pas trop vrai, car javais été reveillé par le sympatique chat de madame Pinto, qui a sauté sur mon coussin à 6 heures moins vingt. Après lavoir maudit plusieurs fois (en français, en italien, en sarzanais ) jai recommencé à dormir jusquà 7 heures moins le quart. Jai dejeuné avec une tasse de lait au chocolat, six biscuits et un jus de fruits. Ensuite nous sommes allés tous ensemble à Rocamadour. Cétait le premier de nos voyages dans le territoire autour de Villefranche.
Rocamadour est un petit pays accroché de quelque façon sur un mont en surplomb sur la vallée de lAlzou. Au Moyen-Age cétait un lieu de pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, frequenté par de nombreux saints, rois et princes; on dit quil y a aussi lépée de Roland. Le village, qui se déroule le long du chemin que les pèlerins empruntaient, était conçu pour accueillir des milliers de personnes; depuis cette époque le village na pratiquement plus changé, en conservant tout le charme de ces siècles. Après avoir visité la cité et le sanctuaire, nous avons mangé ce que nous avaient donné nos correspondants. Moi, jétais avec Luca, Filippo, Andrea et Ernesto, le chauffeur du car. Javais deux sandwiches (qui, selon moi, avaient été conçus pour la publicité dune colle pour dentier), un Mars (que jai donné à Enrico), des jus de fruits et une pomme.
Ensuite nous sommes allés au gouffre de Padirac. Pour permettre dy descendre, on a creusé un puits latéral, dans lequel il y a des escaliers et (heureusement) un ascenseur. La visite du gouffre (qui est possible depuis 1898) se déroule à pied et en bateau. Arrivés à lintérieur (à 130 mètres sous terre) on est soudain étonné par la magnifique Salle de la Fontaine, formée par de nombreux "bassins" qui ont été crées par leau en des millions dannées, qui ressemblent à une immense fontaine. Puis on continue la visite en montant sur un des bateaux qui parcourent toujours les 500 mètres du fleuve souterain pour transporter les touristes. En bateau on passe aussi par le Lac de la Pluie, où il pleut toujours. Après avoir mis mon pied sur le ciment (ce qui est toujours rassurant) on continue la visite le long de la rivière, toujours sous terre (si je pensais à la quantité de terre que javais sur ma tête, javais un peu mal à la tête ), à travers dénormes rochers. La chose la plus rémarquable est une immense colonne stalagmitique de 40 mètres de haut et 6 mètres de diamètre, le pilier du Pas du Crocodile. Plus loin, une cascade de calcaire haute 6 mètres deverse lentement leau dans le Lac des Grands Gours. Ici la visite se termine.
Après nous être habitués à la lumière du soleil, nous sommes retournés à la maison. Frédéric ma montré les jeux vidéo quil possède (pour la Playstation et pour le Saturn), et jai joué jusquà lheure du dîner et après avoir dîné. À 11 heures nous sommes allés à la discothèque La Nuit. Nous nous sommes beaucoup amusés, jai "dansé" (entre guillemets) et parlé avec mes copains français et italiens. Je suis allé me coucher à 5 heures du matin. "Tes fatigué?" "Oui, je suis très fatigué".
Dimanche 6 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui, jai bien dormi". Et cétait vrai, en effet cette nuit javais fermé avec soin la porte de ma chambre, donc le chat na pu mattaquer. Toutefois, je me suis levé très tôt, à 8 heures et demie. Frédéric dormait encore. Jai pu manger, prendre une douche etc. avec beaucoup de calme. Puis, quand il sest reveillé, il ma allumé la Playstation et jai joué jusquà lheure du répas. Pendant ce temps, il na cessé un instant de téléphoner. Les mots que je comprenais de ce quil disait me faisaient prévoir quelque chose de terrible. En effet, il est venu mannoncer quil cherchait des raquettes pour jouer au tennis avec moi. Heureusement (pour moi, pour lui, pour les raquettes, pour le filet, pour les spectateurs et pour le Sport en général) il nen a pas trouvé, et jai pu continuer à rester confortablement assis devant lécran de sa télévision avec les doigts sur un joypad. Le répas était bon mais pas trop élaboré, car sa mère travaillait toute la semaine et sa soeur navait pas bien envie de cuisiner, toutefois jai mangé volontiers tout ce quil y avait (on ne peut pas prétendre de manger comme chez nous à 1000 km de distance), souvent sans comprendre avec précision ce que cétait.
Dans laprès-midi il ma mis de nouveau devant sa Playstation et jy ai joué jusqu à 4 heures environ (en effet, à cause de la permanence trop prolongée devant la télé, je ne comprenais plus bien quelle heure il était). Nous sommes allés donc au bord du fleuve, où il y avait déjà beaucoup de mes copains. Nous avons parlé de nos aventures françaises et nous avons fait une promenade dans la ville. Puis, je suis retourné avec Frédéric chez lui. Pendant ces voyages nous ne parlions pas beaucoup, et surtout nos arguments nétaient pas si originaux. "Tu tes amusé aujourdhui?" "Le temps a été beau." "Cétait beau ce quon a vu, nest-ce pas?" etc. Le soir, je nai pas voulu jouer à la Playstation, jai vu un peu de télé et je suis allé me coucher. "Tes fatigué?" "Oui".
Lundi 7 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui, merci". Pour lundi, le programme disait: "Excursion à Albi, avec visite guidée du musée Toulouse-Lautrec et de la cathédrale". En effet, nous sommes allés à Albi.
Albi est la capitale artistique et historique du Tarn, et cest surement lune des villes les plus belles de France. Le musée Toulouse-Lautrec se trouve dans le palais de la Berbie, qui était une imposante forteresse construite au XIII siècle par des évêques et transformée ensuite en palais. Dans le musée on peut suivre lévolution de lart du peintre, à partir des premiers dessins denfance jusquaux dernières oeuvres. Et nous lavons fait avec un remarquable guide.
En 1883 Henri de Toulouse-Lautrec sinstalle à Paris, à Montmartre, où il peint des portraits et des scènes de café-concert, de cabaret où de maison close. Lun des exemples les plus connus de cette période est Au Salon de la rue des Moulins. Mais son talent se rétrouve aussi à travers les fonds de lithographies, et surtout à travers lensemble des 31 affiches qui font de Toulouse-Lautrec le créateur de laffiche moderne, bien quil était déforme et quil avait eu une vie très irrequiète.
Après la visite du musée, nous sommes allés manger sur un pré au bord du Tarn. Javais deux sandwiches, un Mars (que jai donné à Enrico), des jus de fruits et une pomme. Le temps était splendide, beaucoup de monde en a profité pour prendre des photos, tandis que Nicolò, Filippo, Luca, Lorenzo et (naturellement) Marco ont cherché pour une heure dimiter les Take That, en offrant un merveilleux spectacle gratuit à tous les Albigeois qui passaient. Puisquil était lheure de visiter la basilique de Sainte-Cécile, on na pu perfectionner le ballet. Mais ça en valait la peine.
La basilique de Sainte-Cécile est un chef-doeuvre du gothique méridional. Elle a été édifiée de 1282 à 1580. Cest une vraie cathédrale-forteresse, qui était une arme très puissant dans le système défensif de la ville. À lextérieur on admire la porte Dominique de Florence, un clocher-donjon de 78 mètres de haut terminé après la consécration de la cathédrale et le baldaquin de la porte dentrée. Lintérieur marque une rupture très nette avec laspect massif de lextérieur. Ici il y a une gigantesque peinture murale du Jugement dernier, realisée peut-être par des artistes flamands. De lautre coté on voit le jubé, realisé par des artistes français en style gothique flamboyant, et la clôture du choeur. Les fresques de la voûte forment lensemble de peinture italienne le plus vaste et le plus ancien de France. Dans la cathédrale il y a aussi un grand orgue classique français. Ce jour là, à Albi il y avait la foire, et après la visite de la basilique nous sommes allés la voir, mais je nai rien acheté.
Le soir, après avoir dîné, jai donné mes cadeaux aux parents de Frédéric (je lavais toujours oublié), puis nous nous sommes donnés rendez-vous au Cotton Pub. Cétait un étroit antre souterain où quelquun avait mis des tables, des chaises et des baby-foot, et les jeunes de Villefranche y allaient en croyant que cétait un pub. Nous avons parlé entre nous et joué jusqu à onze heures et demie. Puis, chacun est retourné chez soi. "Tes fatigué?" "Oui, je suis un peu fatigué".
Mardi 8 Avril
7 heures mois le quart. "Tas bien dormi?" "Oui, merci". À 8 heures nous étions devant le lycée de Villefranche. Ce jour là nous devions voir comment lécole fonctionne en France, en fréquentant les mêmes cours que les élèves français et en mangeant à la cantine. Pendant la matinée, jai suivi les cours de chimie et de biologie avec Enrico et Laura. Dans le cours de chimie, qui a duré deux heures, nous avons mesuré le dosage des sucres dans un jus de fruits pour bébé. Je ne comprends pas beaucoup la chimie, je ne comprends bas beaucoup le français, donc je comprends très peu la chimie en français. En outre, je nétais pas abitué à faire ce type dexpériences, puisque en Italie on étudie de façon différente. Ici ce sont les élèves qui changent de classe, donc il est possible davoir beaucoup de laboratoires fournis dappareillages modernes pour tous les élèves, et non seulement pour le professeur. Quand le cours de chimie a terminé, nous sommes allés dans le laboratoire de biologie. Celui-ci était composé par deux salles. Dans lune il y avait beaucoup de bancs avec les appareils pour les expériences. Dans lautre il y avait trois ordinateurs joints à des sondes, que nous avons utilisés pour faire des expériences sur les enzymes agents de la catalyse.
À onze heures nous sommes allés à lhôtel de ville où nous avons trouvé le maire (cest logique) qui nous a donné la bienvenue dans la ville de Villefranche. Il y avait aussi des journalistes, qui nous ont fait des photos pour larticle sur le jumelage, publié sur le journal local le jour après. Le maire nous a aussi offert un buffet avec des biscuits et des boissons. Nous lavons très apprecié, et en effet on a dû en reporter plusieurs fois.
Quand nous sommes sortis de la mairie nous sommes retournés au lycée pour déjeuner à la cantine. On ma dit que les choses que nous avons mangées cétaient pâté croûte, cassoulet et carottes rapées; jai reconnu seulement la salade, le pain et le yaourt. Ce nétait pas "nouvelle cuisine", mais javais faim.
Puis, je suis allé avec trois italiens dans la salle de récreation (il y a aussi les salles de récreation, en France) pour jouer à briscola. Et puis je suis allé rejoindre mes copains, qui étaient en train daider les français à réaliser des tableaux sur Sarzana. À quatre heures moi, Enrico et Luca, nous sommes allés acheter des timbres pour nos cartes postales (il y avait un splendide distributeur automatique qui pesait les paquets et donnait les timbres correspondants au poids). Enfin, je suis rétourné chez Frédéric. Il voulait me faire jouer à la Playstation, mais jai refusé (je nen pouvais plus), je me suis étendu sur le lit (après en avoir chassé le chat) et jai lu une revue italienne dordinateurs que javais portée pour ces occasions. Après le repas du soir je suis allé chez Thomas (le correspondant de Enrico) pour voir le match de foot Inter - Monaco. Moi, jétais parmi trois français, alors que les autres italiens étaient de lautre coté de la salle. Donc, je nai pu manifester toute ma joie pour la victoire (3 à 0) remportée par léquipe italienne, au contraire jai du faire semblant davoir de la peine. À la fin du match, nous sommes sortis dans lobscurité de la campagne française (en effet on voyait très bien la comète Hale-Bopp, car il ny avait point de lumière) pour attendre quon vienne nous chercher. "Tes fatigué?" "Oui, je suis un peu fatigué".
Mercredi 9 Avril
Cette journée était entièrement dediée à la visite de la ville de Toulouse. Pour y arriver de Villefranche il fallait deux heures et demie de voyage. Le car nous a laissés Place Wilson, de laquelle nous avons commencé le tour de la ville.
Toulouse, appelée aussi la Ville Rose pour la couleur de ses palais, est la quatrième ville de France (après Paris, Marseille et Lyon) et la capitale de la région Midi-Pyrénées. Cest une métropole économique et industrielle, vouée aux sciences et à la récherche. Son symbole est le Pont Neuf, qui traverse la Garonne sur une longueur de 233 mètres, et qui unit les deux régions Languedoc et Guascogne.
Le premier monument que nous avons visité est la basilique de Saint-Sernin. Cest la plus grande église romane dOccident, édifiée dans la deuxième moitié du XI siècle sur lemplacement dune ancienne basilique; elle conserve la sepulture de Saint Saturnin. On peut y remarquer la tour, les chapiteaux, la table dautel et le tympan du XII siècle. Nous avons visité ensuite lEglise du Taur, example du gothique méridional, avec son impressionnant clocher-mur, et le couvent des jacobins. Ce couvent a été fondé au XIV siècle par les domenicains, qui étaient descendus à Toulouse pour combattre contre le catarisme. Cest en style gothique, et répresente un des plus prestigieux exemples de larchitecture conventuelle méridionale. Il comprend une vaste église, divisée par une rongée de sept colonnes supportant des voûtes soutenues par beaucoup de nervures, dont lassemblage est comparable à un palmier, un cloître avec une série de gracieuses arcatures en style gothique, un réfectoire aujourdhui entièrement rénové et un clocher de 45 mètres de haut. Nous avons vu aussi le couvent des Augustins, remarquable ensemble monastique du XIV siècle composé par une église, un cloître et une salle capitulaire.
Après toutes ces églises, nous avons vu lHôtel de Bernuy, du XVI siècle, qui a été la demeure dun négociant en pastel, Jean Bernuy. La période de 1500 à 1700 est lâge dor de la ville de Toulouse: beaucoup de commerçants enrichis ont construi de somptueux hôtels pour montrer à tous leur puissance et leur richesse, et lHôtel de Bernuy est un dentre eux.
Nous avons vu aussi le Capitole. Ce palais, terminé dans sa forme actuelle en 1759, a une longue façade (128 mètres de long) ornée de huit colonnes en marbre rouge, qui representent les huit "Capitouls" composant la municipalité. À lintérieur, au premier étage, il y a une longue galerie dans laquelle sont placés les bustes des Toulousains illustres et les meilleures oeuvres des peintres de la ville.
Et cétait lheure daller manger. Place du Capitole il y avait un Mc Donald, et naturellement, bien que javais un sandwich et un Mars (que jai donné à Enrico), jy suis allé. Dans laprès-midi nous avons pu continuer librement la visite de la ville, et jen ai profité pour acheter le souvenir pour ma famille: une boîte de Nescafé de 200 grammes (en Italie il y en a seulement de 50 et 100 grammes). Puis, jai visité un vrai chef-doeuvre de la ville. Il sappélait Fnac. Cétait un immense magasin de disques, livres et ordinateurs, lun de ces lieux où on pourrait rester une entière semaine sans navoir vu et essayé qu une petite partie des choses merveilleuses quil y a dedans. Il y avait une quantité de disques absurde, des mètres détagères pleines dordinateurs, des tonnes de livres, les premiers Digital Video Disc que jai vus Il y avait tant de choses à acheter, que je nai rien acheté.
Mais il fallait rentrer à Villefranche.
Mon correspondant a tellement aimé Toulouse quil y a laissé ses clés. Donc, nous avons téléphoné dune cabine à un garçon (que je nai jamais compris si cétait son frère ou le fiancé de sa soeur) pour quil vienne nous chercher. Jai retrouvé mes copains qui étaient en train daller dîner. Nous sommes allés dans un local térrible, sur une rue très trafiquée, noir, extrêmement sale, qui semblait idéal pour la première partie de la publicité dun détersif (avant que le détersif arrive). Moi, jai pris un sandwich avec le moins de choses possibles à lintérieur, alors que les français ont mangé des iper-sandwiches avec des legumes et des frites (froides et molles) à lintérieur, sur lesquels on voyait un incroyable mélange de sauces étranges. Puis, nous nous sommes rétrouvés au tristement célèbre Cotton Pub, où on avait organisé une soirée Karaoké. Ici, les Villefrancheois ont pu vivre limmense émotion découter une fameuse chanteuse italienne (Laura M.) qui chantait les meilleurs morceaux de son répertoire. Pour célebrer cet événement extraordinnaire on a écrit aussi un article sur le journal. À onze heures, il fallait rentrer à la maison. Mais javais oublié que cétait mercredi, donc mon correspondant devait passer la semaine chez son père. En effet le garçon mystérieux est venu nous chercher; il avait déjà porté ma valise dans la maison du père de Frédéric, et il nous a conduit dans une maison un peu loin du centre de Villefranche. Ce soir là, je nai pas vu dautres personnes dans la maison, donc jai pensé que tout le monde dormait déjà. Et je suis allé me coucher moi aussi. "Tes fatigué?" "Oui".
Jeudi 10 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui, merci". Ce matin jai pu voir un peu mieux la maison du père de Frédéric. Elle était à quelques kilomètres du centre de la ville, cétait une maison à deux étages, avec un petit jardin devant. Lami de Frédéric est venu nous chercher pour nous amener au lycée. Ce matin on devait continuer les tableaux sur Sarzana. Nous sommes allés dans le CDI, qui est une grande salle où les étudiants peuvent étudier et faire des recherches en consultant livres, journaux, revues Ensuite, nous avons visité le centre historique de la ville. Le guide a commencé à nous en parler autour dun bassin en pierre qui, au Moyen-Age, était le seul point deau de la ville.
Villefranche de Rouergue a été fondée par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse, en 1252. Cétait une ville très moderne, bâtie selon un schéma regulier, avec quatres rues charretières autour dune grande place (cest à dire une bastide). Cette configuration favorisait le commerce de la ville, qui en 1256, grâce au privilège de tenir foires et marchés, devient un important centre commercial. Son âge dor commence au XV siècle: ses oeuvrages dargent et ses drapes sont connus jusquen Allemagne. Puis, le roi Charles V le dote du chef-lieu de la Sénéchaussée du Rouergue et de la Trésorerie principale; de 1779 à 1789 elle est la capitale de la province de lHaute-Guyenne, à laquelle est attribuée une assemblée déliberante et une commission exécutive. En 1860, la construction du chemin de fer ouvre à la ville de nouvelles perspectives économiques et favorise le developpement de la prodution agricole. Mais la voie de communication la plus importante pour la ville était le Pont des Consuls, qui a été construit pendant 20 ans pour améliorer les communications et augmenter les commerces. La continuation de ce pont est la Rue de la République, la rue principale de Villefranche, celle du commerce, entourée de maisons très anciennes qui ont été construites par des bourgeois. Toutes les maisons sont separées par 50 cm, pour permettre à la pluie de tomber sur la rue.
Nous avons visité la Collégiale Notre-Dame. Au debut Villefranche navait pas déglises, et la population devait fréquenter les chapelles des couvents voisins. Mais la population augmentait très vite et il fallait construire une grande église. Les travaux, commencés en 1260, furent interrompus par la guerre des Cent Ans et loccupation du Rouergue par les Anglais. En 1419 des exceptions fiscales et des contributions particulières donnés par le roi Charles VIII permettent de continuer la construction de léglise et du clocher. En 1444 y est installé un chapitre collégiale de 26 chanoines, et le 24 juin 1519 lévêque de Rodez consacre léglise. Lédifice, situé dans la place Notre-Dame, est un exemple des églises de Languedoc. Il a une seule nef entourée de chapelles. La largeur, pour la loi du carré, égale la hauteur. Lextérieur est simple, avec des solides contreforts qui, à lintérieur, séparent aussi les chapelles. Dans le choeur il y a un chef-doeuvre du XV siècle: les stalles dAndré Sulpie, où lon a rétrouvé un bestiaire de monstres et des scènes de vie quotidienne.
Nous avons vu aussi la chapelle des Penitents Noirs, construite par la Confrérie des Penitents Noirs de Saint-Croix. Ces moines étaient habillés dun sac en toile noire retenu par une ceinture de lin blanc à laquelle pendait le rosaire. Un exemple de cet habillement était aussi à lintérieur de la chapelle même. Lédifice a une plante à croix grècque; lintérieur, en style baroque, est peint et sculpté.
À Villefranche il y avait le marché, et nous sommes allés le voir, mais nous avions beaucoup denvie de manger, donc nous sommes allés au lycée pour manger quelque chose. Cette fois je nai pas eu le courage de demander comment sappelait ce que je mangeais, je lai mangé.
Dans laprès-midi il y avait au programme la visite de Rodez, le chef-lieu de lAveyron. Nous avons vu lamphitéatre, un centre sportif et culturel très moderne, avec 1500 places, et la cathédrale. Nous navions pas de guide, mais léglise était belle quand même. Lédifice, en grès rose, présente une grande sobrieté à lintérieur, avec de nombreuses chapelles, alors que lextérieur est richement decoré. Puis, nous avons eu deux heures de temps libre, et moi, je suis allé faire un tour dans la ville en cherchant une casquette de la Nike que je nai pas trouvé. À dix-sept heures environ nous sommes partis de Rodez. Arrivé à Villefranche, jétais déjà prêt à jouer avec la Playstation, que Frédéric avait porté chez son père avec le Saturn, la télévision et tous ses jeux vidéo. Mais il ma dit quil devait aller se couper les cheveux. Je pouvais aller avec lui où bien aller faire un tour à Villefranche. Jai choisi la deuxième possibilité, je suis allé jusqu à la gare (où arrivent 16 trains par jour), puis jai trouvé dans un bar deux copines et je suis resté avec elles. À sept heures nous nous sommes retrouvés Place Notre Dame où le père de Frédéric est venu nous chercher. Ce soir, nous devions aller manger chez sa grand mère. Elle habitait dans une maison sur un col près de Villefranche, doù on voyait un panorama très beau de la ville au coucher du soleil. Elle était très sympatique, nous avon parlé des différences entre la France et lItalie (elle préférait lItalie, probablement parce quelle était française), et jai mangé un bifteck terriblement bon, du saucisson, du fromage, du paté, des fraises et beaucoup dautres choses. Quand nous étions en train de terminer, le garçon mystérieux est arrivé et il a mangé quelque chose avec nous. Puis il ma emmené faire un tour avec sa voiture. Moi, jétais devant, à côté de lui; derrière, il y avait Frédéric et un chien qui ma léché la tête pendant tout le voyage. Nous sommes allés dans le centre de la ville, puis nous avons fait une promenade avec le chien à laérodrome, dans les prés. Enfin nous sommes allés au Calvaire, une petite eglise en ruine sur un mont, avec une grande croix illuminée que javais toujours vue au centre du ciel sans que javais jamais compris où elle se trouvait. Il y avait une splendide vue nocturne de Villefranche, avec les lumières des rues qui se refletaient dans le fleuve et leglise de Notre Dame éclairée. Nous sommes rentrés par une rue qui était très étroite et surtout qui nétait pas asphaltée. "Tes fatigué?" "Oui, je suis très fatigué".
Vendredi 11 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui, merci". Le vendredi, le programme était daller à Conques et à Décazeville.
À Conques, un guide un peu trop éloquent nous a parlé de lhistoire de la ville et des monuments quelle contient. Cette petite ville, joyau du patrimoine européen, a été fondée au Moyen-Age sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Cest une oeuvre capitale de lart roman, qui parvient ici à son apogée. Vers la fin du VIII siècle leremite Dodin choisit ce site en forme de coquille pour se retirer dans la solitude (et en effet on peut le comprendre, cest un lieu merveilleux). On peut y admirer une église abbatiale de style roman (XI XII siècles) avec 250 chapiteaux sculptés, un groupe de sculptures représentant lAnnonciation, des grilles en fer forgé et des peintures murales. Sur la façade occidentale il y a un splendide tympan avec 124 personnages (et on nous les a expliqués tous, donc je ne men souviens aucun) sur le sujet du Jugement Dernier. À lintérieur on est un peu étonnés par des vitraux modernes, de Pierre Soulages, qui changent de couleur selon lintensité de la lumière, mais en effet ils produisent une lumière très belle. En sortant de léglise, nous sommes allés dans le cloître, realisé tout autour dun bassin en serpentine, et ensuite nous avons vu le trésor de Sainte Foy. Cest un merveilleux trésor dorfèvrerie médiévale, dune richesse inestimable. La meilleure pièce du trésor est la majesté de Sainte Foy, chef-doeuvre dorfèvrerie de lépoque, lunique majesté réliquaire de lOccident médiéval qui soit ancore parfaitement conservée. Dautres pièces du trésor sont le "A" de Charlemagne (qui lavait donné à labbaye de Conques pour lui témoigner sa préference) et le reliquaire de Pépin (une merveille dorfèvrerie et la plus vieille pièce du trésor).
Après avoir vu ce trésor, nous sommes allés à lhôtel de ville, où le maire nous a parlé du Centre Européen dArt et de la Civilisation Médievale qui a été bâti à Conques et nous a donné de délicieux bonbons nommés conquises. Nous avons dîné devant le car avec les sandwiches que nos correspondants nous avaient donné. Jai donné mon Mars à Enrico.
Dans laprès-midi nous sommes allés à Décazeville, une ville célèbre pour lexploitation du charbon à ciel ouvert. Nous avons marché autour dune mine sous un soleil saharien (et je ne savais pas pourquoi le charbon ne prenait pas feu), nous sommes passés entre dimpressionnants Caterpillars et nous sommes allés au musée de la mine dAubin, lun des plus complets sur le monde de la mine. Il y avait un cheminement souterain réconstitué par danciens mineurs, à la fin duquel on pouvait assister à lexplosion du grisou (naturellement cétait une simulation, et on le voyait). Nous avons vu aussi un vieux film sur la conditions des mineurs.
Au rétour nous avons été réçus au lycée par le proviseur et par les professeurs, puis je suis rétourné à la maison de Frédéric. Nous avons passé la dernière soirée tous ensemble, dans un restaurant. Moi, jétais vraiment très fatigué, donc je ne suis pas allé en discothèque avec mes copains et Frédéric; son ami ma ammené à la maison, et je suis allé soudain me coucher. "Tes fatigué?" "Oui, je suis vraiment très fatigué".
Samedi 12 Avril
"Tas bien dormi?" "Oui". Comme ce matin il fallait prendre toutes mes choses et préparer la valise, Frédéric ne ma pas reveillé à sept heures moins le quart, comme dabitude, mais à sept heures vingt. Quand je me suis levé, jai trouvé Filippo qui jouait avec la Playstation de Frédéric. Il était tard, donc il a fallu que jentasse mes vêtements dans la valise avec une certaine force. Heureusement, je nai pas cassé le Nescafé. Frédéric ma donné quelques sandwiches, deux Mars (que jai donnés à Enrico), quelque chose à boire pour le voyage, deux boîtes de pâté et trois saucissons exagérément bons. Nous nous sommes salués, tous pleuraient, je suis monté sur le car et nous sommes partis. Seulement après le départ je me suis rendu compte que jétais en train de rentrer à Sarzana, où jai toujours été et où je serais toujours, et que jétais en train de quitter une ville française où je ne reviendrai peut-être jamais plus et toutes ces choses. Jai regardé pour la dernière fois ce panorama, puis le car est parti. Pendant le voyage beaucoup de monde sest endormi, mais moi, jai resisté.
Après deux heures de voyage nous sommes arrivés à Carcassonne. Nous avons fait un tour dans la ville, nous avons mangé une crêpe avec la Nutella (made in Italy) et nous avons acheté une épée médiévale en plastique avec laquelle entreprendre un combat entre nous. Et nous sommes rentrés dans le car. À la frontière, à 18 heures, nous avons changé de chauffeur: lautre, qui sappelait Dante, a conduit assez bien, après quil a appris la fonction de la friction.
Nous avons passé le péage de Sarzana, nous sommes arrivés devant le lycée et chacun est rentré chez soi. "Sei stanco?" "Sì, un po".
Lexpérience du jumelage a étée vraiment fantastique. Je nai eu aucun problème, mon correspondant était un peu taciturne, mais cétait un bon garçon; ses parents et tous les autres garçons étaient très sympatiques. Jai pu connaître des jeunes de mon âge qui vivent à 1000 kilomètres de moi avec mes mêmes intérêts, pensées, problèmes, désirs, espoirs, goûts. Leurs structures sont peut-être meilleures (les écoles, mais aussi les musées, les autoroutes ), mais nous avons dautres qualités. La région est vraiment belle, plus riche dintérêts que je ne croyais, pleine doeuvres dart et de merveilles de la nature. Et surtout je me suis extraordinairement amusé. Enfin, ce ne sera pas une chose si originale, mais je pense que ce voyage restera une expérience inoubliable.
Fin
Alessandro Gilardi
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